Chapitre 8 : Embrasement.

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Chapitre 8.2 : Embrasement.

               Oubliant toute retenue, Julia se mit à courir, les graviers de la cour s'enfonçant grossièrement dans ses chaussures à talons hauts. Elle poussa férocement la porte de l'office, pénétrant dans un nuage de fumée gris qui lui coupa la respiration. Toussant rudement, elle continua à courir, se dirigeant vers la porte des quartiers des hommes. Tambourinant violemment sur cette dernière, elle la tira de toutes ses forces, sachant pourtant qu'elle ne céderait pas et qu'elle serait fermée à clé.

— Hé ! Il y a le feu ! Sortez ! Sortez !

La porte s'ouvrit violemment, révélant un Henri en chemise de nuit, les cheveux ébouriffés, complètement déboussolé et confus.

— Henri ! Henri, il y a le feu dans les quartiers des femmes ! Faites sortir tout le monde et venez m'aider !

Sans attendre la réaction du majordome, Julia courut dans les quartiers des femmes, ouvrant la porte à la volée et entrant presque en collision avec trois femmes de cuisine, dont Hortense Lemaire, en panique, les yeux écarquillés de peur, toussant face à la fumée de plus en plus dense s'échappant du couloir des femmes.

— Sortez ! Il y a le feu ! Sortez toutes ! Le feu ! hurla à nouveau Julia, ses paroles perdant leurs sens.

Julia courut dans tout le couloir, ouvrant les portes à la volée, criant, vérifiant que toutes les femmes étaient sorties, et si ce n'était pas le cas, les réveillant ou les sortant de leur lit. Elle gifla celles qui étaient pétrifiées de terreur et ne bougeaient plus.

Plus elle approchait de la fin de l'immense couloir, plus ses mains lui brûlaient à chaque poignée de porte. Elle pouvait voir le feu se propager devant ses yeux, englobant toute la fin du couloir sur au moins six portes différentes.

— Sophie ! Victoire ! hurla Julia en direction de la fin du couloir, toussant de nouveau brusquement, ne parvenant plus très bien à respirer.

— Sophie !

— Mademoiselle Leclaircie ! cria Sophie, très loin derrière elle, à l'embranchement de l'un des deux couloirs. Je suis là ! Victoire aussi !

Se retournant, Julia vit apparaître Sophie au bout du couloir, les yeux écarquillés de peur, de la suie partout sur le visage. Elle toussait, ses mots étaient hachés :

— Vous avez... Vous avez évacué tout le monde. Venez ! déclara-t-elle, tendant une main pour qu'elle l'attrape.

Julia passa son coude sur son nez et courut vers Sophie qui l'imita et passa également son coude sur son nez. La gouvernante saisit la main de Sophie Renard, et les deux femmes coururent le plus vite possible jusqu'à la sortie du dortoir des femmes. Une fois dans la salle principale de l'office, la fumée était beaucoup plus supportable, et Julia pouvait mieux voir. Il n'y avait plus personne. En sortant rapidement dehors, Julia toussa, complètement désorientée.

— Julia !

Relevant la tête et lâchant la main de Sophie qui était prise d'une crise de toux sévère, elle aperçue Henri s'approchant d'elle. Il posa une main sur son épaule, le visage empreint d'une terreur vive.

— Vous allez bien !

— Ne vous occupez pas de moi ! Tout le monde... Julia toussa de nouveau rudement, la faisant se courber vers l'avant.

Elle sentit Henri poser son autre main sur son autre épaule pour la soutenir.

— Tout le monde est là ?!

— Oui, Julia. Oui, tout le monde est là, vous avez évacué toutes les femmes et j'ai fais sortir les hommes. Tout va bien. Reposez vous... tenta de la calmer Henri.

Révérences et Révoltes : Amour PartagéWhere stories live. Discover now