Chapitre 14 : Détermination.

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Chapitre 14.1 : Détermination.

            Alors qu'Henri restait debout au milieu de la cour, observant les étoiles après l'annonce qu'il avait fait du départ de Mademoiselle Lambert, il repensa à la matinée mouvementé.

Ce matin, après le petit déjeuner, Julia avait immédiatement demandé une audience auprès de Monsieur le Duc avec Mademoiselle Lambert. Henri avait également été appelé, et la jeune gouvernante avait tout raconté à son seigneur qui était devenu rouge de colère, tandis que Pauline devenait complètement blanche, sur le point de s'évanouir.

Elle n'avait presque pas osé ouvrir la bouche, s'exprimant que très partiellement, et ne s'excusant pas pour autant. Elle était restée plantée là, et Henri avait presque eu pitié d'elle. Finalement, après cette affreuse scène, elle avait été remerciée, bien évidemment sans lettre de recommandation. Elle aurait certainement beaucoup de mal à retrouver du travail après avoir été renvoyée d'une maison telle que Chantilly. Mais elle l'avait bien cherché, se disait Henri.

Elle avait fait ses valises et elle était partie, comme une voleuse, ne disant au revoir à personne bien entendu. Et voilà, c'était ça. Dix ans de service loyal, et elle était partie, les employés heureux de son départ, sans remerciements ni rien.

Soudainement, Henri sentit deux bras se serrer autour de sa taille et une tête se poser entre ses omoplates. Il sourit, soupirant dans la nuit, la buée sortant de sa bouche. Le parfum de Julia envahit ses sens, et un frisson de désir et d'amour le parcourut. Il posa ses mains sur celles de la jeune femme. Ses mains si petites, si douces.

— À quoi penses tu, Henri ? chuchota-t-elle.

Le jeune homme prit une inspiration :

— À Pauline...

Tournant la tête vers Julia, il vit son regard surpris. Elle desserra ses bras pour mieux le voir. Henri se tourna entièrement vers Julia et lui sourit, elle était tellement belle, ses beaux cheveux blonds volant autour d'elle.

— Je ne remets pas en cause la gravité de ses actes. L'incendie c'était... c'est impardonnable. Elle aurait pu blesser des gens... Elise aurait pu mourir. Ou toi, tu aurais pu mourir.

Julia hocha la tête, confuse.

— Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de penser que cela faisait dix ans qu'elle travaillait ici. Son travail était très apprécié, satisfaisant, et on lui avait confié la charge de s'occuper de Madame La Duchesse alors que ce n'était pas dans ses fonctions. Elle disait que c'était un honneur pour elle... Et la voilà partie. Sans aucune recommandation, sans aucun remerciement pour sa loyauté.

La jeune gouvernante hocha de nouveau la tête, semblant maintenant comprendre ses tourments.

— Je comprends ta confusion, Henri... Tu es très attaché à ce genre de valeurs : au travail acharné et surtout à la loyauté. Mais, ce qu'a fait cette femme est impardonnable comme tu l'as si bien dit. Dix ans de loyauté et de bon service ne sont pas des excuses pour mettre la vie d'autres personnes en danger par simple jalousie ou désir d'ambition...

— Tu as raison. Pardonne moi.

Henri attrapa les mains de Julia et les embrassa, fermant les yeux et les gardant près de son nez.

— Imagine que demain, j'ai un coup de folie et que je brûle la chambre de Bellamy. Les De Villiers me vireraient comme ça aussi, tu crois ?

— C'est donc ça qui t'inquiète, sourit Julia.

Elle entoura ses bras autour du cou d'Henri et le regarda dans les yeux.

— Je ne sais pas si les De Villiers te vireraient aussi facilement, mais mets toi à leur place. Qu'aurais tu fait, si l'un de tes employés, le plus fidèle qui soit, mettait en danger ta vie ou celle des autres soudainement ?

Révérences et Révoltes : Amour PartagéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant