Chapitre 3 : Complexité.

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Chapitre 3.3 : Complexité.

          — Mademoiselle Leclaircie? Julia, préparant en réalité son départ avec les autres domestiques, se tourna vers Monsieur De Villiers, qui l'avait interpellée.

— Avant que vous descendiez, j'aimerais vous présenter personnellement à la Duchesse et au futur Duc de Chantilly.

La jeune gouvernante suivit le duc vers l'arrière de la salle, où les deux autres membres de la famille étaient restés légèrement en retrait. Lorsqu'ils arrivèrent à leur niveau, Julia crut à une hallucination. Comment avait elle pu passer à côté de cela lorsqu'il s'était présenté à elle la veille, elle qui connaissait parfaitement l'histoire du château de Chantilly ? Elle l'avait pris pour un domestique dans sa tenue d'équitation boueuse.

— Voici la duchesse Marianne De Villiers, présenta sobrement le maître des lieux, faisant un geste rapide vers sa femme qui s'avança et sourit à Julia. Elle tendit une main vers la jeune femme, qu'elle s'empressa de saisir avec surprise qu'une duchesse se présente ainsi à une simple gouvernante. Pourtant, bien que le geste semblât anodin, Julia ressentit une sorte d'électricité tendue la traverser. Son visage était souriant, mais ses yeux, pour une raison obscure, disaient tout autre chose.

Mais elle n'eut pas le temps de se concentrer sur cette tension posant de nouveau les yeux sur Charles. Monsieur Charles... l'homme charmant de la veille était le fils De Villiers.

— Et Monsieur Charles, prochain duc de Chantilly.

Dans un élan surprenant, le jeune homme prit la main de Julia et la lui embrassa, comme si elle était une vraie dame. Ses joues rosirent, tout comme lorsque le majordome avait effectué le même geste. Était ce courant d'agir ainsi dans cette maison ?

Quand le jeune De Villiers se redressa, lâchant délicatement sa main, elle croisa son regard. Il lui souriait, les yeux bleus brillants, les cheveux tout aussi en bataille que la veille. Elle se demandait maintenant ce qui avait pu tant contrarier un futur duc d'une maison si grande. Elle n'avait pas insisté lorsqu'elle avait vu cette larme couler sur sa joue, mais la curiosité la taraudait maintenant.

Un certain silence s'installa dans le hall, pendant lequel elle put sentir les yeux de la famille sur elle.

— Puis-je disposer? demanda timidement la jeune femme.

— Oh, oui bien sûr, sembla soudainement se réveiller le duc de Chantilly. La porte de l'office est juste ici, indiqua-t-il, montrant une porte en bois dans le fond droit du hall, et elle hocha la tête. Vous retrouverez Monsieur Deveau en bas.

— Bien. Merci, monsieur le duc, Julia hocha la tête envers Marianne et Charles De Villiers, puis se dirigea vers la fameuse porte. Elle l'ouvrit, la refermant rapidement derrière elle, posant sa tête dessus, soupirant. Toute cette anxiété... C'était trop pour elle. Et ce n'était pas fini pour la journée.

— Comment vous sentez vous ?

Julia sursauta, pivotant rapidement sur elle-même, son cœur battant violemment dans sa poitrine. Mais était ce vraiment dû à la surprise ?

— Monsieur Deveau, veuillez m'excuser. Cette journée est particulièrement stressante.

La gouvernante grimaça intérieurement. Premier jour et elle confessait déjà à son supérieur qu'elle était sujette à l'anxiété. Pourtant, sa prestance et son regard la troublaient d'une manière singulière.

— Je vous en prie, Mademoiselle Leclaircie, sourit gentiment le jeune homme. Je vous attendais pour vous présenter au personnel. Ensuite, je vous ferai faire un tour des lieux et je vous expliquerai le fonctionnement de cette demeure.

Révérences et Révoltes : Amour PartagéWhere stories live. Discover now