Chapitre 11 : Regrets.

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Chapitre 11.2 : Regrets.

            — Mais, il ne va tout de même pas vous chassez !

Un silence pesant s'instaura, Julia se levant de la chaise en face du bureau d'Henri avec véhémence.

— Du calme, Julia, tenta Henri de la raisonner, se levant également pour la rejoindre au centre de la pièce.

— Du calme ?! Vous me demandez de me calmer ?! s'exclama Julia en faisant les cent pas dans la pièce.

Henri l'observa, le cœur alourdi par sa récente conversation avec Monsieur le Duc la veille, mais allégé par la réaction de Julia. Si elle réagissait ainsi, cela signifiait il qu'il comptait véritablement pour elle ? Il esquissa un sourire triste, la suivant des yeux alors qu'elle semblait presque théâtrale, sa magnifique nouvelle robe bleue, offerte par Eléonore De Villiers, virevoltant, des mèches blondes s'éparpillant dans tous les sens, comme à son habitude.

— Dire que je l'ai défendu l'autre soir. Je pensais réellement qu'il regrettait ses paroles. Qu'il était un homme bien, qui avait de la considération et du respect pour ses employés, surtout pour les plus loyaux comme vous !

— Julia... Julia ! Calmez vous ! Si je pars, je vous emmène, sourit Henri en stabilisant la jeune femme par les bras, la regardant avec amour, ce qui sembla la calmer immédiatement.

— Mademoiselle Leclaircie a raison...

Henri tourna son regard vers la porte avec stupeur, Monsieur le Duc se tenant dans l'embrasure, les observant avec une nostalgie à peine dissimulée. Le majordome s'écarta légèrement de Julia, son regard passant rapidement sur elle, découvrant une expression tout aussi choquée que la sienne sur son visage. Ses joues avaient légèrement rougi, sachant maintenant que Monsieur le Duc avait entendu tout ce qu'elle avait pu dire à son sujet.

— Puis-je m'entretenir avec vous, Henri ? Juste quelques minutes ?

Embarrassé, son visage se refermant tout de même, Henri hocha lentement la tête.

— Bien... Veuillez m'excuser, parla timidement Julia, baissant la tête avant de se diriger vers la porte.

Henri laissa son bras glisser le long du sien, l'observant quitter la pièce en silence en contournant Monsieur le Duc, qui ne sembla pas insensible au geste intime posé par le majordome sur la gouvernante. La porte du bureau d'Henri se referma derrière eux, instaurant un long silence, les deux hommes se tenant face à face, chacun à une extrémité de la pièce.

— Henri... Je suis venu m'excuser.

Le cœur du jeune homme bondit immédiatement, entendant les paroles de son maître. Il ne pensait plus qu'Edouard De Villiers pourrait reconnaître ses torts.

— J'ai mal agi. Je n'aurais pas dû divulguer votre vie privée à qui que ce soit, et je m'en excuse. Il est tout à fait normal que vous ayez mal réagi, et vous aviez raison de me dire ce que vous m'avez dit hier.

La colère d'Henri s'estompa soudainement, ses poings gantés se desserrant immédiatement. Tout le désespoir, mais surtout la déception qu'il avait ressentie, prenait soudainement un sens. Si un homme tel qu'Edouard De Villiers, duc de Chantilly, possédant plus de la moitié des terres de la ville, venait s'excuser auprès de lui, c'est qu'il avait eu raison depuis le début de ressentir tout cela. Edouard De Villiers n'avait jamais été seulement son maître ou la personne qui l'employait, il était son ami. Un ami peu conventionnel, et jamais ce terme ne serait un jour prononcé par quelqu'un d'autre pour les désigner, mais c'était ainsi.

— J'ai compris votre colère, et vous n'avez rien à vous reprocher, Henri. Vous avez servi notre famille toute votre vie, tout comme votre père, avec brio et une loyauté sans faille. Ce n'était pas correct de ma part de vous mettre au pied du mur et d'user de ma supériorité sociale pour vous mettre à genoux.

Révérences et Révoltes : Amour PartagéWhere stories live. Discover now