Les Louboutin sont les meilleures amies de la femme [ EN PAUSE]

9

Alix détacha très vite son regard du paysage qui défilait à toute allure derrière la vitre. Elle se concentra sur Nina qui restait droite, les mains sagement posées sur ses jambes. Un silence de plomb régnait en maître dans la voiture, un silence affreusement gênant.

— Et sinon Alix quoi de beau depuis tout ce temps ?

Le silence était peut-être mieux que d'entendre Jayden après tout...

— Rien, répliqua-t-elle sèchement.

— Tu as fini par trouver un emploi après ton Master ?

— Mon dieu c'est vrai que ça fait un an que je réussis à t'éviter !

 Un sourire se dessina sur le visage de Jayden.

— Un an ! C'est fou, non ? s'émerveilla-t-il. Oui, tu sortais tout juste de ton Master de Lettres quand...

— Quand on a rompu, acheva-t-elle.

Il y eut un silence électrisant, comme le calme avant la tempête. Nina observa discrètement le visage décomposé de Jayden et celui courroucé d'Alix.

— Et là tu réapparais comme une fleur, enfin si l'on peut dire, parce que tu as quand même manqué de nous tuer !

— C'était pour créer un effet de surprise, se défendit-il.

— J'ai failli avoir un infarctus...

— Je pensais que tu aurais grandi et qu'on aurait tourné la page tous les deux, mais ça ne semble pas être le cas, répondit Jayden, froissé.

— Est-ce que t'es sérieux ? J'ai pas grandi ?

Alix serra les dents en pensant aux différentes façons d'assassiner Jayden. Une kalachnikov ? Non, trop rapide. Lui faire bouffer des cobras vivants un par un ? Non, il est lui même un serpent, donc ce serait du cannibalisme. Soudain le point faible de Jayden Gindley sembla être une évidence.

— Tu peux mettre la radio Jayden ? demanda-t-elle avec un ton autoritaire.

— C'est drôle t'as toujours préféré écouter la musique en voiture plutôt que de me parler, lança-t-il, piqué au vif.

— Va savoir pourquoi !

C'était gagné ! Il tirait une tête phénoménale. Sa mâchoire carrée se dessinait davantage sous la pression de ses dents. Ses yeux se plissaient et ses mains se resserraient sur le volant.

Jayden attendit une bonne poignée de secondes avant de tourner l'énorme bouton de la radio à contre-coeur. Du classique commença d'émaner de l'appareil, suivit d'un râle de Nina qui avait horreur de ce type de musique. Jayden augmenta exprès le volume en lançant un regard dans le rétroviseur. Nina ne se retint pas de lui jeter un regard haineux. Aussitôt que Jayden fixa la route, Alix se décala légèrement vers Nina.

— Mais pourquoi t'as accepté qu'il nous y conduise ? fulmina-t-elle à voix basse.

Leur conversation était perdue sous le flot de violon dont abusait le musicien.

— J'ai une excuse, une bonne.

— Ouais, t'as intérêt d'avoir une excuse de malade mentale là !

Alix la toisa avec intensité. Nina tira une nouvelle fois sur les manches de son sweat-shirt et croisa les bras. On aurait dit qu'elle était sur le point de dire quelque chose d'impossible à avouer.

— J'ai une envie furieuse de pisser, voilà. Il m'a quand même foutu la trouille avec ses conneries ton chéri...

— C'est pas mon...