Chapitre 17 - "Tu te souviens"

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Chapitre 17. - "Tu te souviens"

1942, Grande Rafle, Allemagne

La main effleura ses côtes et il gémit sous son toucher, s'arquant à la recherche de plus de contacts. Mais Lucifer était un sadique qui aimait prendre son temps, le faire languir. Il souffla son nom tout près de son oreille; il crut fondre. Il n'était plus qu'une masse gémissante de plaisir, totalement soumise aux mains expertes de son petit-ami.

-S'il te plaît..., supplia-t-il d'une voix rauque.

Ses yeux s'étrécirent, voilés par le désir. Les lèvres de Luci se posèrent lentement sur les siennes, l'embrassant avec une rare passion, une passion qui lui était réservée juste à lui. Sa main descendit le long de son torse, suivant la ligne de fins poils conduisant à son aine. Il se mordit la lèvre inférieure quand Lucifer empoigna son sexe tendue à sa base. Il siffla bruyamment entre ses lèvres, le souffle coupé.

-Je veux être en toi, gronda la voix de Lucifer, le faisant frissonner des pieds à la tête.

Ethan ne répondit pas, haletant à la place. Lucifer toucha son intimité et il en ressentit des vibrations jusqu'au fond de mon âme. Ses poings serrèrent les draps du lit simple.

C'est alors qu'un cri retentit dans le quartier, les faisant se figer tous les deux.

-Ils sont là! Ils sont là! Cachez-vous, fuyez!

Lucifer se redressa, toujours en califourchon sur Ethan, sourcils froncés.

-C'était la voix de Vince, non?

Ethan, blême, hocha lentement la tête.

-Viens, rhabille-toi, on doit te cacher, vite!

Lucifer le libéra et il se dépêcha de descendre du lit simple. Il enfila ses pantalons, puis son chandail en laine où était cousu sur son cœur une étoile dorée.

-Dépêche, faut sortir d'ici!

-Ça va, je suis habillé!

Lucifer l'attrapa par le bras et le tira brusquement en direction de la sortie. Ils passèrent devant une fenêtre : des soldats de la milice allemande visitaient maison après maison du quartier, embarquant avec eux tous les juifs sur lesquels ils pouvaient mettre la main. Ethan vit Vince frapper un soldat au visage et un autre à l'entrejambe avant d'être maîtrisé par un troisième, puis emmener il-ne-savait-trop-où. Debout au centre de la place publique, un capitaine Allemand qui semblait boiter un peu de la jambe hurler des ordres. Un frisson parcourut Ethan qui réalisa que cela devait bien faire une trentaine de secondes qu'il était figé devant la fenêtre. Lucifer le poussa plus fermement.

Au même moment, ils entendirent cogner à la porte.

-Ouvrez! Tonna une voix étouffé par le bois de ladite porte.

Ethan sentit les battements de son cœur s'accélérer. Un éclair de panique traversa son regard. Lucifer ouvrit la porte d'un placard et le poussa rapidement à l'intérieur. Son dos heurta le mur, mais il se força à garder le silence.

-Ouvrez ou j'enfonce! Cria une nouvelle fois la voix.

-Oui, juste une seconde! Fit Lucifer.

Il replaça ses cheveux, s'assura que le placard était bien fermé et ouvrit la porte, l'entrebâillant tout juste.

-Bonjour, monsieur, nous avons des raisons de croire qu'un juif pourrait se cacher chez-vous.

-Ah, oui? Non, je ne pense pas. J'ai laissé la porte fermée toute la nuit.

-Il serait préférable de nous laisser vérifier tout de même.

-Ah, je...

Nous allons entrer et fouiller la maison, monsieur. Si vous n'avez rien à cacher, il ne devrait pas y avoir de problème. Lucifer serra la main sur la poignée, crispé. Devant la menace de la crosse du fusil du garde il fut forcé de s'écarter pour laisser trois hommes en uniforme pénétrer chez-lui.

-Restez-la, monsieur, nous n'en aurons que pour quelques minutes.

Lucifer força son pouls à se calmer et ses lèvres à former un sourire. Les homme montèrent à l'étage, fouillèrent sa chambre, ouvrirent toutes les portes et cherchèrent dans les moindres recoins. Finalement, ils revinrent à l'entrée.

-Monsieur, toutes nos excuses, il semblerait que nous nous soyons trompé. Le signalement a dû être une erreur.

Au même moment, Ethan recula dans la pénombre du placard pour éviter qu'on ne le voit entre les fentes de la porte. Dans le noir, il ne vit pas la paire de bottes derrière lui, il s'enfargea dedans et s'écrasa de tout son long sur le sol poussiéreux, accrochant divers objets dans sa chute.

-Qu'est-ce que c'était que ça? Demanda le garde qui avait cogné.

-Sûrement un rat, proposa Lucifer en haussant les épaules.

Le garde n'était cependant pas dupe.

-Non, c'était plus que ça.

Ethan cessa de respirer. Il savait avoir fait une gaffe. Il retint son souffle, ne bougeant plus un seul muscle.

Soudainement, la porte du placard bougea. Elle s'ouvrit d'un coup!

-Il est là, les gars! Cria le garde.

Aussitôt, Ethan fut empoigné. Il tenta de se débattre du mieux qu'il put et Lucifer essaya de l'aider, mais contre trois soldats entraînés armés jusqu'aux dents, ils ne faisaient pas le poids. Il se fit sortir de la maison par deux gardes, pendant que le troisième retenait Lucifer qui le frappait. Il le frappa jusqu'à ce que la silhouette d'Ethan disparaisse dans l'obscurité pour partir quelque part où il ne le retrouverait plus jamais.

Lucifer hurla, tombant à genoux.

Non!

Pas encore!

Ils le lui arrachaient une nouvelle fois!

Une larme glissa sur sa joue. Ils allaient le lui payer! Il en faisait la promesse.

Un peu plus loin, un coup de feu retentit et le cri d'Ethan déchira la nuit.


Il cria. Ethan ouvrit brusquement les yeux. Il rêvait. Tout cela avait été un rêve. Qu'un putain de rêve. Il soupira de soulagement. Sa respiration était haletante, saccadée. Et un regard doré était posé sur lui, juste au-dessus de lui. Il calma les battements furieux de son cœur, tout en réalisant que Jason l'observait avec un mélange de satisfaction et d'inquiétude. Sa voix grave aux accents rauques se répercuta jusqu'au plus profond de lui.

-Tu ne peux plus me mentir, dit-il, tu criais dans ton sommeil. Je sais que tu te souviens.

Ethan se figea.  

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