Chapitre 5 - Partie II

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Roxane


Le vent froid de la nuit me lacère le visage. Je m'emmitoufle un peu plus dans mon trench et l'écho de mes talons sur le bitume glacé résonne entre les buildings. Ébranlée par ma crise, je reste plongée dans une profonde stupeur. Les yeux perdus dans le vide, mes jambes me guident mécaniquement jusqu'à la bouche de métro la plus proche. Je ne réalise même pas que j'ai emprunté une petite ruelle sombre et peu engageante pour rejoindre Columbus Avenue.

Le vent, pris au piège dans cet étroit couloir, hurle et me bouscule un peu plus tout en faisant virevolter mes cheveux autour de moi. Lorsque je reviens peu à peu à la réalité, mes sens se remettent presque aussitôt en alerte. Cette ruelle m'inquiète et mon cœur s'accélère au fur et à mesure que je m'enfonce dans la noirceur de ce corridor sans fin. Au loin, le bruit d'un moteur de voiture qui démarre en trombe me parvient en écho. Je marche à pas comptés quand soudain, mon cœur fait un bond. Je m'immobilise quelques courts instants, bien assez pour détecter une présence dans mon dos. Je fais alors volte-face et un petit cri de surprise s'échappe de ma gorge, sans que je puisse l'en empêcher. Un frisson de terreur parcourt l'intégralité de mon corps quand un homme à visage découvert pointe son revolver à quelques centimètres de mon visage.

— Salut, ma jolie. C'est risqué de s'aventurer seule dans les ruelles sombres à cette heure-ci... On ne te l'a jamais dit ?

Tels deux loups en chasse, ses deux complices passent derrière moi et m'encerclent, si bien que je n'ai plus aucune échappatoire. Je leur jette un regard furtif ; l'un d'eux tient une barre en acier, l'autre un couteau à cran d'arrêt. Mon cœur bat à toute vitesse, je suis figée par la peur. Je prends une profonde inspiration comme pour essayer de conserver le peu de calme qu'il me reste et faire face à l'homme au revolver. Il me bouscule alors abruptement le bras. Je titube.

— Aller, file-moi ton sac, ton portable, tes bijoux. File-moi tout ce que tu as.

Je m'exécute en tremblant. L'individu à ma droite frappe la paume de sa main avec sa barre d'acier, je n'ose plus lever les yeux vers leur visage. Je remets tout ce que j'ai de valeur à l'homme au revolver et il abaisse alors lentement son arme en hochant la tête.

— C'est tout ?!

Je reste immobile et inspire profondément avant de répondre, avec un résidu d'aplomb.

— C'est tout ce que j'ai sur moi. Laissez-moi partir maintenant.

De nouveau, il dodeline de la tête avant de confier mon portefeuille, mon portable et mes bijoux à l'un de ses compagnons.

— Tout ce que tu as ? Vraiment ?

Tout se passe si vite que je n'ai pas le temps de réfléchir. Son deuxième complice me saisit les bras et me précipite contre le mur. Pendant une fraction de seconde, je me vois morte. L'adrénaline guide alors mes mouvements, je crie, je hurle, j'appelle à l'aide et me débats sans relâche. Lorsque je sens la lame glacée d'un couteau se poser sur ma joue, je défaille. Son complice profite de mon moment de faiblesse pour s'empresser de relever ma robe de soirée. Je suis épuisée, à bout de force, ma voix déraille à force d'appeler au secours.

Soudain, une lueur d'espoir ; je parviens à dégager l'un de mes bras et assène un coup de poing à mon agresseur. Il recule d'un pas, j'en profite pour envoyer un coup de pied bien placé à l'autre homme qui me maintient toujours. Je fais un pas, puis un autre, je me décolle du mur. Je suis prête à courir, je m'élance quand une masse gigantesque fond sur moi et me donne un violent coup de genou au ventre. J'ai le souffle coupé, je tombe à terre. Malgré la douleur, je tente de m'enfuir en rampant le plus vite possible. Peine perdue. On m'attrape par les jambes sous des cris furibonds qui ordonnent qu'on me fasse taire, lorsque...

Le Dernier Vol des Oiseaux de Sang | TERMINÉEWhere stories live. Discover now