Chapitre 18 - Partie II

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Shane


Les cris des mouettes se mêlent au clapotis de l'eau et le soleil couchant, qui se reflète sur la baie du port, donnerait presque l'impression d'être en été. Pourtant le froid s'immisce encore sous mon manteau et me fait frissonner. Où serait-ce plutôt l'effet de l'inquiétude qui monte en moi à chaque minute qui passe ?

Cela fait presque une heure que j'ai quitté Roxane et que je cherche à comprendre pourquoi Robin tient tant à me voir aujourd'hui. J'ai la gorge sèche et l'esprit embrumé. Le mauvais pressentiment qui alerte ma conscience depuis plusieurs minutes ne cesse de se généraliser, à mesure que je m'approche du hangar.

Après m'être assuré de ne pas avoir été suivi, je prends une profonde inspiration et m'engouffre à l'intérieur du bâtiment de taule. La lourde porte se referme derrière moi, congédiant ainsi le doux soleil de la fin du jour et me laissant avancer à tâtons jusqu'au rideau à lanières. Seuls les battements de mon cœur résonnent à mes oreilles tandis que mes pas me guident au cœur du grand espace désert. Je déglutis nerveusement ; le canapé de Robin est vide et il n'y a aucune trace de lui nulle part. Je me stoppe net et reste un instant immobile avant de me rendre à l'évidence ; mes craintes se confirment peu à peu. Je ne devrais pas être ici, je le sens.

— Te voilà, enfin.

Je sursaute et me retourne pour me retrouver nez à nez avec Finn. Ce dernier vient d'entrer dans le hangar, suivi de près par deux autres types que je connais à peine. Des hommes de tailles moyennes qui, à côté de sa masse corporelle, ressemblent davantage à des gnomes qu'à de fiers membres d'un gang. Néanmoins, mes yeux glissent avec appréhension sur la barre de fer que l'un d'eux tient entre ses doigts fermes. Instinctivement, je recule d'un pas et plonge les mains dans les poches de mon manteau, pour dissimuler mes poings serrés par la colère de me sentir piégé. Le molosse s'approche encore un peu et commence à tourner autour de moi en me détaillant de la tête aux pieds, d'un regard suintant le poison de la vengeance.

— À ce que je vois, tu es toujours aussi élégant.

— À ce que je vois, tu es toujours aussi abruti.

Les deux sbires se jettent un rapide coup d'œil dubitatif tandis que Finn se place devant moi, la mâchoire serrée. Je lui fais face, tête haute, sans jamais détourner mon regard de ses pupilles de poisson amorphe et inexpressif. Il sourit patiemment, cherchant vainement la faille au fond de moi. Je sais que je n'ai pas le droit à l'erreur ; je ne ferai pas le poids, désarmé et seul, face à un homme de sa corpulence en pleine possession de ses moyens. Alors je reste droit, inébranlable, bluffant ma supériorité dans ce duel interminable. Finalement, il détourne le regard et finit par articuler :

— Ne parle pas trop vite, Shane. Qui est venu se jeter dans la gueule du loup, comme ça, sans réfléchir ?

— J'ai pas le temps pour tes conneries, Finn.

Ce dernier se recule d'un pas et récupère la barre de fer que son comparse lui tend en s'exclamant :

— Ça va, détends-toi ! Après tout, on est entre nous, entre amis...

Soudain, les deux gnomes s'emparent chacun de mes bras et me maintiennent fermement face au molosse.

— Qu'est-ce que vous... Lâchez-moi !

— Tu pensais nous quitter déjà ? Non... On a quelques comptes à régler toi et moi, tu te souviens ? J'ai pas oublié tes petites menaces de l'autre soir, au Nest.

Le Dernier Vol des Oiseaux de Sang | TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant