dix neuf

695 64 4
                                    

- j'en ai marre ! Je ne vois clairement pas l'intérêt de ce mariage, si je ne peux plus toucher ma femme au risque qu'elle ne soit malencontreusement piqué par le moustique ''grossesse''!!

- très drôle! Si seulement tu comprenais que..

- Anna j'en ai assez. Je t'aime de tout mon coeur, mais cette situation est clairement invivable. Je ne vais pas continuer de te supplier toute ma vie,alors que tu trouves des choses plus importantes que ta vie de couple.

- Kris, mais comprends moi un peu là ! Je ne suis pas prête ! Pas du tout! Je ne vais pas te pondre des enfants à volonté alors que j'ai un travail qui m'attend!

- c'est bien ce que je dis. Tout est plus important que moi, dans ta vie. Et moi, quand est ce que tu vas me comprendre? Bref...

Il fixa Anna avec un air de lassitude profonde. C'en était visiblement trop. Il saturait de cette même conversation pénible. Empoignant sa serviette d'un geste rageur, il entra dans la salle de bain tandis qu'Anna se brossait les cheveux devant sa coiffeuse. Il était si profondément déçu qu'il en vint à se demander ce qui l'avait motivé au début dans ce mariage. Anna n'était certainement pas la femme qu'il avait épousé. Elle était devenue sarcastique et indifférente. Et c'était bien cette indifférence qui aurait raison de leur mariage. Il ne pouvait tout simplement plus continuer comme ça.

- je crois bien que nous avons épuiser nos possibilités. Annonça-t-il au sortir de la salle de bain, alors qu'elle s'appliquait à se maquiller.

- qu'est ce que ça veut dire ça au juste?

- je pense qu'il vaudrait mieux que je m'en aille.

Elle se figea un moment, et planta ses iris bleus dans les siens. Il évita son regard et commença à s'habiller.

- mais enfin Kris, c'est stu..

- tu peux bien penser ce que tu veux..

- tu veux dire que tu veux me quitter, c'est ça ?

- je veux dire qu'il faut que nous prenions nos distances. 

- mais enfin tu ne vois pas que cette situation est grotesque ?

- ce qui est surtout grotesque, c'est que je n'arrive même plus à te regarder dans les yeux. Tu es devenue tellement égoïste et froide que tu ne te rends même plus compte de ce qui se passe autour de toi. Je ne vais pas continuer comme ça, moi. Cette relation n'a plus aucun sens, et je ne vois vraiment pas l'intérêt de continuer cette mascarade.

Il  ajusta les manches de sa chemise, passa une main dans ses cheveux histoire de les coiffer et pris possession de ses clés de voitures.

- je viendrai chercher mes affaires ce soir. Je ne crois pas que tu seras rentrée, puisque ton travail t'occupe tant. Bonne journée.

Sur quoi, il partit sans se retourner. Anna resta un instant pantoise, les fesses figées dans le fauteuil de la coiffeuse. Elle n'y croyait pas. Kris, voulait la quitter? Mais...mais qu'avait-elle fait ?

****

Lewis avait quitté l'hôpital pour emménager directement chez les Gillian avec son fils. Et y avait pas à dire, c'était une sacrée maison qu'ils avaient, si on pouvait appeler cela comme ça. Elle avait eu droit à la plus grande des chambres pour pouvoir dormir avec son bébé sans être encombrée. Et jusque là, elle s'y plaisait, même si les premiers jours avec Josh avaient été éprouvants. Elle n'échangerait jamais sa place avec qui que ce soit, surtout devant l'attitude des parents de Kyle.

Jill était vraiment quelqu'un d'incroyable. Dévouée et généreuse. Elle passait beaucoup de temps à parler avec celle qui l'avait déjà adoptée en belle-fille. Et même s'il était beaucoup moins présent à cause de son travail, Floyd était aussi merveilleux que sa femme. Et il fallait le dire, elle ne s'ennuyait jamais. Elle commençait à comprendre pourquoi Irma s'acharnait autant à entrer dans cette famille. Les Gillian étaient riches, affreusement riches même. Assez pour épargner n'importe qui d'un minable poste de rédactrice intérimaire pour le pire des torchons people jamais en vente à LA. Et oui, elle avait fait des recherches sur sa ''rivale''. Et ce qu'elle avait découvert était quand même assez grisant, même pour elle. Irma n'était pas la bourgeoise des beaux quartier qu'elle paraissait être. Il lui fallait juste trouver pourquoi elle comptait autant sur un mariage avec Kyle, pour régler ses problèmes.

Kyle. C'était bien entendu ce à quoi elle se permettait le moins de penser à dernièrement. Après le baiser de l'hôpital, il n'avait pas fui. Chose déjà incroyable quand on voyait comment il avait réagi la première fois. Pire encore. Il l'avait de nouveau embrassée. Avec une ferveur et  une passion dédoublée. Mais la non plus n'était le problème. Le problème, c'était ce que ce baiser avait provoqué. Elle avait eu envie de lui. De Kyle. C'était trop. Depuis, elle ne pouvait même pas le regarder trente secondes dans les yeux sans rougir comme une gamine. Sans parler des loopings que faisaient son coeur dès qu'il s'approchait d'un peu trop près. Elle avait des bouffées de chaleur rien qu'en humant son odeur. Ce que ça pouvait être exaspérant! C'était trop de souffrances pour un minable baiser voyons. Et encore, aurait-il fallu qu'il ait réellement été minable. Heureusement qu'a cause de ses horaires à l'hôpital, ils ne se croisaient pas souvent. Autrement dit, elle n'avait pas l'occasion de lui sauter dessus. Parce que bien malgré elle, c'est ce à quoi elle pensait dès qu'ils se trouvaient dix minutes dans la même pièce. Dieu merci, elle arrivait à contenir ses ardeurs. Mais pour combien de temps?

****

Molly trouva Lewis sur la terrasse de sa chambre, un livre sur la poitrine, toute somnolente. Elle appréciait elle aussi le naturel et la spontanéité de la jeune femme. De plus elle lui faisait vraiment tourner la tête à Kyle, dans tous les sens, chose qui lui faisait penser qu'elle pouvait être tout simplement parfaite pour lui.

Josh venait de s'endormir après une longue bataille contre le sommeil, et si Lewis n'avait pas reçu de visites, de sa sœur qui plus est, elle lui aurait permis à elle aussi de se reposer.
Elle lui tapota doucement l'épaule puis attendit qu'elle émerge de sa minute de sommeil pour l'informer du fait que sa soeur était là et désirait lui parler. Ni une ni deux, elle se leva. Vida son verre de jus de raison et demanda avec un grand sourire à Molly de la faire entrer.

Anna paraissait soucieuse. Et même si elle essayait de le cacher en détournant un peu trop souvent le sujet sur Josh, il n'y avait pas l'ombre d'un doute en tout cas sur son état d'esprit. Lewis préféra attendre qu'elle-même crache le morceau, car à en juger par son maquillage refait, ses yeux assez bouffis et son regard fuyant, elle en avait besoin. Mais c'était mal connaître Anna. Elle ne lui dirait jamais rien comme ça. Elle y alla donc direct, sans gants ni pincettes.

- tu vas me dire à la fin pourquoi tu tires une tronche pareille?

Anna se raidit davantage, avant de réprimer un douloureux sanglot. Hum, ça devait être grave.

- Kris a quitté la maison. Hier soir. Il est parti avec toutes ses affaires. Et..je n'ai même pas pu lui dire au revoir parce que je n'étais pas là.

La douche froide. Lewis en avait écarquillé les yeux de surprise et d'horreur, pendant que sa soeur lui racontait cette histoire abracadabrante, il fallait le dire.

- Anna... Fit-elle dans un murmure en serrant fort sa soeur dans ses bras.

Elle pleura ainsi une bonne dizaine de minute, non sans se lamenter sur comment résoudre le problème. Elle était indubitablement amoureuse de Kris, jamais elle ne se résignerait à le perdre.

- Anna. Il faut reconnaître aussi que sur ce coup là. Tu as été exemplaire. Franchement.. Lui dire comme ça que tu ne voulais pas d'enfants à cause de ton travail.. Ça passe pour affreusement cruel vêt égoïste.

- je sais, je sais tout ça ! Mais je ne peux vraiment pas faire autrement. Je suis occupée là, je n'aurai même pas une minute à moi encore plus si je tombe enceinte. Comment est ce que je m'en occuperai?

- c'est justement ça le problème. La volonté. J'imagine très bien Kris attendre tout le temps qu'il faut pour peu que tu le veuilles. Là c'est carrément frustrant, ta réaction.

- Lewis, j'ai besoin d'autre chose que de me faire remonter les bretelles là..

- hum.. Je vais lui parler ne t'inquiète pas. Il ne peut pas partir comme ça lui aussi. Et sèche moi ces larmes. Ça te rend affreuse.

Elles partirent d'un rire qui devint vite gras et Lewis s'évertua par la suite de la rassurer. 

Unexpected LoveWhere stories live. Discover now