Unexpected Love

trente-cinq

Plus que quelques semaines avant le mariage. Jill et Pola étaient tombées d'accord pour que la cérémonie se tienne au réveillon du nouvel an. Ça serait tout simplement parfait. Quoi de mieux que de commencer l'année avec un mariage? Et un mariage de cette envergure! Parce qu'un Gillian qui se mariait, ce n'était pas rien tout de même. Ça leur laissait en tout et pour tout dix neuf jours pour organiser ce qui partait pour être le mariage de l'année. Jill était surexcitée! On aurait dit qu'elle s'en allait à la conquête du monde. Même ses disputes incessantes avec Pola semblait ne plus avoir d'incidence sur son humeur. Ce qui arrangeait la jeune femme, il fallait le dire. Elle n'aimait pas les voir tout le temps sur le pied de guerre, prêtes à s'étriper pour un rien.

Pola au contraire prenait assez bien les choses. Elle trouvait certes que Jill avait une vision beaucoup trop ''bourge'' et conventionnelle du mariage, mais elle avait de bonnes idées dans l'ensemble. Elle avait quand même réussi à leur libérer la salle la plus grande et la mieux décorée de toute la ville en à peine trente minutes, et par téléphone qui plus est. Inutile de préciser en plus que la salle était prise et réservée depuis bien des mois auparavant. Sur le coup, Pola en avait été scotchée. Non vraiment, mieux valait l'avoir dans son équipe celle-là.

Cependant, s'il y avait bien un point sur lequel elles n'arrivaient pas à être d'accord, et ne le seraient sans doute jamais, c'était sur le choix des fleurs, et par dessus tout, sur la robe de mariée. Jill voulait des roses corail et blanches, ça encore c'était pardonnable. Mais pour Pola, tant qu'à y avoir des roses, mieux valait qu'elles soient rouges. Et encore! Elle préférait largement des tulipes, ou des lys. C'était bien plus festif que de simples roses, trop conventionnelles pour elle, voilà ! Quant à la robe, c'était difficile. Anna et Lewis devenait souvent vite arbitres entre les deux femmes. Jill n'avait définitivement aucun goût dans ce domaine là c'était évident. Mais qui portait encore des épaulettes dans cette vie? Et encore..sur une robe de mariée ! Fallait pas pousser!

Pola avait cru faire un infarctus lorsqu'elle avait proposé à sa nièce de porter la robe qu'elle avait elle-même mise à son mariage. Trente ans plutôt. Ça oui, c'était impardonnable. Et puis quoi encore! Elle pouvait bien être belle dans son temps, mais ce n'était plus le cas aujourd'hui.. Vraiment ! Sauf que Lewis ne voulait pas la contrarier. Ce qui fait que c'est elle qui avait été obligée de remettre tout de suite les pendules à l'heure. Lewis ne porterait pas ce tutu de grandma pour le ''mariage du siècle'', il en était absolument hors de question. Il n'en n'avait pas fallu plus, pour que les hostilités reprennent. Ainsi donc, au jour d'aujourd'hui rien n'allait plus; entre les deux femmes, les disputes étaient réparties de plus belle. Le moindre prétexte suffisait pour relancer une joute verbale qui n'en finissait vraiment jamais. Elles se détestaient cordialement, voilà tout!

Lewis poussa la porte du boudoir de Jill, les mains chargées de café, de moelleux au chocolat et autres friandises, histoire de gonfler le moral des troupes. Ça ferait bientôt cinq heures que toutes les quatre, elles avaient investi la pièce pour enfin finaliser les détails pour les fleurs, les invitations qui avaient presque toutes été envoyées, les plans de tables, et le prêtre. Après elles reparleraient de cette satanée robe. Pour l'heure, elles passeraient d'abord tous le reste en revenus.

Elle déposa les victuailles sur une table un peu en retrait et tendit à Jill et à sa tante une tasse fumante de café. Anna, gourmande, s'empara immédiatement d'un moelleux avec un bonheur qu'elle n'arriva pas à dissimuler, ce qui fit sourire la jeune femme.

- alors? On est toutes d'accord pour les fleurs? S'enquit-elle pour sa tante.

- eh bien..pourquoi pas. Ça me semble être un juste milieu. Je pense que les roses blanches et les lys seront parfaits pour le thème ''tout en blanc''.  Répondit Pola, qui rongeait quand même son frein.