trente-trois

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Pola commençait à étouffer dans le vaste salon multicolore des Gillian. Elle avait les fesses nonchalamment posées sur un sofa de velours d'un bleu-roi majestueux et bien trop confortable. Cela ne l'empêcha pas de se tenir droite comme un i. Elle jeta un autre regard circulaire dans la pièce climatisée à souhait dans laquelle elle se trouvait. De hautes tentures bleu ciel et blanches ornaient les murs. Une vaste bibliothèque accaparait tout un mur juste à sa gauche, elle imaginait aisément qu'il s'agissaient d'œuvres originales. En face d'elle, une grande baie vitrée laissait entrevoir le soleil bientôt déclinant qui déjà jetait des reflets rougeoyants sur une piscine qu'on aurait bien pu qualifier d'Olympique. La décoration de la pièce semblait axée sur le bleu ciel, aussi était-elle simple et pourtant très sophistiquée. Il y avait par contre très peu d'œuvres d'art, à l'exception de ce magnifique Goya qui occupait à lui seul tout un pan du mur de droite. Évidemment il y avait un bar entièrement vitré, très bien fourni aussi, d'où on avait sorti d'ailleurs l'excellente bouteille de vin blanc que depuis elle sirotait lentement. Il fallait préciser qu'elle supportait difficilement l'alcool.

D'accord peut-être que tout avait été fait pour qu'elle soit un minimum à l'aise, mais n'empêche qu'elle n'arrivait pas à l'être pour autant. Elle ne pouvait tout simplement pas se détendre. Et ces deux paires d'yeux  incessamment fixés sur elle ne l'y aidait pas vraiment.

Ça devait faire deux heures désormais qu'elle avait l'impression d'être comme un gorille dans un zoo. Observée jusque dans sa manière de hausser les sourcils tant elle était exaspérée. Ils étaient attentifs au moindre de ses faits et gestes, suivaient son regard partout où il se posait, bref ils ne la quittaient pas des yeux. Il n'y avait pas à dire, les Gillian devaient être des givrés de première pour agir d'une telle façon. Encore heureux qu'ils lui aient permis d'attendre Lewis dans leur salon, autrement elle aurait débarqué comme une furie chez Anna.  À vrai dire, ils devaient être en train de se demander qui était cette femme aux étonnants cheveux rouge qui ressemblait tant à Lewis. Et surtout, d'où est ce qu'elle venait.

- alors, Pola c'est bien ça.. Entreprit Floyd sur ses gardes.

- oui, c'est ça.

- vous... Vous êtes la tante de Lewis, c'est bien ça?

- c'est ça.

- et pourquoi on ne vous a jamais rencontrée avant? S'enquit Jill à brûle-pourpoint

- peut-être parce que je ne connaissais pas non plus votre existence? Fit-elle avec un sourire contrit.

Elle regretta tout de suite le ton plutôt sarcastique employé, et se força à sourire à ces deux étranges spécimens.

- non je veux dire..je ne savais pas que Lewis s'était...heu..mariée.

- ah bon? C'est étrange ça ! Comment c'est possible ?

- je vis en Australie, Jill.

L'intéressée se mit à rougir bien malgré elle. Ce qu'elle pouvait l'énerver celle-là ! Elle ne voulait surtout pas admettre qu'en réalité elle se sentait intimidée. Il fallait dire que jamais elle n'aurait cru rencontrer une femme pareille. Aussi sûr d'elle et directe à la fois. Elle avait ce regard qui lui donnait des frissons, l'air de dire qu'elle pouvait aisément deviner le moindre de vos secrets, pour peu que vous ne les lui confessiez vous-même. Et c'est bien ce qui l'agaçait le plus. Mais qui était cette femme, bon Dieu?

- c'est un pays magnifique j'imagine. Fit-elle en lui tendant un sourire crispé.

- oui c'est vrai.. C'est assez différent de ce qu'on peut imaginer en temps normal. Il y a beaucoup moins de chèvres et de verdure que ce je croyais en m'y installant.

Unexpected LoveWhere stories live. Discover now