Face cachée (terminée)

22. Quand le passé refait surface

Je n'avais parlé de ma rencontre de ce midi à personne. On avait passé l'après-midi à courir les magasins parisiens, pour le plus grand bonheur de ma tante et de Julie, qui avait acheté une tonne de vêtements.

Nous étions rentrées épuisées. On s'installa dans le canapé, mais tandis que Julie et ma tante débattais à propos des nouvelles tendances, mon téléphone sonna. L'appel était masqué.

Cependant, je savais très bien qui essayait de me joindre. Pour la première fois, je lui avais posé un lapin. Pour la première fois je n'étais pas tombée dans son jeu. J'espérais ne pas me perdre à nouveaux dans ce cercle vicieux qu'il avait instauré par le passé. Peu à peu je perdis le fil de la conversation, et me laissait envahir par les souvenirs.

C'était vendredi midi, je sortais du lycée. Je devais retrouver ma tante pour le déjeuner. Au loin, j'aperçu Mathias, en bonne compagnie. Lorsqu'il me vit, il afficha un sourire étrange sur son visage. Les deux filles avec qui il discutait se retournèrent et me détaillèrent d'un regard mauvais.

Je commençais à avoir l'habitude au bout de 3 mois de relation, c'était tout le temps le même petit jeu. Le petit groupe continuait de me regarder tandis que j'avançais vers eux. Lorsque j'arrivais à leur hauteur, je saluais ces filles d'un simple "salut", tandis que j'embrassais mon copain. Il passa sa main sur mes hanches. Puis il leur signalait qu'elles pouvaient partir, ce qu'elles firent, non sans souffler d'exaspération.

- Tu montes poupée ?

- Il faut que j'y aille, j'ai rendez-vous avec ma tante.

- Mais je t'ai préparé une surprise !

A son regard de chien battu, je ne résistais jamais. Alors j'enfilais le casque qu'il me tendait et montais sur sa moto.

On roula longtemps, mais le temps filait si vite avec lui, alors peu m'importait. Du moment que j'étais avec lui j'étais prête à aller n'importe où.

Ce week-end-là, avait été l'un des meilleurs moments de notre relation. Il avait tout préparé. Il m'avait emmené dans la maison secondaire de ses parents, loin de tout. Il avait emmené tout ce qu'il fallait pour que ce soit romantique : Champagne, chocolat, rose.... Il avait sorti le grand jeu.

En revenant de ce week-end, improvisé pour ma part, j'avais eu pas mal d'ennuis car je n'avais pas eu le temps de prévenir mes parents. J'avais seulement décommandé au dernier moment le déjeuner avec ma tante.

C'est quelques temps après ce week-end que tout a commencé à se dégrader. Mathias devenait de plus en plus distant, ce qui me faisait perdre confiance en lui et en notre amour. Par la suite j'ai commencé à perdre confiance en moi, surtout lorsqu'il faisait passer toutes ces poufs qu'ils côtoyaient avant moi. Je n'étais plus qu'un élément secondaire de sa vie. Cela a duré quelques temps. J'avais alors voulu le quitter une première fois, car oui ce n'était que le début du long calvaire qu'il m'a fait vivre. Mais à l'époque, je l'aimais encore de tout mon être et il avait trouvé le moyen de me redonner confiance et espoir en nous.

Alors qu'un samedi soir, nous ne pouvions pas nous voir (ou qu'il ne voulait pas me voir, tout simplement) j'étais sortie avec mes amies. Nous devions retrouver un groupe de garçons dans une boîte branchée. Tout se déroulait très bien, jusqu'à ce que j'aperçoive Mathias sur la piste de danse. Nous étions dans le carré VIP et donc légèrement en hauteur par rapport à la piste de danse. De là où j'étais, je pouvais l'observer en toute discrétion. Il était accompagné par deux filles, jusque-là, rien d'étonnant. Je l'observais danser tout contre ses filles. Ils frottaient leurs corps les uns contre les autres.

Voir cette image me dégoûtait. Certes, je savais qu'il fréquentait des filles, ça je l'avais toujours su, mais je ne savais pas jusqu'où ils allaient. A vrai dire je ne m'étais jamais posé la question, car j'avais confiance en lui. Et plus que jamais, je regrettais de n'avoir jamais posé la question. Cette question qui m'obsédait désormais...