26. Mathias

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Mathias se tient juste en face de moi.

Je suis pétrifiée à sa vue. Je laisse juste échapper un "C'est lui" entre mes dents pour qu'Hugo comprenne. Il voit que je fixe quelqu'un, puis il le voit se rapprocher. Mathias ne le regarde pas, il ne lâche pas mon regard, comme pour ne pas que je m'enfuis. Il continuer d'avancer dans notre direction en se frayant un chemin entre les passants. Je sens Hugo se tendre à côté de moi.

Il ne sait rien de lui, mais il va bientôt comprendre qui il est.

Il se poste juste devant nous, son sourire mauvais toujours collé à ses lèvres. Cette scène semble tellement irréaliste.

- Bonjour Nora, dit-il sans lâcher mon regard.

- Que veux-tu, Mathias ?

Prononcer son nom me dégoûte.

- Toujours te voir, ma poupée. Pourquoi n'est tu pas venu me retrouver hier ?

- Toujours pareil mon chéri. Ton reflet me donne envie de vomir.

- Ah ah ah, ce n'est pas ce que tu disais hier... Ajoute-t-il en me faisant un clin d'œil, puis il se tourne vers Hugo : je ne crois pas que nous ayons été présenté.

Il lui tend sa main, toujours avec son sourire plaqué sur le visage.

- Hugo, répondit-il en lui serrant la main qu'il tendait.

Cette vision me fait froid dans le dos... Voir Hugo, ce garçon que j'apprécie tellement mais avec qui je ne peux être à cause d'une peste serrer la main de mon pire cauchemar....

- Mathias, enchanté de te rencontrer Hugo. Tu vas trouver ça amusant, mais Nora ne m'a jamais parler de toi. Qui es tu ?

Son air arrogant me répugne.

- Ta gueule Mathias, lançais-je exaspérée.

Hugo rigole d'un rire grave, viril qui me redonne un peu de courage.

- C'est drôle en effet, rigole-t-il, car je ne sais pas le moins du monde qui tu es, et il continue à rigoler et me regarde de son regard bienveillant.

Mathias change de visage.

- Tu crois que tu es toujours le centre de mon monde chéri ? Ajoutais-je, appuyant bien sûr ce dernier mot et satisfaite de sa réaction

*

Hugo n'avait pas parler sur le chemin du retour. Cette entrevue avec Mathias m'avait beaucoup secouée, même si j'avais apprécié la façon dont Hugo avait réagi face à lui. Je ne sais pas pourquoi, mais je sentais que toute cette histoire n'était pas encore terminée.

- Tu veux en parler ? Demanda-t-il avant d'entrer dans le hall d'immeuble de ma tante. 

Non. Non, je n'ai pas envie de parler de Mathias ni de ce qui est arrivé. Mais après ce qu'il a fait pour moi, ne mérite-t-il pas de savoir ?

- Mathias est mon ex petit amis, dis-je, il n'y a rien à dire de plus.

- Et qu'est-ce qu'il te voulait ? Il te court encore après ? Pourquoi il te parle comme si tu lui appartenais ? Et pourquoi tu ne m'as jamais parlé de lui ?

- Il est lui-même, que veux-tu que je te dise ? C'est qu'un connard arrogant. Et je ne vois pas en quoi j'aurais dû t'en parler.

- Hmm... Je t'ai parlé de mon passé, je me suis ouvert à toi et... Je me suis rendu compte qu'en fait j'en savais peu sur toi. Donc j'aurais aimé que tu te confies à moi...

- Il représente une partie de ma vie dont je n'ai pas envie de parler avec toi, Hugo.

Mon ton est froid et cassant, mais il ne s'en formalise pas. Il n'insiste pas plus. Nous rentrons donc retrouver ma tante et Julie. Elles ont toutes les deux l'air sur un petit nuage. La soirée se déroule dans le calme mais je ne cesse de repenser à ce qu'il s'est passé plus tôt dans la soirée. Il faut du courage pour faire face à Mathias, et pour m'avoir raconté son passé. Hugo mérite surement d'en savoir plus sur moi. Le seul problème est que je n'en ai jamais parlé à personne. Pas même à mes parents qui ont vu tous les dégâts qu'il a provoqué chez moi en direct. Ni même à mes amies, desquels je me suis coupé, ni même à Julie, qui elle aussi c'est confié à moi et qui mérite également de savoir. Je sais qu'ici, à l'intérieur de cet appartement je suis en sécurité, entourée de personnes que j'aime et qui ne me veulent que du bien. Depuis tous ce temps, peut-être qu'il serait bien que je parle de cette histoire...

- Je...

Toute les têtes jusqu'alors rivés sur la télé se tourne vers moi. Je commence à paniquer, je ne sais pas par où commencer.

- Je vais me faire un thé ! Quelqu'un en veut ?

Je me défile finalement... Je suis bien trop lâche comparé aux personnes que j'aime. Je ne les mérite pas... Pourquoi suis-je aussi peureuse ? Qu'est-ce que je risque ? Certes, j'ai extrêmement peur de leur réaction, même si ma tante connait une partie de l'histoire, elle ne sait pas tout et elle est très protectrice envers moi. Je sais qu'elle serait capable de le poursuivre dans tout Paris. Julie se dirait peut-être que je ne suis qu'une chochotte, après tout elle a vécu pire et elle s'en ait plutôt bien sortie... Quant à Hugo, je ne sais pas comment il va réagir... Je sais qu'il faut que je prenne mon courage à deux mains...

Je reviens dans le salon. Tout le monde me regarde étonné, étant donné que j'ai mis beaucoup de temps à sortir de la cuisine. J'allais commencer à parler mais...

- Tu veux de l'aide ma chérie ? Me demande ma tante.

Je la regarde sans comprendre avant qu'elle n'ajoute : Pour apporter les thés non ?

Oh les thés ! Je les avais complètement oubliés dans la cuisine. Quelle cruche ! Je reviens donc quelques minutes plus tard avec les tasses fumantes sur un plateau. Je décide de couper la télé, pour avoir leur entière attention, mais aussi pour m'obliger à leur parler. Je ne veux pas me défiler encore une fois.

- Oh mais tu as coupé au moment où ils allaient enfin s'embrasser ! Se plaint ma tante.

- Désolée tatie, je crois que je suis prête à vous parler de quelque chose d'important, dis-je doucement.

Je vois leur regard se croiser d'incompréhension.

- Mathias, finis-je par dire pour éclairer leur chandelle.

Je vois Hugo fais une grimace (deux fois en une journée dis donc !).

- Je sais que vous vous posez des questions sur ce sujet, que cette période-là de ma vie reste un peu flou. Alors je vais faire court. Si je vous en parle aujourd'hui, c'est que je suis prête et c'est grâce à vous. Vous avez été si courageux en vous confiant à moi que je me sens obligé de faire pareil, dis-je en me tournant vers Julie et Hugo.

-Ne te sens pas obligé Nora, ça ne sert à rien de te mettre la pression, me dis doucement Julie en me prenant dans ses bras, je me suis confiée à toi car j'en ai ressentis le besoin, et ça fait vraiment du bien. Je me sens mieux maintenant, je suis sûre que ce sera ton cas aussi.

Je vois bien qu'Hugo ne tient plus en place. Je me rassois confortablement et prend la tasse de thé chaud dans mes mains. Que la soirée confidence commence...

Face cachée (terminée) Where stories live. Discover now