Jour 2

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Le monstre s'approchait. Je l'entendais humer l'air à la recherche de mon odeur. Puis d'un coup, il fut devant moi. Je sentis son corps m'écraser, me coupant la respiration. Son visage ressemblait à celui d'un orque tout droit sortit du Seigneur des Anneaux. Il me hurla au visage, sa salive contaminée coulant sur mon menton. Je voulus me défendre mais la peur me paralysait. Je ne pouvais plus bouger malgré tous mes efforts. J'étais figée dans une immobilité parfaitement suicidaire. Il fallait que je bouge. Il allait me tuer. Je vis son visage s'approcher de mon coup et il me mordit violemment. La douleur se propagea dans tout mon corps, en un sursaut qui fit trembler tous mes membres. Je hurlais. Je vis sa main munie de longs ongles, tels des griffes, s'abattre sur moi. Tout devint noir.

  Je me réveillais en sursaut, haletante. Ce n'était qu'un rêve, juste un mauvais rêve. Qui paraissait pourtant si réel. J'étais pleine de sueur. Apparemment les nuits agitées, ce n'était pas mon truc. Pour une fois, je me rappelais parfaitement de mon rêve. Je passait une main dans mes cheveux emmêlés et poisseux. Une douleur vive me fit tourner la tête, et j'aperçus l'horrible morsure. Je comprenais mieux pourquoi je me souvenais si bien de mon rêve. Ce n'était pas vraiment un rêve. Ni vraiment un souvenir. Juste un douloureux rappel de la réalité.  Je jetais un coup d'œil à ma blessure. Je ne trouvais qu'un mot, un mot parfaitement adapté pour la décrire. Répugnante. Mes veines avaient grossies, ressortant le long de mon bras en grosses lignes bordeaux et violettes.

Je me levais doucement, et décidais de nettoyer la morsure, espérant stupidement que cela stopperait l'infection. Après avoir fait couler de l'eau fraîche dessus, je ne pouvais pas faire grand chose d'autre, j'enroulais un linge à peu près propre sur mon bras. C'était plus pour l'enlever de ma vue que pour la protéger, je l'avoue. Mon estomac gronda. Je n'avais rien avalé depuis hier midi. Je partais donc dans le cellier, une petite pièce de ma cave, remplie de nourriture. Enfin plus tant que ça. Les réserves de gâteaux secs et de sucreries avaient été épuisées en 1 mois.

  C'est fou comme le sucre calmait les instants de panique. Je me souviens encore de la première semaine. J'étais effrayée, certes, mais elle avait été la plus facile. Passé le choc, j'avais encore mon téléphone, du chocolat et même quelques bouteilles d'Orangina. Quel bonheur. Mais je ne pensais pas au long terme. Naïvement, je crus que l'armée et l'Etat trouverait une solution, et que je sortirais rapidement de ma cave. Je comprends maintenant que les gouvernements étaient totalement dépassés. En fait, il n'y avait sûrement plus de gouvernement depuis longtemps.

  Maintenant, il ne me restait plus que les boîtes de conserves que je n'aimais pas, une malheureuse tablette de chocolat et des pâtes. Heureusement qu'il y avait les pâtes. Des tonnes et des tonnes de pâtes. Mes parents étaient vraiment les meilleurs. J'allumais donc le réchaud à gaz, ayant servi pour le camping, et posais une casserole remplie d'eau dessus. Il ne me restait plus qu'une bouteille de gaz, à moitié remplie. Je décidais de bien profiter de mes réserves, car d'ici deux semaines, elles ne serviraient plus à rien. Je fis donc cuire tranquillement mes farfalles, et y ajoutais la dernière boite de sauce tomate. Miam. Quel dommage que le gruyère ai pourrit si vite. Je dégustais lentement mon repas, en essayant de mémoriser chaque bouchée, chaque saveur. Normalement, dans quelques jours, le temps que l'Infection se propage jusqu'à mes intestins, j'y deviendrais intolérante.

    Après mon repas, je décidais de m'essayer à quelques exercices pour trouver les changements effectués dans mon corps pendant la nuit. Je commençais par m'étirer longuement, faisant craquer les articulations. J'avais quelques douleurs, mais elles n'étaient pas différentes de d'habitude. L'exercice physique dans une cave de 10 m², ce n'était pas très productif. Je me créais ensuite un parcours du combattant, enfin plutôt du malade qui sait plus quoi faire de sa vie. J'alignais plusieurs tissus/cordes/outils, enfin tout ce qui me tombait dans les mains, pour créer plusieurs cercles et lignes. Je pris même le temps de faire une ligne d'arrivée. Ce n'est pas comme si j'avais un emploi du temps chargé. J'effectuais donc les exercices, sautant, courant, tournant sur moi-même et même roulant par-terre. De l'extérieur, je devais paraître extrêmement ridicule mais j'avais l'impression de devenir une militaire en formation. J'avais, encore une fois, passé trop de temps devant Koh-Lanta. Mon parcours était terminé, et je n'avais rien remarqué d'anormal. A part le fait que j'étais exténuée. Je bus de longues gorgées d'eau, et me remis aux tests. Il fallait que je teste mes réflexes, et pour cela, j'avais une idée. Le principe était plutôt simple. Je devais lancer une balle de tennis le plus haut possible, fermer les yeux, tourner sur moi-même et les rouvrir puis rattraper la balle. Tout ça avant qu'elle ne touche le sol, bien entendu. Les premiers essais furent assez médiocres. Je me pris plusieurs fois la balle dans la tête, me rappelant les cours de volley de 5e. Mais plus je refaisais l'exercice, plus j'arrivais à anticiper la retombée de la balle. Et malgré le ridicule de la situation, un sentiment de fierté immense me traversait après chaque réussite, qui représentaient de véritables victoires pour moi. Je m'allongeais puis tombais dans les bras de Morphée, le sourire aux lèvres, galvanisée par ma réussite. Ce petit moment de répit et de joie fut comme une délivrance. Mais il ne dura pas bien longtemps.

Je me réveillais en sursaut. Plusieurs bruits réguliers de faisaient entendre, troublant le silence de la maison. Des pas. J'entendais bien des pas. Quelqu'un était entré dans ma maison. Je me mis contre la porte de la cave et tendis l'oreille. L'Infecté devait être dans la cuisine. J'entendis plusieurs placards s'ouvrir, puis le bruit du verre brisé. Puis un autre bruit extrêmement inhabituel, que je reconnaissais sans douter malgré le son étouffé causé par l'épaisseur de la porte. L'Infecté était en train de jurer.

Je me figeais, puis m'éloignais le plus vite possible de la porte. Je trébuchais sur mon matelas de fortune et m'étalais par terre dans un grand bruit. Parfait pour la discrétion. Les pas se précipitèrent, se rapprochant de la cave. Puis le silence régnât de nouveau. Je mis une main sur ma bouche, essayant de respirer le moins fort possible, mon souffle s'accélérant à cause du stress. Le temps s'écoula, sans que le moindre bruit ne vienne trahir le silence, de plus en plus lourd. Peut-être l'Infecté était-il parti ?  Puis tout à coup, un éclat de voix brisa le calme de la maison, et mes certitudes par la même occasion. Quatre petits mots, qui brisèrent toutes mes croyances, et chamboulèrent mes sens. Quatre petits mots murmurés, presque inaudibles, mais pourtant si clairs.

"Il y a quelqu'un ?"

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Heyyyy ! Voilà donc le chapitre 3. Je vous remercie d'avoir lu et de suivre cette histoire ! 123 lecture.... C'est ENORME !!! Je suis trooop contente, merci beaucoup pour votre soutient !

Comme d'hab, j'espère que ça vous a plu, et n'hésitez pas à laisser un petit com', ça fait toujours plaisir.

A samedi prochain (si tout va bien) !

-OKmy-

InfectéeWhere stories live. Discover now