Levi

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Je me réveillais lentement, ayant cette sensation d'avoir trop dormi, celle du dimanche midi, lendemain de soirée, quand je me réveillais à 15h tel l'ado que j'étais. Je m'étirais lentement, puis fronçais les sourcils. Les souvenirs affluèrent en masse, et je me rappelais de la mort, de l'horreur, de l'Apocalypse qui m'entourait. Quel réveil en douceur. Je rabattais violemment mon bras sur le côté, dans le but de flanquer une claque épique à Nathan, mais ma main ne rencontrais que du vide. Nouveau froncement de sourcil. Je me redressais brutalement et scannait la chambre du regard. Mais où ce petit con était-il encore passé ? Quelques appels et farfouillages plus tard, je laçais mes chaussures, et dévalais les escaliers escarpés de notre immeuble. Il aurait bien été capable de partir fumer une clope, débile comme il était. Je sortais lentement dans la rue, tournant ma tête de droite à gauche sans percevoir aucun mouvement.

" Concon ? T'es où ?"

Aucune réponse ne me parvint. Je continuais donc de l'appeler, espérant le voir sortir à chaque coin de rue, l'inquiétude montant pas à pas, compressant ma tête et ma poitrine. Et si ses déblatérations sur le fait de sortir pour de bons étaient sérieuses ? Etait-il assez con pour partir seul, sans armes ni bouffe, et partir explorer une nature remplie de mutants ? Sans moi ? Je continuais de le chercher, d'appeler son nom, encore et encore, pendant que le soleil descendait dans le ciel. Je m'arrêtais alors dans un appart désert, forcé de me cacher pour la nuit.

Deux jours. Ca faisait deux jours que je cherchais ce couillon. Et plus le temps passait, plus la fatalité s'imposait à moi. Soit il était parti sans moi, soit il était parti pour toujours. Et vu qu'il avait laissé toutes ses affaires chez nous, la deuxième option emplissait mon esprit à chaque seconde. A chaque endroit que j'inspectais, je m'attendais à trouver un cadavre. Je ne savais même pas ce que je préférais. Trouver mon meilleur ami mort, ou ne rien trouver du tout ? Parce que ne jamais rien trouver me ferais espérer à chaque seconde qu'il revienne, et j'attendrais probablement inlassablement son retour en ayant la certitude au fond de moi que je n'allais jamais le revoir.

Je continuais à arpenter les rues, las, son nom devenant plus un soupir, une plainte qu'un appel. J'avais presque l'impression d'être déjà en train de faire mon deuil. J'entrais dans ce qui ressemblait à une petite épicerie - même si les dégâts étaient tels qu'elle semblait avoir été bombardé - quand je le vis. Un cadavre, totalement déchiqueté, sanguinolent, et méconnaissable. Un hoquet secoua tout de même mon corps, car son tee-shirt, même déchiré, je le connaissais par coeur. Le tee-shirt de notre premier concert ensemble, de notre premier festival, de notre première soirée, de notre première cuite. Ce tee-shirt qui avait été mis tout un week-end, naissance de notre amitié. Ce tee-shirt bourré de souvenirs, maintenant aussi déchiré que son propriétaire. Je restais là, bloqué devant le corps de mon meilleur ami, figé dans mes souvenirs et mes regrets, incapable de faire le moindre geste, au risque que la réalité me rattrape. Tout me paraissait tellement irréel, même l'Apocalypse. J'avais l'impression que j'allais me réveiller d'un lendemain de soirée aux côtés de mes potes, leur raconter mon rêve de folie et ils se seraient moqués de moi et de mon imagination débordante. J'entendais presque le "Mais c'est qu'il devrait faire des films, le Champi ?" Levi Girolles. Pire nom de famille ever. Du coup dès le premier jour de cours, on m'avait surnommé Champi.

Un grognement lointain interrompit mes pensées, me ramenant brutalement dans le bordel qu'était le monde. Je jetais un dernier regard à ce qui restait de mon meilleur ami et décampais rapidement. Je traversais les rues en courant, bruyamment et totalement à découvert. Comme si j'en avais quelque chose à foutre. Je me sentais vide, tellement vide. Opaque, imperméable, insensible, presque invincible. Je courais, m'aérant l'esprit et le coeur, ce dernier semblant s'être figé dans ma poitrine. J'arrivais à l'immeuble rapidement, trop à mon goût. Je grimpais les marches quatre à quatre et poussais la porte avec violence, la claquant contre le mur dans un bruit sourd. Je fixais le bordel qu'était notre appart'. Notre appart. Je jetais mon sac à terre, rassemblait des affaires, de la bouffe, et le remplissait avec.

Je reclaquais la porte sans un regard en arrière, et sortais de mon immeuble avec précipitation. 

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Hi ! 

Désolée pour le temps que j'ai mis à écrire ce point de vue... J'avais la flemme j'avoue XD. Je sortirais bientôt la suite de cette OS (quand j'aurais la foi mdr)

Bonne année :)

-OKmy-

InfectéeWhere stories live. Discover now