Jour 4 (suite)

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J'avais perdu. Et lamentablement. Donc je râlais, avec toute la mauvaise foi dont je pouvait faire preuve, en accusant Levi de tricherie. Et oui, j'étais extrêmement mauvaise perdante. Levi, lui, s'agitait sur son coussin, me passant ses vieux billets moches sous le nez. Il me cherchait clairement, et ça me faisait enrager. Je déclarais donc avec ma mauvaise foi habituelle :

"- De toute façon, c'est juste un jeu de chance, il n'y a aucun mérite à gagner.

- Alors pourquoi ça t'énerves tant que ça ? demanda-t-il avec son petit sourire provocateur que je lui aurais bien fait ravaler.

- Bon, moi, je vais faire à manger, annonçais-je en me levant."

Bien le changement de sujet. Beaucoup trop brutal pour passer inaperçu, mais apparemment la notion de nourriture était beaucoup plus importante que la victoire aux yeux de Levi. J'inspectais l'étagère en déprimant de plus en plus au fur et à mesure de mon inspection. Des pâtes, des conserves dégueues et probablement périmées, et encore des pâtes. Et malgré mon immense adoration pour les pâtes, je commençais à saturer. Poussant un soupir, j'attrapais un paquet et commençais à préparer le repas. Pâtes et haricots. Super. Vu le regard las de Levi, lui aussi était enchanté.

"- Désolée, c'est pas super original...

- T'inquiètes pas, c'est déjà meilleur que mes barres énergétiques et mon boeuf séché que je mangeais avant d'arriver ici.

- D'ailleurs, tu ne m'as jamais parlé de ce qu'il t'es arrivé avant, remarquais-je, curieuse.

- Y'a pas grand chose à raconter tu sais, me répondit-il. Puis toi non plus.

- C'est vrai. Ca te dit qu'on fasse un question/réponse ?

- Un question/ réponse ?

- Ba en gros je te pose une question, puis tu m'en poses une, ect..

- Si tu veux."

Je commençais donc à lui poser une question tout en servant le repas.

"- Des frères et soeurs ? demandais-je

- Non. Et toi ?

- Un grand frère.

- Quel âge ? enchaîna-t-il

- Tutututut. C'est à moi de poser une question."

Je lui fis les gros yeux et agitais mon doigt, comme une mère grondant son enfant.

"- Ta date de naissance ?

- 21 Juin 2045. Et toi ?

- 14 Juillet 2047. Ta couleur préférée ?

- Waouh ! Quelle originalité ! Et c'est bleu.

- Tu te plains de mon originalité ? Toi qui ne fais que répéter mes questions depuis tout à l'heure ?

- Gnagnagna, ronchonnait-il"

Mais quel gosse. Sérieusement, est-ce que toutes les personnes majeures devenaient aussi stupides ? Ou était-il seulement un cas désespéré ?

"- Du coup il a quel âge ton frère ? enchaînait-il.

- 21 ans."

J'hésitais longtemps à poser la question qui me brûlait les lèvres, puis je me décidais. Après tout, ce n'était pas anormal de demander. Et je mourrais d'envie de savoir, même si j'étais quasiment sûre de connaître la réponse.

"- Tu as encore des proches en vie ?"

Je le vis déglutir lentement, et un éclair de tristesse passa dans ses yeux. Je sus que j'avais touché un point faible. Je regrettais presque d'avoir demandé. Mais je voulais vraiment savoir.

"- Non. Mes parents étaient partis au Vietnam, en voyage. Il ne sont jamais rentrés. Tous mes amis ont disparus, sauf Nathan, mon meilleur ami. On est restés ensemble après l'épidémie, et on a réussi à survivre plutôt longtemps ensemble. On restait planqués, on avait pas mal de provisions, l'électricité et l'eau courante. Puis un jour, il a craqué. Il n'en pouvait plus de rester enfermé et il est sorti pendant que je dormais. J'ai passé deux jours à le retrouver. Deux putains de jours passés à l'appeler dans toutes les rues, à espérer le voir sortir d'un appart' à chaque coin de rue. Je l'ai retrouvé dans un centre commercial. Enfin, j'ai retrouvé ses vêtements. Son corps était déchiqueté, défiguré. Je ne comprends pas comment une personnes, avec une conscience humaine, une raison, puisse se transformer en un monstre capable de bouffer les siens. Franchement ça me dégoute. Je préférerais me tirer une balle que de me transformer en cette merde. Et toi ?

- Tous décédés aussi. Ma famille était aux Etats-Unis, le premier lieu touché. Il ne sont jamais rentrés."

J'avalais difficilement ma salive. Son récit m'avait touché bien plus que je ne laissais paraître. Et son dégoût pour les Infectés me confortait dans mon idée de ne rien lui dire. Car après tout, j'en était une aussi. 


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Voilàààà. Du retard ? Moi ? Non, je ne vois pas du tout de quoi vous parlez....

Désolée pour ce chapitre vraiment court (environ 300 mots de moins que d'hab') mais je commence à en avoir marre d'écrire des dialogues. Et oui et oui, l'action arrive bientôt (ça va commencer à bouger dans le prochain chapitre).

Merci d'avoir lu ! N'hésitez pas à laisser un com' !

-OKmy-




InfectéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant