Jour 8

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Je me réveillais en sursaut, une douleur intense écrasant mon estomac. Je me recroquevillais sur moi-même, incapable de produire le moindre son tant la douleur était intense. Je respirais avec peine, et j'étais tellement contractée que j'avais l'impression que mon buste allait fusionner avec mes cuisses. La contraction se relâcha légèrement et je poussais un gémissement rauque. La douleur semblait s'être propagée dans tout mon être, contractant tous mes muscles, me faisant trembler. D'un coup, tout s'arrêta. Je reprenais prudemment mon souffle, mes muscles se relâchant. Je bougeais avec une précaution extrême, me relevant en position assise puis, après quelques inspirations hasardeuses, je me relevais complètement pour aller me chercher un verre d'eau. Je bus lentement, et mon ventre se mit à gargouiller, me rappelant que je n'avais rien avalé depuis 24h. J'ouvrais un petit paquet de biscuits, et croquais dedans, appréciant la sensation du sucre se propageant sur ma langue et mon palais. Je déglutissais lentement, ma gorge étant encore un peu douloureuse. Je me penchais vers le lavabo pour me resservir un verre d'eau, et voulut me retourner pour m'adosser contre le plan de travail, mais mon verre tomba à terre avant. Je m'écroulais au sol, hurlant de douleur. Le supplice reprenait. La douleur était partout. J'avais l'impression que mes muscles cherchaient à s'échapper de mon corps, en particulier au niveau de mon ventre, que mes tripes se battaient entre elles et que mon oesophage allait exploser. Je gémissais, me tortillant au sol en cherchant une position qui allège ma peine. Tout était flou autour de moi, et j'avais beau avoir conscience de la présence de Levi à mes côtés, j'étais incapable de comprendre la moindre de ses paroles. Je sentis une présence chaude dans ma main, et m'y accrochais désespérément. Je devais apparemment serrer trop fort, car la chaleur disparut quelques instants plus tard, accompagnés de bruits mécontents que j'identifiais comme des jurons. Je me retournais d'un coup, mon dos émettant craquement douloureux, et vomissais mes tripes. Littéralement. Je vomissais du sang, et une matière étrange que je ne préférais pas identifier. Mon corps se tordit violemment, mon buste partant en avant, ma tête en arrière et, brusquement, mon corps se relâcha. Je reprenais mon souffle durement, la respiration sifflante et erratique. Je passais une main sur mon visage, humide de transpiration et de larmes. Je roulais sur le côté et faisais face à un Levi dans un état que je n'avais jamais vu. Il paraissait inquiet, et en même temps terriblement en colère. Il me fixa un long moment sans rien dire, et je pouvais presque l'entendre me hurler dessus. J'attendais le coup d'éclat, qu'il craque, qu'il hurle ou même qu'il fonde en larmes, mais rien. Il me fixait juste, fronçant ses sourcils, et je pouvais presque voir les rouages de son cerveau s'activer à pleine vitesse. Puis d'un coup, ses sourcils se défroncèrent, ses épaules se détendirent et il passa une main sur son visage, affichant une mine lasse et fatiguée.

"- Putain Eline, c'est quoi ce bordel ?"

J'étais surprise. Vraiment surprise. Bien sûr, je m'attendais à une question dans ce genre là, mais pas à ce ton là. Je m'attendais à des cris, de la colère, une dispute. Mais pas à ce ton triste, calme et fatigué. Comme si tout à coup Levi se rendait compte que tout le monde était mort, qu'on était bien deux adolescent paumés qui vivaient dans une cave, qu'on avait plus de parents, plus de famille, plus d'amis et plus de futur. Je relevais les yeux vers lui, et son apparence me frappa. C'était la première fois que je remarquais les cernes violettes sous ses yeux, ses joues creusées par l'absence de repas équilibré depuis trop longtemps - même s'il paraissait avoir repris un peu par rapport au jour de son arrivée - , ses cheveux qui partaient dans tous les sens, son teint pâle qui manquait de soleil rehaussé par l'éclairage blanchâtre de la lampe à LED, qui apportait un support à la lumière naturelle. Je n'avais jamais remarqué ses clavicules qui se dessinaient trop à cause de sa minceur, la largeur de l'encolure de son t-shirt permettant leur apparition, ses mains caleuses et abîmées, remplies de cicatrices, dont les jointures blanchissaient tant elles étaient crispées sur ses cuisses. Et son expression. Surtout son expression. Les sourcils froncés faisant apparaître légèrement les rides du lion, les traits tirés, presque torturés, et le regard - surtout son regard - lasse, fatigué. Pour la première fois depuis que je le connaissais, Levi effaçait sa carapace d'humour pour laisser transparaître son désespoir.

"- Eline ?"

Perdue dans mes observations, j'avais totalement négligé sa question. Comment pouvais-je répondre sans tout lui révéler. Devais-je tout lui révéler ? Je me remmémorais son récit sur la mort de son meilleur ami. Je ne pouvais pas lui dire, où il essayerais de me tuer. Mais s'il restait, c'est moi qui essayerait de le tuer. La seule solution était qu'il parte. Celle que j'aurais dû respecter depuis le début. Si je vomissais autant, c'était probablement que mon corps rejetait la nourriture. Et j'avais faim, de plus en plus faim. Et j'étais sûre que le fait que je trouve Levi de plus en plus attirant depuis quelques heures était tout sauf normal. Je soupirais.

"- Il faut que tu partes.

- Quoi ?

- Il faut que tu partes Levi, répétais-je

- Comment ça "Il faut que tu partes" ? Qu'est-ce que tu racontes ? T'essayes de changer de sujet ?

-  Merde Levi, c'était prévu depuis le début ! Tu devais te barrer quand les Infectés étaient partis et c'est tout. 

- Mais...

- Arrête ! J'ai bien voulu te laisser rester quelques temps mais c'est fini Levi. Faut que tu te barres. J'en ai marre de toi. Alors, tu fais tes affaires et tu vires."

Il me regardais avec un air ahuri et blessé. Je savais que mes paroles étaient blessantes, mais le mettre en colère était la seule solution que j'avais trouvé pour qu'il s'en aille et qu'il oublie ses questions. 

"- Bordel Eline, tu me fais quoi là ? T'es malade ?

- Ouais je suis malade, ça se voit pas ? Et je sais pas ce que c'est , donc tu vas virer bien vite avant qu'on soit deux à crever comme des cons parce que c'était contagieux."

Son regard s'adoucit immédiatement. Et merde.

"- Eline, faut pas que tu t'inquiètes pour moi. Je sais que t'as peur pour moi, mais ça sert à rien d'essayer de me faire partir. Je préfères crever avec toi plutôt que de me transformer en Infecté."

J'aurais presque pu trouver ça attachant, mais la fin de sa phrase me ramena à raison. J'étais en train de me transformer en Infecté. C'était ça la réalité. 

"- Mais merde Levi, arrête ! Le monde tourne pas autour de toi, je m'en fiche de ta vie. Je veux juste que tu vires de chez moi ! C'est tout. Tu croyais quoi ? Qu'on allait finir ensemble, avoir des enfants et une maison, adopter un chien, recoloniser la Terre et sauver le monde ? Qu'on allait sortir, trouver des survivants ? Ou mieux, un vaccin ? On est pas dans un film, c'est pas comme ça que ça se passe. On va tous les deux crever, probablement dans quelques mois. Et je ne veux pas mourir avec toi, ok ? Je préfère crever seule et malade qu'avec toi ! Compris ? Alors casse toi ! Casse toi !


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Hey ! (Il paraît qu'on est dimanche et que je suis en retard, mais je suis sûre que ce n'est qu'une illusion d'optique) XD.

Juste un petit message pour vous dire MERCI ! Je suis rentrée dans le top 50 (#47 dans la catégorie science-fiction) et bordel je suis vraiment trop contente. Je sais pas vraiment comment vous remercier, mais je pensais à faire un truc genre une FAQ sur l'histoire ou je réponds à toutes les questions sans trop spoiler (probablement sur Twitter) ou un truc du style. Dites moi si vous êtes pour, ou si vous avez d'autres idées... 

Enfin bref, merci du fond du coeur <3

A la semaine prochaine, 

-OKmy-

InfectéeWhere stories live. Discover now