Jour 8 (suite)

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J'étais en colère, très en colère. Trop en colère. Je sentais la haine pulser dans mes veines, et je me sentais prête à tuer quelqu'un. Je sentis une main se poser sur la mienne. Je baissais les yeux, et vis une goutte de sang couler le long de mon poignet. J'avais serré mes poings jusqu'au sang. Je relevais la tête vers Levi. Pendant ma tirade, j'avais vu plusieurs expressions traverser son visage. Incompréhension, peine, colère s'étaient relayés, puis tout à coup, son visage s'était illuminé, et il semblait maintenant... serein ?

"- Ecoute moi juste cinq minutes s'il te plaît. Si tu es contre mon idée, je partirais demain à l'aube, ok ? Juste écoute moi."

Je le fixai, ébahie. Encore une réaction totalement improbable. Ce garçon était vraiment un cas à part. Je hochais doucement la tête, ma curiosité piquée au vif. Il prit une grande inspiration et commença à parler.

"- Tu dois te douter que j'ai pas passé 3 mois à errer dans la ville avant d'arriver comme une fleur devant chez toi. Je t'ai déjà raconté pour Nathan, mais... On va dire que j'ai peut-être omis certains détails de l'histoire."

Je haussais les sourcils, impatiente d'en savoir plus, mais je vis à son regard qui évitait le mien et ses mains qui se tordaient dans tous les sens que ce qu'il avait à me dire était important pour lui. Je sentis que cette discussion allait m'apprendre beaucoup.

"- Quand l'épidémie a commencé, j'étais réellement seul avec Nathan. On vivait ensemble, en colloc' dans un appart un peu pourri, dans Lille. C'était vraiment minuscule, mais on s'en foutait parce que c'était à nous. C'était vraiment notre rêve depuis qu'on était gosse, d'habiter ensemble, du coup dès qu'on a eu dix-huit ans on est parti de la maison familiale pour se trouver un truc. On avait passé notre enfance ensemble, on était presque comme deux frères t'sais. Nos parents étaient pas tristes qu'on s'en aille, on avait déménagé vraiment pas loin, puis c'était prévu depuis tellement longtemps."

Je le voyais sourire à l'évocation de ses vieux souvenirs, et un léger sourire pris place sur mon visage. Il était adorable, à rêvasser debout. Puis une lueur nostalgique traversa ses yeux et la réalité me frappa de plein fouet. Ce rêve était fini, Nathan était mort et le monde aussi.

"- Puis y'a eu l'annonce de l'épidémie. Au début on trouvait ça hyper cool, parce qu'on était avachis dans le canap' à bouffer des chips et à s'imaginer être les derniers survivants de la Terre, trouver un antidote, buter des zombies avec des flingues comme dans les jeux vidéos de notre PS9. Puis quand nos familles ont arrêtés de donner des nouvelles, on s'est rendus compte de la merde que c'était. On est restés plusieurs jours planqués à manger les réserves qu'on avait amassé, grâce aux achats compulsifs de Nathan. Dès qu'il y avait une réduction, il achetait sous prétexte que c'était "une super affaire". C'est comme ça qu'on s'était retrouvés avec 25 paquets de prince "parce qu'on avait dix paquets gratuits, t'imagines ?". Comme quoi ça pouvait servir. Après tu connais la suite. Environ deux semaines plus tard, Nathan a pété un câble. Il voulait absolument sortir, je trouvais que c'était une mauvaise idée. Mais il l'a fait quand même."

Sa respiration se cassa à ces mots et une petite larme coula sur sa joue. J'eus brusquement l'envie de l'étreindre et de lui chuchoter des mots rassurants, mais je me retenais. Il fallait que je restes froide, sinon il n'allait jamais partir.

"- Quand je l'ai retrouvé, j'ai... je sais pas. J'étais tellement déboussolé. Je suis rentré chez nous, j'ai pris un sac à dos, je l'ai remplis d'un maximum de trucs pis je me suis cassé. C'était débile comme réaction, je m'en rendais compte. Mais je sais pas, j'avais l'impression que ça servait plus à rien de se cacher, de vivre. Fin je veux dire, j'avais plus personne tu vois ? Toutes les personnes qui comptaient pour moi étaient mortes, alors je me suis dit que je risquais plus rien à sortir dehors. Et j'ai commencé à faire des choses horribles, vraiment horribles. Un jour, je marchais dans un ruelle quand j'ai entendu un Infecté. Je me suis caché, j'ai choppé une brique, et une fois qu'il s'est approché de moi je lui ai explosé le crâne."

Je ne comprenais pas pourquoi il se trouvait horrible. Moi, j'avais vécu exactement la même chose et je n'avais pas ressenti la moindre culpabilité. Il n'avait fait que se défendre, et puis ce n'était pas comme si les Infectés étaient encore humains.

"- Sauf qu'une fois que je l'ai tué, j'aurais dû, je sais pas moi, paniquer, avoir peur, vomir pleurer.. Les gens font ça habituellement après avoir tué quelqu'un. Moi je me suis juste senti... frustré. Sa mort ne m'avait apporté aucune satisfaction, aucun sentiment de vengeance, rien. Et j'ai commencé à me dire qu'il fallait que je venge Nathan, que je bute l'Infecté qui lui avait fait ça. C'était stupide, parce que je ne savais absolument pas lequel l'avait tué parmis les centaines qui traînaient dans les rues de la ville. Mais je me suis dit que lorsque je l'aurais trouvé, je le saurais. Je saurais que Nathan avait été vengé. Alors, j'ai commencé à tuer. Beaucoup. J'ai commencé à tuer des Infectés isolés avec des pierres, comme le premier, puis j'ai commencé à les chasser. Ce n'était plus de la défense, c'était du meurtre. Je me coupais la main, les attirais dans un coin et leur fracassait le crâne. Et le pire, c'est que dans ces moments là je me sentais tellement puissant, tellement invincible. La vengeance avait pris toute la place dans mon esprit, je ne pensais qu'à ça. Et un jour, pendant que je squattais une maison abandonnée pour dormir, je suis tombé sur un flingue. J'en ai tué plusieurs avec, mais le bruit de la détonation a dû les attirer, parce qu'un jour je me suis retrouvé dans un hangar, avec une dizaine d'Infectés et plus de balles. Ca devait être le karma. Sauf que j'ai été sauvé. Quatre personnes ont débarqué avec des carabines, les ont tués puis une fille s'est approché de moi. J'ai cru qu'elle allait me poser des questions, ou me dire que j'étais hyper courageux de faire ça, un truc du style, mais pas du tout. Elle m'a passé le savon de ma vie. Je me suis fait enguirlander, et elle m'a clairement fait comprendre que j'étais débile et suicidaire, pendant que les autres se marraient derrière. C'est comme ça que j'ai rencontré Amy. Ensuite, elle m'a présenté les autres et ils m'ont emmené dans une planque, dans une sorte de parking souterrain. Et la, je suis resté sur la cul. Il devait y avoir une trentaine de personnes là-dedans. Amy m'a expliqué qu'il formait une sorte de... survivance ? C'était pas vraiment une résistance, parce que y'avait pas d'ennemis ou de révolution, du coup... Enfin bref. C'était un groupe de survivants, qui s'était installé depuis quelques jours, et qui étaient extrêmement bien organisés. T'aurais vu ça. Ils organisaient des sortes de missions de ravitaillement pour ramener à manger, et d'explorations pour essayer de trouver d'autres survivants, en petits groupes. Beaucoup plus organisés que nous lors de notre ravitaillement au centre commercial, dit-il avec un sourire. Ils étaient adorables, et je me suis tout de suite super bien entendu avec eux. On changeait régulièrement de planque et de ville, et j'ai appris un peu plus tard que c'était parce qu'on allait vers Paris, parce qu'on cherchait un groupe de survivants qui était censé être dans le centre. Puis un jour, lors d'une mission de ravitaillement, j'étais avec Amy et trois autres mecs, on a été attaqués. On a fui, et on a été séparé. Moi, j'ai été suivi plutôt longtemps par deux Infectés, et je me suis beaucoup éloigné. Je me suis perdu, et j'ai cherché la planque pendant deux jours. Quand je suis revenu à la planque, y'avait plus personne. On était à trois heures de marches de Paris, alors j'y suis allé, sauf que j'ai encore été poursuivi. Puis j'ai vu de la lumière chez toi et j'ai toqué à ta porte. Tu connais la suite."

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Heyyy !

Devinez l'exploit que j'ai fait aujourd'hui... J'ai fait du sport ! Et en plus je suis à l'heure (enfin presque).. Que d'exploits dans ma vie aujourd'hui XD
Ça m'a beaucoup plu d'écrire un peu l'histoire de Levi. Je me demande si je vais pas sortir un ou deux chapitres sur sa vie d'avant quand j'aurai fini d'écrire Infectée....
Sinon pour la FAQ, vous préférez quelle plateforme ? Twitter ça vous irai ?

Enfin bref, merci d'avoir lu ! J'espère que ça vous a plu.

A la semaine prochaine !

-OKmy-

InfectéeDonde viven las historias. Descúbrelo ahora