Face cachée

En parler ?

Le réveil retentit dans la pièce encore plongée dans l'obscurité. Les rideaux étaient tirés et le soleil loin d'être levé compte tenu de la durée raccourcie des jours en hiver.

Morgan remua pour éteindre son téléphone qui sonnait de plus en plus fort tout en poussant un soupir. Déjà, 7 h30 et l'heure de se lever pour partir dès que possible et rentrer avant 15h00 si possible afin de récupérer Jack à la sortie de son école. Bien qu'il eût un manque évident de motivation pour sortir du lit, Derek réussit à ouvrir les yeux et à se redresser. Il se tourna alors vers Hotch. De dos, celui-ci semblait dormir mais Derek n'était pas dupe, il se doutait que son patron avait entendu son alarme et était en train d'émerger, tout comme lui. Il laissa échapper un bâillement avant de sortir précautionneusement du lit. Il en fit le tour, se dirigeant vers sa valise, posée à l'entrée de la chambre, et se baissa pour prendre quelques affaires. Puis il se remit debout et fit volte-face la main tendue vers l'interrupteur. Il se ravisa, étonné de voir que Hotch dormait toujours. Difficile d'imaginer la mine surprise de l'agent Morgan quand il s'aperçut que son patron n'avait en rien entendu le réveil et qu'il dormait à point fermé. L'agent s'amusa de la situation avant de réfléchir à deux fois à ce qu'il était en train de faire. Debout adossé contre le mur, il contemplait Aaron dormir, une petite voix ne manquant pas de charrier ce dernier dans le coin de la tête de Derek. Alors comme ça, il arrivait à Hotch de dormir, ce que Morgan croyait pure calomnie et utopie n'était en faite qu'une partie de la facette de son patron ; L'autre – celle qu'il voyait en ce moment – étant bien dissimulée derrière des années d'expérience en la matière de cacher ses sentiments.

« Tu attends quoi comme ça Morgan ? » dit soudain Hotch ce qui prit de court l'agent. Un air étonné sur le visage, Derek se rapprocha du lit pour voir qu'Hotch lui parlait les yeux fermer. Il s'arrêta un instant voyant que son patron ne bougeait pas et ne disait pas plus. Etait-ce un rêve ? Oh Derek aurait bien aimé le croire, car l'euphorie ne lui manquait pas rien qu'à imaginer Aaron Hotchner parler durant son sommeil.

« Tu comptes me dévisager encore longtemps comme ça ? » répliqua Hotch à l'attention de Derek, toujours les yeux fermés. Morgan sursauta aux nouveaux mots de son patron.

« A quoi vous jouez sérieux ? Vous pouvez pas ouvrir les yeux en parlant, ou faire un signe de vie montrant que vous êtes réveillé comme tout le monde ? » déclara Morgan sur le ton de l'ironie, un sourire en coin.

« - Je médite Morgan ». Pour seule réponse Hotch entendit Derek pouffer de rire. Il ouvrit alors ses yeux et le fixa de son air le plus sérieux qu'il soit. Son attitude fit stopper net son agent qui le regarda quelques secondes avant de changer d'expression. Morgan n'était plus sûr de savoir si Hotch rigolait ou non. Pour mettre fin à son petit malaise, Derek se retourna et fit signe à Aaron qu'il partait s'habiller dans la salle de bain.

Quand la porte fut refermée derrière lui, Hotch laissa échapper un petit sourire. Certes il ne souriait que très peu et ceci d'autant plus qu'Hailey était partie quelques jours plus tôt ; mais il aimait taquiner et faire marcher Derek. Après tout, Monsieur muscle se jouait des situations les plus incongrues qui pouvaient arriver aux autres membres de l'équipe. Hotch ne voyait pas le mal à retourner et utiliser le concept à son tour sur Morgan. Pas de mal dans l'histoire juste une grosse envie de rire.

Fini de s'amuser, il sortit du lit et commença également à se préparer. Il voulait rentrer au plus tôt, revoir son fils était tout ce qui lui importait. Il essayait de ne pas penser aux semaines qui l'attendaient. Etre materné et couvé n'était vraiment pas quelque chose qu'il acceptait, qui plus est qu'il connaissait les personnes et que son fils était présent. Il avait vécu pire, ce n'était pas une petite douleur qui l'empêcherait de se comporter normalement. Content ou pas, il ne comptait pas profiter de Morgan, Prentiss ou même David pendant encore trois semaines. Sur ces bonnes pensées, il se leva et étouffa un petit crispement de douleur. Sa tête tambourinait tout autant qu'hier si ce n'était plus, ce qui le fit se rassoir rapidement pour ne pas tomber raide sur le sol. A se voir aussi impuissant, Hotch ne pouvait que penser aux jours qui arrivaient. Il s'en voulait à lui mais également à Foyet. Et Jack qui n'avait rien demandé, trop petit pour comprendre évidemment, il priait simplement pour que son fils ne soit pas trop déboussolé de ces quelques semaines qui s'annonçaient déjà mouvementées.