Le temps des Adieux

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Ce matin en poussant les portes de la BAU, Prentiss respira un grand coup. Elle n'avait aucune idée de comment leur annoncer son départ imminent. Ce qu'elle savait, en outre, c'est qu'elle risquait de rendre des personnes qu'elle aimait malheureuses.

Elle avait fait part de sa décision d'accepter ce nouveau poste à Londres à Clyde avant-hier. Ce dernier avait été plus qu'heureux d'entendre que la brunette, qu'il connaissait de longue date, s'était décidée à quitter Washington pour le rejoindre en Europe.

La nouvelle n'avait pas été accueillie de la sorte par Aaron. Face à la discussion brève qu'ils avaient eu lors du Nouvel An, Prentiss avait décidé de rédiger un courrier à Aaron pour éviter de reparler de son choix face à lui. Elle savait qu'évoquer sa décision, quand ils étaient tous les deux, ne faisait qu'aggraver la situation tant cela faisait souffrir l'un comme l'autre.

Son avion décollait ce soir ce qui signifiait qu'elle ne partirait pas sur l'affaire qu'Hotch avait reçu dans son bureau hier matin alors qu'elle y avait déposé sa lettre de démission. C'était également son dernier jour, ici, dans ces locaux qu'elle avait parcourus durant de si longues années.

Elle sortit de ses pensées quand ses collègues commencèrent à arriver, cachant derrière un faux sourire son inquiétude et sa peine.

Morgan venait de s'asseoir à son bureau alors que Reid commençait déjà la lecture d'un deuxième dossier quand Hotch sortit de son bureau.

« On a une affaire ». Sans attendre que le petit groupe d'agents ne bouge il fila directement dans la salle de réunion où l'attendaient déjà Garcia et JJ. Rossi, Morgan et Reid suivirent rapidement, laissant, pour quelques secondes, Prentiss, seule dans l'open space. Elle balaya d'un bref regard l'ensemble des bureaux. Toutes ces piles de dossiers écrits Behavioral Analysis Unit, tous les cadres photos qui étaient étalés sur le nouveau bureau de JJ... Et en plus des souvenirs matériels elle se remémora tous ces bons moments passés auprès de la machine à café, qu'elle observait de loin. Oui, tout cela allait profondément lui manquer, et de souvenirs en souvenirs, l'angoisse et les larmes commençaient à lui monter.

Elle y mit fin rapidement, marchant d'un pas décidé vers la salle où étaient assis en rond ses amis et bientôt ex-collègues.

Comme si de rien n'était, elle s'assit, avec eux, autour de la table. Elle croisa furtivement le regard de son patron, qui décida de ne pas soulever. Après tout, elle avait donné sa démission ce qui signifiait qu'elle n'était pas censée être là ; mais elle en avait besoin ; du moins pour quelques minutes encore.

Pénélope se lança sur le débriefing des agents. Comme d'habitude, l'affaire n'était pas des plus joviales, mais Emily savait pertinemment que l'équipe en viendrait à bout quoi qu'il en soit. Pendant le reste de briefing, elle n'eut mot. Elle était, de nouveau, perdue, loin dans ses pensées, son regard voguant d'une personne à une autre. Ils avaient tous en eux quelque chose de spécial qu'elle n'était pas prête à quitter. JJ était sa meilleure amie depuis bientôt plus de trois ans, Reid était devenu comme un petit frère, qu'elle ne pouvait s'empêcher de vouloir protéger à chaque venue sur le terrain. Rossi. Que dire à part qu'elle avait besoin de lui et qu'elle ne savait pas encore comment serait sa vie sans lui, la conseillant et la soutenant dans tout ce qu'elle entreprenait. Et Emily était consciente que les personnes comme lui, qui avaient le don d'avoir toujours les bons mots à dire, ne courraient guère les rues. Du côté de Morgan sa bonne humeur quotidienne manquante ferait un trou à coup sur dans la vie de la brunette. Garcia, elle, était tout ce qu'Emily n'était pas. Elle avait ce brin de folie constant et exagéré qui la rendait unique en son genre. Toujours là pour faire sourire la jolie brune quand elle en avait besoin, elle était une étoile dans cette nuit sans fin ; une douceur dans ce monde de brutes. Enfin, Aaron. Une profusion de sentiments traversa Prentiss à ce moment là rendant impossible l'identification exacte de ce qu'elle ressentait ou devait éprouver. Tout ce qui était évident pour la jeune femme, c'est que, jamais, elle ne pourrait rencontrer un autre comme lui ; jamais elle ne pourrait envisager de le remplacer ; jamais elle ne l'oublierait, tout simplement.

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