Chapitre 1: Paumée.

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Le soleil m'a montré sa lumière, mais je l'ai éteinte pour sombrer dans la danse obscure des étoiles.

xXX

Nous sommes en plein début du mois de mars, vendredi soir plus précisément. Je me trouve dans un des merveilleux restaurants de la haie vive avec mon père, Hussein Lawson, l'un des deux hommes de ma vie. Nous devisons et rigolons, fidèles à notre complicité. La salle est paquetée comme toujours d'un joli mélange de nationalités. Normal, les plats envoutent très facilement les papilles.

— C'est vrai que tata Sandrine aime trop jouer les grandes dames, me moqué-je après la plainte de mon père sur le comportement de sa cousine.

— Ce ne serait pas mal de l'envoyer sur la lune, tu ne penses pas ? me demande-t-il en réprimant un fou rire qui tord le coin gauche de ses lèvres.

— Ou sur Mars, on peut lui laisser le choix, répliqué-je en ne me retenant pas de rire aux éclats.

Mon rire contamine rapidement l'homme noir au crâne brillant et au charisme naturel qui me tient compagnie, mon cher papa — alias papounet. En plein milieu de soirée, je me sens toute pâle, ma tête se met à chauffer et tout mon corps tremble. Les éternuements s'en suivent et des gouttes de sang tachent la serviette hygiénique dans laquelle j'éternue. J'ai maintenant du mal à respirer tandis que mes oreilles sifflent, aussi fort qu'une bouilloire en éruption. Mon père apeuré se lève rapidement, jette une liasse de billets sur la table en guise d'addition avant de me conduire hâtivement à l'hôpital. À peine y arrivons-nous qu'un des médecins me prend en charge. Je respire enfin normalement après ses soins. Il m'indique finalement qu'il doit me garder en observation cette nuit en ajoutant que j'aurai les résultats de mes examens demain. Je ne suis pas une grande admiratrice des hôpitaux étant donné que j'y garde assez de mauvais souvenirs. Après le départ du médecin, j'oblige mon père à rentrer, il est hors de question que je lui inflige une nuit de fatigue et de stress, pas après toutes ces années. Pas maintenant qu'il va mieux. Il en a assez souffert. 

Après une longue argumentation avec mon paternel, ce dernier se résigne enfin en me promettant de ne pas mettre mon frère au courant de ma malheureuse situation. Dès son départ, je me retrouve seule entre quatre murs avec pour compagnons l'odeur des hôpitaux et ma robe de chambre puisque Tania, ma meilleure amie séjourne actuellement au Sénégal pour un défilé. Étrangement, tout mon malaise des minutes précédentes s'est estompé, comme s'il voulait juste me rappeler que je suis une malade. Soit, je ne suis pas mourante, je possède toutefois des tonnes d'allergies et un système immunitaire assez faiblard qui me mettent des bâtons dans les roues depuis belle lurette. Je cogite durant toute la nuit. Le lendemain, je me retrouve dans le bureau du médecin qui m'avait pris en charge la veille pour avoir les résultats de mes analyses. 

En bonne anxieuse que je suis, mon cœur bat la chamade dans ma poitrine pendant que mes mains moites tremblent exagérément. Et si je finissais comme maman ? Et si comme elle, la chance me tournait dos sans que je n'aie le temps de la savourer ? L'arrivée du médecin avec un dossier en main me fait sortir de ma rêverie. Mes yeux, reflétant l'anxiété qui me ronge les os se posent sur l'homme en blouse et au crâne partiellement dégarni qui s'installe en face de moi. Il se racle la gorge avant de prendre la parole, un air frustré gaillardement collé sur le visage.

— Mademoiselle Lawson, comment vous sentez-vous ? me demande-t-il calmement en ajustant les documents.

Oh bien, si l'on oublie la boule qui me malmène l'estomac et cette crise qui a failli me tuer.

— Bien docteur, réponds-je avec un beau sourire factice.

Aussitôt qu'il pose ses yeux sur le dossier qu'il tenait en main, son visage se froisse, me provoquant un arrêt respiratoire immédiat. Je fronce durement les sourcils, n'appréciant pas son expression faciale.

Tentation en éditionWhere stories live. Discover now