Chapitre 16: Stop

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Comme une splendeur discrète, fouille ma folie experte.

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Michelle

À mon réveil chez Harry ce matin, j'avais le cœur en mille morceaux, piétiné et battant à peine, mais j'ai décidé de jouer la carte de celle qui regrette son erreur. Mais pour moi, ce baiser n'était pas une erreur, et jamais je ne le regretterai. Il a été pour moi un doux fruit que j'aimerais déguster inlassablement. 

Même si pour Harry il n'a été qu'une entorse à la règle principale d'Homel, pour moi il a été une saveur plus douce que le miel. J'assume les picotements et les frissons qui parcourent mon corps quand Harry me frôle, ne serait-ce que de son souffle, j'assume les sauts indomptables de mon cœur lorsqu'il me parle ou me sourit, j'assume les ablutions excitées de mon âme quand son ombre cache la mienne. 

J'ai juste essayé ce matin de paraître comme j'ai toujours été à ses yeux : cette fille souriante, folle à la limite — même si des larmes embuaient mon regard. Je n'ai pu m'empêcher de le scruter tout au long du petit déjeuner pour déceler la clé de son esprit. Il avait l'air nerveux, gêné, à cause de moi, parce que j'ai franchi un pas trop grand, trop incongru. Harry tu m'as poignardé dans le cœur, tu as envahi mon âme, et maintenant je n'ai plus aucun état d'âme, vide comme un verre, pleine comme une fourrée.

Mon idée reste sur cette impression étrange que j'ai eue lorsque je suis de nouveau passée devant cette chambre. J'ai entendu du bruit à l'intérieur, je n'ai pas osé l'ouvrir, chercher à réellement savoir ce qui se cachait derrière cette porte parce que je ne voulais pas ajouter une chose de plus qui allongerait la distance entre Harry et moi, aussi parce que je craignais de découvrir quelque chose que je ne supporterais pas.

 Je l'ai questionné sur son habitation dans la maison, mais il m'a assuré qu'il vivait seul alors je n'ai pas insisté. Je n'avais envie d'utiliser ma bouche que pour l'embrasser à cet instant-là, pas parler. Il m'a conduit silencieusement jusqu'à chez moi, m'a quitté aussi vite pour vaquer à ses occupations, les vraies, et je n'en suis pas une.

— Michelle, ça va ?

La voix grave d'Abdou me ramène à la réalité. Je me rends compte que je m'étais de nouveau échappée du monde, pour me remémorer le râteau monumental de ce matin.

— Oui, oui, balbutié-je en me levant brusquement du canapé.

Je trébuche et m'écroule sur Abdou qui m'aide à me rasseoir. J'avais oublié mon problème : trop fortes émotions, malaises. Il était monté juste après le départ d'Harry, a attendu que je me change puis s'est mis à jouer à la console pendant que je rêvassais.

— Certaine ? persiste-t-il en fronçant ses sourcils épais.

Je me contente de hocher la tête et de lui sourire.

— Je dois passer à Homel pour récupérer des épreuves du manuscrit, je leur ai dit que je ne voulais pas l'envoi par courriel puisque j'aime bien aller là-bas, lui expliqué-je.

— D'accord, on y va.

Nous sortons de l'appartement, je ferme et lorsque je me retourne, je tombe sur Charly et Ashley en train de se marrer. D'hier à aujourd'hui, il m'a laissé une pluie de messages pour s'excuser, évidemment je ne lui ai pas répondu. 

J'ai des limites, et Charly m'a blessée, alors qu'il était encore le seul à ne l'avoir jamais fait. Son sourire s'évanouit dès qu'il m'aperçoit pour laisser place à la culpabilité tandis que mon visage s'assombrit.

Tentation en éditionWhere stories live. Discover now