Chapitre 10: S'incruster

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It's like the walls are caving in.

C'est comme si les murs cédaient.

Sometimes I feel like giving up, but I just can't.

Parfois je voudrais abandonné, mais je ne peux juste pas.

It isn't in my blood.

Ce n'est pas dans mes veines. 

xXx

Harry

— Je n'arrive pas à croire que je vais la rencontrer, s'extasie Audrey d'une voix chantante.

Elle voue une admiration secrète à Michelle depuis qu'elle a lu quelques extraits de son manuscrit. Je suis assez surpris, Audrey n'est pas de ceux qui font de la lecture une priorité, nonobstant cela, elle m'a littéralement supplié pour que je la laisse lire le premier tome tout au moins, ce qui est impossible. Je démarre, nous nous dirigeons vers Homel où se tiendra une petite soirée dansante.

 Audrey n'a jamais mis pied chez moi, je n'aime pas qu'on envahisse la seule chose d'encore intime pour moi ; je suis donc allé la prendre chez elle. Dès que nous descendons de la voiture, je lui prends la main, ce geste est banal à mes yeux, mais je sais que pour elle il signifie tout. J'aime voir ces éclats dans ses yeux quand je lui accorde de l'attention, même si les éclats qu'elle a toujours vus dans les miens sont ceux du vide et de la tension. Nous pénétrons finalement dans la grande salle paquetée, mon regard se promène dans la pièce, à la recherche de Michelle, elle n'est pas encore là. 

Depuis quand ai-je cure de la présence ou de l'absence de qui que ce soit ? Je dois être en train de tomber malade. Après les mondanités d'usage, j'abandonne Audrey qui, éternelle sociable, fait le tour des invités. Mon regard se pose sur elle, sur Michelle, elle est encore plus belle que d'usage, aux bras d'un homme. Un petit pincement au cœur me dérive, mais je le repousse. Il n'a pas le droit de la côtoyer de si près, elle est mon remède, elle est mon rayon de soleil. L'idée qu'un autre puisse jouir de la personnalité, de la présence de Michelle ne me plait pas et pourtant je ne suis pas attaché à elle, je ne m'attache pas.

Dès que je sens les petits bras d'Audrey s'enrouler autour de mon bras, je discerne un voile sombre qui traverse le visage de Ginger. Je ne m'y attarde pas. Audrey me parle, mais je n'entends rien, mes sens ne fonctionnent plus. Pourquoi ? Suis-je si malade ? J'entraîne Audrey vers le buffet où se trouvent Michelle et son cavalier. Ils sont complices, il est si attentionné avec elle, il est si libre que je me dis que je ne serai jamais ainsi avec elle. Michelle mérite une personne libre, qui voudra partager sa liberté avec elle. Mais qu'est-ce que je raconte, moi ? 

Je lance un « hey » et ils se tournent vers nous. Michelle est toute rouge, avale difficilement sa bouchée. Il n'y a qu'elle pour manger aussi librement en public. Audrey ne se retient pas pour lui chanter des louanges, mon regard reste pourtant accroché sur celui en face de moi. Michelle finit par le présenter. Charly, son meilleur ami. Lorsque nos deux compagnons s'en vont, je pose un regard amusé sur elle. Pourtant, la situation ne m'amuse pas autant. Je la taquine légèrement tandis que sa réaction, comme toujours, me fait sourire. 

Lorsque la chanson d'Ed Sheeran prend place, Michelle se trémousse puis m'invite à danser. Ils ne m'ont jamais vu danser à Homel et pourtant, j'y suis depuis quatre années, depuis mes vingt-et-un ans. Michelle brise mes interdits, mes barrières. Tandis que j'ai tenté de guérir pendant des années, en moins d'un mois, elle en a fait plus que je ne l'ai fait. Mes gestes restent mécaniques, mais au moins je danse. J'ai toujours aimé ça, laisser mon corps s'exprimer librement au rythme de la musique. 

Tentation en éditionWhere stories live. Discover now