ÉPISODE 114 - (partie 1/7)
— Qu'y a-t-il, fils ? demanda Dean. Tu soupires.
Depuis le fond du sofa, Rudy marmonna :
— C'est rien...
Si tant est que « rien » signifiait de tomber pour la énième fois sur le répondeur de Rey. La boule d'angoisse dans sa gorge était plus douloureuse que l'inflammation de ses amygdales. Son état affaibli et lamentable lui arracha une grimace de dépit. Seule un sursaut de dignité l'empêcha de pleurer comme un gosse. Il renifla.
— Tu as pris tes derniers antalgiques à quelle heure ? s'inquiéta son père.
— Ça va, grommela-t-il.
Il tira sur sa couette et serra avec mollesse son portable contre sa poitrine. Dean ne l'entendit pas de cette oreille. D'une main sur son front, son père évalua sa température, tandis qu'il ravalait les prémices de ses larmes. Le regard insistant de Dean le mit mal à l'aise. Il fut néanmoins apaisé par la caresse dans ses cheveux.
— Arrête de me materner, p'pa. J'ai juste une grippe. Les yeux larmoyants, les sinus bouchés et le mal de gorge n'ont rien d'alarmant.
— Tu me dis, si la douleur persiste. Je t'apporte tes comprimés.
— Tu es exaspérant, soupira Rudy. Je ne suis pas infirme.
Sa voix nasale, qui changeait les « m » en « b » et les « s » en « f », arracha un rire moqueur à Dean. Un paracétamol plus tard, et on lui chatouillait l'arrière des oreilles. Rudy en ronronnerait presque mais choisit de grommeler. Le virus influenzae avait raison de son humeur depuis que son père l'avait rapatrié illico à la maison, avant la fin de la semaine. Fourbu, l'esprit embrumé de fièvre, il n'avait pas eu la force de protester. Jamais grippe ne l'avait autant mis K.O.
— Tu n'es peut-être pas infirme, mais je suis obligé de te materner, vu que tu ne te nourris pas de toi-même. Comment peut-on souffrir d'une carence en vitamines avec les barquettes équilibrées d'Andy ?!
En plus de la grippe, son médecin traitant avait diagnostiqué une avitaminose, après un bilan sanguin. La cause : une alimentation peu régulière. La conséquence : faiblesse du système immunitaire, flagellé par une grippe dont son corps aurait pu venir à bout en trois jours. Son père l'avait étouffé en l'accompagnant chez le toubib. Présent au moment de ses aveux – un jeûne par flemme et manque d'appétit –, Dean lui avait tiré les oreilles jusqu'en pharmacie.
— La « flemme de manger », hein ? Tout ce qu'il y a de plus adulte, comme comportement !
Rudy savait qu'en aparté, le médecin avait demandé à Dean de guetter des signes de surmenage ou de dépression. Il était courant qu'à l'approche des partiels, des étudiants soient asthéniés, physiquement et moralement, par la dureté du programme universitaire, en particulier celui des facs à forte cote, à l'instar de NRD, T-U ou Pinsburry.
Pour sa part, Rudy considérait cette grippe comme un répit. La fac l'écœurait en ce moment. Tout allait de travers ; tout perdait en saveur. Un rien l'accablait, jusqu'au bonheur d'autrui. Revêche, grincheux, peu motivé, il déprimait de jour en jour et dépérissait à vue d'œil. Ses amis peinaient à lui changer les idées, en partie parce qu'il refusait d'y mettre du sien.
En l'absence de Timothy, honorant Paris de sa présence à l'occasion de la fashion-week, Mir devenait inintéressant, pour citer Junior. Ce dernier était las d'entendre son ami se languir de son petit-copain, qui n'était pas près de rentrer. Le modèle enchainait avec des contrats à Londres, dont une collection sportwear hiver pour la marque Dolche© Wear.
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romance. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...