ÉPISODE 119 - (partie 6/12)
Les musiciens de l'orchestre râlaient.
— Voilà où ça mène de travailler avec une diva ! Elle ne vous calcule pas. On n'a pas le droit de lui adresser directement la parole ni de lorgner dans sa direction. Mais on doit lui faire des courbettes, la complimenter et lui passer ses caprices !
Cette collaboration avec des stars du rock aurait raison d'eux ! Jakub ne savait pas où il puisait encore sa patience. Peytr, l'un des premiers violonistes, grogna dans sa barbe :
— Pourquoi Edvin la ferme, alors qu'il ne mâche pas ses mots d'habitude ?
— Apprendre une nouvelle partition à trois heures du live, c'est du foutage de gueule ! surenchérit Magda, au hautbois, une des fortes têtes de la troupe.
Sa consœur flûtiste, Blanka, geignit, angoissée :
— Je croyais que la setlist ne concernait que trois albums. Pourquoi ils ajoutent, à la dernière minute, un morceau de leur maxi-single qu'est même pas encore commercialisé !
Se plaindre auprès d'Edvin ne leur rapporta aucun réconfort.
— Un orchestre digne de son nom ne se démonte pas pour si peu, les gourmanda-t-il. Quel est le problème ? Vous ne pouvez plus vous fier à moi, ou est-ce en votre propre talent que vous doutez ?
Ils connaissaient pourtant sa faculté à leur faire prendre la sauce. Voyant la menue Blanka se ratatiner, Edvin soupira. Il devait affermir leur détermination et non les piquer.
— Le meilleur moyen d'inculquer le respect à ces divas capricieuses est de leur prouver qu'ils vous sous-estiment. Faites-moi confiance, on y arrivera.
Ce qu'il ne leur dit pas, c'est que les Beat'ONE affectionnaient la philosophie de l'arroseur arrosé. La diva reine, Red, avait retourné ses conditions contre lui. Pour qu'il soit d'humeur à « satisfaire » le désir d'Edvin, une version symphonique de LOVE, KISSES & ADORE serait jouée ce soir, après l'ouverture.
— Tu sais, si tu nous lâches sur les trois autres dates, on fera quand même salle comble, avait souligné Jeff, appuyé par Korgan :
— L'orchestre n'est pas indispensable pour les Holy Suckers.
— Vous allez juste vous taper la honte, et tu vas ruiner ta réputation, Edvin, avait ajouté Jay. Celle de Red, et la nôtre par extension, est immunisée contre le scandale.
Et ce dernier de conclure :
— Les gens m'adorent. Que je sois la pire des salopes, le plus gros des dépravés, ou que je trimballe une laideur visible par intermittence, ils aiment ce Red Kellin. Parce que je ne leur laisse pas le choix. À toi non plus.
La setlist avait donc été remodelée. Les fans auraient de l'inédit ; un morceau joué pour la première fois en public, avant sa mise en rayon. Deux heures plus tard, l'info parvenait à la foule massée sur la Place de l'Opéra.
— Hé, ça a changé !
Bill pointa l'un des panneaux LED à l'entrée de la grande salle de spectacle.
— Quoi donc ? s'enquit Marine.
— L'ordre des chansons a bougé. Je l'avais déjà mémorisé, moi ! se plaignit-il.
— Si les Beat'ONE la sentent pas de cette façon, tu crois qu'ils auront des scrupules à tout chambouler, parce que Môssieur Vitrand a déjà mémorisé la première version ?
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romance. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...