ÉPISODE 120 - (partie 12/13)
Découvrir l'ampleur de sa naïveté – une naïveté à pleurer –, n'était pas un sentiment apprécié. Mais la révélation cuisante de son ingénuité ne l'emportait pas sur la douleur. Sa confiance lésée fut telle que, pour la première fois de sa vie, Rudy Leblanc songea à diluer sa peine dans l'alcool. L'oubli éthylique, à défaut de la désinhibition qui l'aiderait à affronter son père... et Red.
La trahison de Red coupait plus profond que celle de son père. Sans doute parce que la colère à l'endroit de Dean, pour ses cachotteries, était routinière. Presque banale, ce soir, en comparaison à celle ressentie envers Red.
Ils se sont vraiment foutus de moi ! L'écœurement figeait Rudy sur place ; incapable de penser, incapable d'agir. Ses larmes menacèrent de couler. Pourtant, il avait envie de rire. De vomir aussi, à cause des haut-le-cœur. De frapper dans quelque chose, ou frapper quelqu'un, pour dissiper sa frustration. Oublier serait parfait. Retrouver sa condition d'ignare stupide et heureux. Celui-là savait quoi faire de sa personne, au lieu de rester planté au beau milieu du chemin, dans le froid, à se demander s'il rentrait à l'hôtel, parce qu'il n'avait plus envie de faire la fête, ou s'il rejoignait ses amis, pour se perdre dans la musique et l'alcool.
Refusant d'être ce jeune homme qui ne savait plus ce qu'il désirait, Rudy prit tout le sens de « pilotage automatique », quand ses membres décidèrent pour lui. Premièrement : avancer sans se retourner. Deuxièmement : s'en tenir à son programme de la soirée. Cela lui éviterait de commettre une bêtise. De provoquer une situation qu'il regretterait. Mais son esprit agité se rebiffa.
Et pourquoi pas ? Les contours de sa première vraie décision se dessinaient. Envoyer tout le monde au diable. Invoquer l'enfer, se défouler et expurger sa colère. Ça tombait bien, un exutoire se trouvait à sa portée. Il interpella le machiniste.
— Toi ! C'est dans quelle direction, la porte Frankenstein ? On m'a dit que c'est pas loin d'ici.
— Hein ?
— T'es sourd ou lourd ? Si tu sais pas, dis-le ! À quoi tu sers, putain !
— Me parle pas comme ça, OK ? rétorqua Sven d'un ton dur. Nejsem tvůj kámoš !
Il en avait par-dessus la tête de servir de vulgaire écuyer, ou d'être traité comme un chien. Depuis quelques jours, il avalait des remarques désobligeantes. Ronger son frein avec ses supérieurs ne donnait pas à ce freluquet hautain le droit de lui taper sur le système. Son quota de bonnes manières et de serrage de dents était dépassé.
Rudy le toisa d'un œil furibond. Leur différence d'une tête ne semblant pas significative, Sven se reprit et essaya de sauver son job. Il restait sanglé sur un siège éjectable. Contrarier ce gamin reviendrait à remettre à son père le bouton qui lui promettait un plongeon dans le vide.
— J'ai pas compris tout. Répète plus lentement. Si c'est pas trop dur à faire pour toi, ajouta-t-il néanmoins, sarcastique.
Dans d'autres circonstances, il aurait déjà foutu une mandale à Rudy. Il en avait saigné pour une histoire d'irrespect, dans les quartiers chauds de Prague. Mais cela lui ferait mal de défigurer ce joli minois.
— La porte Frankenstein, c'est de quel côté ? répéta Rudy, de mauvaise grâce.
Peinant à le diriger, Sven lui assura cependant connaître l'endroit.
— Ce sera plus simple si tu m'accompagnes, proposa Rudy.
L'hésitation du jeune homme souffla soudain sur les braises de sa colère.
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romance. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...