Chapitre 13

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-          Joy ?

Je relève la tête. C’est Céline qui arrive en courant, paniquée. En me voyant effondrée sur le sol en larmes, elle me jette un long regard et s’assoit à mes côtés. Sait-elle que cela fait depuis hier que je ne cesse de pleurer ? Sûrement.

Quand j’étais rentrée, mes parents n’avaient pas compris les traces de larmes sur mon visage. Qu’aurais-je pu leur dire ? « Ne vous inquiétez pas, c’est juste mon connard de prof qui m’a brisé le cœur » ? Je leur ai expliqué que je m’étais disputée avec un ami et que je n’avais pas très faim, puis j’étais allée me coucher.

Sans dormir.

J’avais passé des heures dans le noir, les yeux grands ouverts et les joues trempées de larmes, cherchant à comprendre. Nathan me manquait. Il ne m’avait pas appelée. Pas envoyé de message. Rien. C’est comme s’il n’avait jamais existé. J’aurais préféré que ce soit le cas.

Lorsque j’étais parvenue à trouver le sommeil, il avait hanté mes rêves, Isabelle à ses côtés. Il allait vers elle, la prenait dans ses bras et l’embrassait, tandis que je l’appelais désespérément. Mais il ne m’entendait pas, ne me voyait pas. J’étais invisible. En revanche, Isabelle m’adressait un sourire victorieux. Je m’étais réveillée en sursaut au bout d’une demi-heure de sommeil, et avais été incapable de me rendormir.

Et là, en arrivant au lycée, sachant qu’il était si proche, je m’étais effondrée par terre, à côté du mur du bâtiment. Quelques élèves étaient venus me voir en me demandant si j’allais bien, et mon absence de réponse avait conduit à un petit attroupement autour de moi. Céline était alors arrivée en courant, l’incompréhension se lisant dans son regard.

-          C’est bon, jette-t-elle aux autres qui m’entourent, étonnés. Laissez-la tranquille.

Peu à peu, la foule s’éloigne et Céline me prend dans ses bras.

-          Joy… Que s’est-il passé ?

Je relève la tête, la détresse se lisant dans mes yeux.

-          Il m’a menti, Céline. Il m’a menti… Elle était là… Si belle. Je n’avais aucune chance. La seule chose que j’ai pu faire, c’était partir. Partir loin.

-          Eh, je comprends rien… Reprends du début.

Des sanglots m’empêchant de respirer me reprennent, et il me faut bien deux minutes pour me calmer avant que je ne parvienne à lui expliquer.

-          Alors je l’ai traité de pauvre type qui tentait de se faire des gamines de dix-sept ans pour tester son charme, achevé-je dans un souffle. Je lui ai dit qu’il était à vomir, et ça s’est fini là. C’est fini, Céline. Je l’ai perdu. J’aurais jamais dû… J’ai été si stupide de croire que… Comment…

Les phrases se mélangent à mes larmes et Céline soupire.

-          Ce n’est pas ta faute, Joy… Enfin, je veux dire, tu as sans doute réagi un peu brusquement mais…

-          Je n’ai pas réagi brusquement !

-          Ils ne sont plus ensemble, et il ne pouvait pas savoir qu’elle viendrait tout gâcher comme ça. Il a dû être surpris, c’est tout. C’est pour ça qu’il est allé vers elle et pas vers toi, il a dû…

-          Céline.

Son simple nom la fait taire dans ses suppositions. Elle se tait et je fixe mon regard dans le sien tandis que je lui énonce la vérité la plus douloureuse qui existe.

Déchirure -Relation prof-élève-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant