Partie 20.

4.2K 166 11
                                    

Méloée Rossrol, 9 août 2018, La côte d'Apollon, Grèce.

04:32 :

Vous est-il déjà arrivé de prendre un bain dans l'océan en pleine nuit? Normalement, c'est une chose que je ne ferais pas volontairement, car l'océan et moi c'est une longue histoire. Je déteste ça, à vrai dire.

Quand j'étais petite, le courant trompeur m'a emporté un peu trop loin de plage, après et même si on sait nager correctement, il est presque impossible de retrouver la plage à la nage. Il ne nous reste plus qu'à prier pour qu'un maître nageur nous aperçoive et vienne à notre secours.
J'ai eu de la chance, beaucoup de chance, car j'ai été secouru très vite et j'ai pu retrouver mes parents qui étaient en pleurs au bord de l'eau. Je me souviendrai toujours de ce jour, je n'avais que dix ans, et j'ai vraiment cru que c'était la fin pour moi.

C'est pour cette raison que j'ai une certaine appréhension chaque fois que j'entre dans l'eau salée.

Pourtant ce soir, c'est moi qui aie proposé qu'on se rende sur la plage, et c'est aussi moi qui aie lancé l'idée de se baigner. Là, je commence à regretter mes dires.

Les pieds dans l'eau, j'observe tout le monde. Ils sont déjà tous dans l'eau à jouer comme des gamins alors que moi, je suis tout sauf rassurée de me baigner, et encore plus en pleine nuit car on ne peut rien anticiper dans la nuit noire. La journée, même si je suis longue je finis toujours par réussir à entrer et je sors toujours l'excuse de l'eau froide, mais là c'est différent.

Je vois Paul sortir de l'eau et marcher vers moi, j'espère qu'il ne va pas me forcer à venir.

_ Mélichou, tu attends quoi là?

_ Elle est trop froide, je vais aller m'allonger sur ma serviette, m'en veux pas hein, je lui souris.

_ C'est comme tu veux, mais tu ne sais pas ce que tu rates.

Oh que si, je sais.

Je continue de lui sourire et finis par lui tourner le dos. Je marche, regrettant de rester loin de tout le monde juste à cause de cette petite phobie. Je m'asseois sur ma serviette et les regarde.

Avant mes dix ans, je me prenais pour un poisson. J'adorais venir en Grèce chaque été, la mer si chaude et agréable sur la peau, la sensation de massage du sel. J'aimais tout, et c'est bête d'en être arrivé là. Mais je n'y peux rien.

Je surveille Lou de là où je suis, la voyant s'attacher de plus en plus à Antoine, je me mords la lèvre. Depuis qu'on est arrivé, ça fait une semaine maintenant, ils se rapprochent de jours en jours. Pourtant, tout le monde sait qu'Antoine a déjà quelqu'un, et ça commence à vraiment peser à force car je ne veux pas voir ma meilleure amie souffrir à cause de lui. S'il se rapproche comme ça mais qu'il finit par tirer un trait sur elle à notre retour en France, il va se prendre deux trois paires de claques dans la gueule, si belle soit-elle.

Stéphane est restée à la villa, après tout elle n'a que quinze ans et je ne veux pas qu'elle se mette à sortir chaque soir comme on le fait, ou qu'elle se prenne des cuites à gogo. Ses parents m'en voudraient.

_ Tu revasses ? j'entends près de moi.

Je sursaute et me retourne pour voir qui est l'idiot qui vient de me faire peur. Je tombe nez à nez avec Ben, assis à côté de moi. Je soupire en fermant les yeux. Il finira par avoir ma mort s'il continue, celui-là.

_ Ne me refais jamais ça.

_ Désolée, je te voyais seule, ça ne m'a pas plu. On ne laisse pas Méloée dans un coin, il imite la réplique de Dirty Dancing, j'explose de rire en l'admirant.

_ Malheureusement tu n'as pas la carrure de Patrick Swayze, je lui souris.

_ Tu rigoles là, t'es toujours en train de baver sur mes abdos alors ne me mens pas, princesse.

Depuis quelques jours, il a prit l'habitude de m'appeler comme ça, je ne vais pas m'en plaindre car ça me touche venant de lui, mais je suis quand même gênée car mes sentiments sont toujours là.

_ Des abdos toi? T'as rien du tout oui!

Je le taquine légèrement et détourne les yeux pour ne pas me faire avoir mais il me prend de court en m'attirant vers lui brusquement, ma tête se colle à son torse sans que je ne le prévois. Le rouge me monte aux joues. Je n'ose plus bouger. Il faut que je me reprenne.

_ Alors maintenant que tu peux voir de près?

Je réussis à me dégager, je le regarde en souriant.

_ Même de près, t'es un gringalet c'est mignon, je lui fais un clin d'oeil alors qu'il fait la moue. Oh tu vas quand même pas bouder parce que t'as pas d'abdos si? T'as qu'à faire plus de sport et peut-être qu'un jour je te dirais que oui, tu envoies du pâté. Mais là tu envoies plus du poussin, on va dire. Du petit poussin.

_ T'es trop méchante. Mais la vérité c'est que tu me trouves à tomber.

_ Ça va les chevilles monsieur Pavard? Tu es vachement imbu de toi-même, dis-moi.

_ Seulement avec toi, il me dit en me fixant.

_ Comment ça?

_ Je sais pas, je me sens vraiment bien avec toi. Tout est naturel et je ne me prends pas la tête. Je peux être moi-même, il ne me quitte pas des yeux, j'espère qu'il ne remarque pas mes joues écarlates dans le noir.

_ C'est réciproque. Je suis vraiment contente qu'on soit amis, maintenant.

_ Oui oui, moi aussi. C'est cool d'être amis. Pas de prise de tête, c'est la meilleure recette, il souffle.

Je le regarde sans vraiment comprendre, quand il rencontre mon regard, il éclaire tout ce qui était encore sombre.

_ Avec Rachel ça va pas vraiment. Elle m'appelle tous les jours pendant des heures alors que, bordel, je suis en vacances avec mes gars. Encore elle m'appellerait pas tous les jours, ça ne me gênerait pas, mais là. Elle est chiante. En plus, c'est juste pour se plaindre. Ça fait un moment que ça ne va plus entre elle et moi de toutes façons. Elle est égoïste, elle ne pense qu'à elle, elle veut toujours se mettre en avant dans notre vie de couple. Alors que, un couple c'est fait pour deux personnes... Toi. Tu es tout le contraire d'elle. Avec toi tout est tellement simple et naturel.

_ Je suis désolée Ben, mais tu sais, l'amour c'est compliqué, je suis sûre que ça finira par s'arranger, je le rassure en posant délicatement ma main sur son avant-bras, me créant des milliers de frissons dans tous le corps.

_ Le problème c'est que... Il se stoppe tout en fixant ma main, je le vois prendre ma main dans la sienne, je n'ai pas envie que ça s'arrange, Méloée.

Mes yeux fixent les siens sans cesse. Ce moment est tellement doux et plein de sincérité. Je me sens si bien près de lui, tout est si simple. Et ses paroles me font du bien. Bizarrement ce soir, comme il l'a dit, je ne me prends pas la tête, moi non plus. Pour rien au monde je voudrais que cette soirée soit gâchée.

Alors, dans un élan tellement vif mais tellement naturel en même temps, je me rapproche de lui jusqu'à effleurer ses lèvres. On se regarde toujours, sans être saouls ou complètement ailleurs, on s'embrasse. La magie du moment m'a transporté. Je ne pouvais pas penser à autre chose de toutes façons. J'en mourrais d'envie. Ses lèvres m'appelaient.

Alors que le soleil commence à se lever, nos lèvres sont scellées.

_______________________________________

Partie 20, j'hallucine!

J'aimerais juste vous remercier, toutes mes lectrices d'être là à me soutenir, et à apprécier ma fiction. J'espère qu'elle continuera de vous plaire car la fin est encore très loin. J'ai encore tant d'idées qui trottent dans ma tête, si vous saviez.
Continuez de me faire autant rêver, c'est un plaisir d'avoir des lectrices fidèles et non pas des fantômes. Vraiment. Merci.

Bonne lecture je vous aimes !

Imaginingstar ☆

Destinés [Benjamin Pavard]  TERMINÉE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant