Chapitre 1 Baptiste

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-Baptiste Baptiste ! 

Je vois encore flou le temps que mes yeux s'acclimatent à la lumière, mais un faisceau lumineux attaque mes pupilles et démolit mes rétines. Je crois que je suis aveugle maintenant.

-Debout Baptiste !

Je tourne vivement la tête, des tâches blanches sont apparues devant moi.

-Alleeeeeeeeeez !!!

Je me sens secoué, j'ai le mal de mer.

-Debout debout debout !

On me saute sur le ventre. Le contenu de mon estomac se manifeste, je finis par atteindre la limite de ma patience :

-Fiche-moi la paix, espèce de petit démon.

-DEBOUT ! Tu sais quel jour on est ???

-Non, j'en sais rien mais je sais qu'il est beaucoup trop tôt.

-Il est six heures !

Je gémis. Six heures. Un samedi matin.

-Je te hais.

-C'est mon ANNIVERSAIRE !!

-Ah...

-Quoi « ah » ? Il est où mon cadeau ?

-Euh... il est ... caché ...

Vite, réfléchis Baptiste, le lieu le plus éloigné de la maison...

-Dans la... dans la ....

Des yeux verts me fixent, sceptiques.

-Dans la sellerie !

-Quoi ! Mais j'ai pas le droit d'y aller sans toi ... lève-toi alors !

Erreur fatale, j'avais oublié qu'elle n'avait pas accès à la sellerie sans la présence d'un adulte. Il va falloir que je me lève alors. Peut-être .. plus tard ... je referme mes yeux, je replonge dans les bras de Morphée.

-D E B O U T !

Je sens des petits doigts gras qui m'écrasent les yeux, en essayant d'attraper mes paupières. Je me retourne, elle tombe dans un bruit sourd. Enfin du calme, j'entends des petits pas qui partent de la chambre et soupir d'aise. Jusqu'à ce que de l'eau glaciale soit jetée sur mon visage et coule le long de mon dos. Je déteste le froid, je saute hors de mon lit en hurlant, et une idée me germe à l'esprit. Je me roule par terre comme si l'eau me brulait la peau, et j'entends une voix enfantine paniquer.

-Baptiste ? Baptiste ça va ? Aaaaaaah je voulais pas je voulais pas je voulais paaaaaaaaaas

J'accentue mes cris, Hana panique de plus en plus. Elle me jette une serviette sur la tête comme si j'étais contagieux et je ne peux retenir mon rire, j'explose, elle est si facilement manipulable, je peux imaginer son air vexé, les joues rouges et gonflées, des yeux verts à demi clos et des petits sourcils bruns froncés.

-Baptiste t'es pas gentil !

J'ai les larmes aux yeux, la serviette toujours sur ma tête, je me tiens le ventre sans arriver à m'arrêter. J'entends des petits pas et un claquement de porte.

Après quelques secondes dans lesquelles je reprends mon souffle, je me redresse. Elle a tout de même réussi à me faire sortir de mon lit à six heures un samedi matin, ce petit bout de fille est un réel démon. Je m'habille en vitesse et descends l'interminable escalier.

J'ai toujours pensé qu'une maison de cette taille était tout simplement insensée, on est quatre dans la famille, moi, ma sœur et mes parents, et cinq domestiques. La maison doit avoir une quarantaine de pièces, seule la moitié est occupée ... c'est ridicule. Je n'oserai pas le dire à ma mère, encore moins à mon père. Ils sont tellement gentils, je refuse de les blesser alors j'attends, j'attends le jour où j'aurais ma propre maison, une petite maison simple qui sent bon le bois et la poussière, avec des fleurs et des étagères sur les murs, remplies de livre. Il y aurait... sept pièces, une cuisine, deux chambres, une salle de bain, un grenier et au centre un salon avec un beau parquet. Dans cette pièce je mettrai ma harpe, elle reluirait au milieu de la pièce, réchauffée par le soleil de l'après-midi. J'aurais une pendule aussi, une pendule sans prétention, sans ornements, sans décors inutiles, elle rythmerait mes journées et je m'endormirais en entendant son balancement régulier. J'aurais certainement une cheminée aussi, et mon chat passerait les nuits d'hiver couché sur le siège en face.

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