Chapitre 12 Nathan

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Assis sur une chaise en plastique bleu, j’attends patiemment Rose. Ma petite Rose. Belle fleur qui parait sans défense mais qui, avec ses épines, sait piquer où ça fait mal.
Dans les couloirs de la prison je n’arrive pas à tenir en place, j’essaie cependant de rester assis et de paraitre le plus calme possible. Je pourrais enfin sortir, gouter au fruit de la liberté. Sentir les fleurs, manger de la vraie nourriture, passer des heures en présence de mon petit sucre d’orge. Et dès ce soir, regarder Spirit !
-Vous pouvez récupérer vos biens personnels et rejoindre la sortie, Leroy.
J’ai un temps de réaction avant de comprendre que c’est bien à moi qu’on parle. Je passe le sas et récupère mes affaires. Je suis tellement pressé que mon corps en devient maladroit, je fais tomber les choses, ou elles me glissent des doigts.
Je prends une bouffée d’air et passe de l’autre côté du portique. Du coté des non-incarcéré. Il m’a fallu exactement deux secondes pour repérer Rose. Elle est comme je l’ai laissée, simple, passe partout. Elle m’attend adossée contre un mur, alors qu’une chaise est libre à sa droite. Ses yeux pétillent lorsqu’elle me voit. J’imagine que les miens sont pareils.
On s’enlace tendrement sans un mot. On est comme ça, pas besoin de parler, on se comprend. Je la sens tressauter dans mes bras, je la sers un peu plus fort pour calmer les larmes que j’imagine -et j’espère- de joie. Elle s’écarte doucement et me regarde. Les pleurs ont laissé des traces rouges au fond de ses yeux, un rictus tremblant se dessine maladroitement sur ses lèvres. Elle est magnifique, comme toujours.
Je sais qu’elle essaye de passer inaperçue auprès des autres depuis quelques temps. Elle n’a profité de ce qu’elle était que l’été dernier. A la fin du collège, elle a perdu beaucoup de poids, et depuis deux ans ses formes de femme se sont développées. Je vois les regards que les hommes posent sur elle. Mon petit sucre d’orge a encore bien grandi. Son regard est entièrement marron, « marron cochon » comme je disais pour l’embêter quand elle a commencé à mettre ses lentilles. Elle n’aime pas ses yeux, pourtant ils sont magnifiques, ils sont une partie d’elle, ils la rendent encore plus différente des autres. Elle cherche à se fondre dans la masse, et c’est si triste quand on sait qui elle est.
Elle me prend la main et me dirige vers la sortie.
-On prend un petit déjeuner ensemble et puis on fait ce que tu veux. C’est ta journée, me déclare-t-elle
Je la suis sans protester, jusqu’au bus qui nous emmène tout droit dans le centre-ville.
J’ai l’impression que ça fait des années que je ne suis pas sorti. Seulement six mois, qui sont passé comme une éternité.
-Alors, comment tu t’en sors sans moi ma puce ?
Je vois son sourire s’élargir avant qu’elle ne prenne la parole.
-Pas mal je pense. J’ai arrêté un violeur la semaine dernière, ce qui m’a permis d’avoir une belle somme d’argent de la part de ….
-Comment ça un violeur ?
Elle lève les yeux au ciel et croise les bras comme une enfant de 10ans le ferait, puis me fixe et sourit fièrement.
-Il n’acceptait que les paiements sans contact apparemment. Mais grâce à une des prises d'aïkido que tu m’as apprises et une petite dose de morphine, j’ai réussi à le contrôler et Jean-François l’a embarqué.
Je peste dans ma barbe -que je dois d’ailleurs raser- car je ne peux rien dire. Il faut dire que ce n’est plus une petite fille, elle sait parfaitement se défendre seule. Mais quand même ...elle ne me laisse pas le temps de protester.
-Ensuite j'ai un petit boulot toutes les deux semaines chez Marie-Ange. C’est une vielle dame qui a besoin d’aide pour gérer son jardin. Et enfin je vais donner des cours particuliers en maths !
Je souris, rassuré : elle a l’air de tout gérer sans problème.
-Ça a l’air d'aller les petites affaires de ce que je vois ...
Elle hoche la tête, tout sourire.
-Je peux retourner en prison alors ?
-Oh non !
Elle me saute dans les bras et m'emprisonne des siens.
-Ne repart jamais, tu m’as tellement manqué !
J’hume le doux parfum framboise de ses cheveux.
-Toi aussi tu m’as manqué mon sucre d’orge… toi aussi.
Après ce temps d’échange de sentiments fraternels passionnés, on descend au café. On a prend tous les deux un long cappuccino crème. De quoi bien se réveiller.
-Alors que comptes-tu faire aujourd’hui ?
Ma réponse est plus que spontanée.
-Aller chez le coiffeur !
Elle regarde mes cheveux avec un air moqueur. Avant de partir en prison j’avais une belle teinture orange de feu. En prison j’ai demandé à avoir une coiffeuse, sauf qu’elle ne pouvait pas me faire de teinture. Bref, au bout de six mois je me retrouve avec un orange délavé sur la moitié de mes cheveux et mon brun naturel qui a commencé à repousser.
-D'accord, j’appelle le salon de Solange et je demande un rendez-vous.
-Si c’est possible
Pendant mon absence elle a tellement pris de dépendance et d’autonomie que je n’ai plus peur de la laisser seule. Je pense que quand j’aurai un peu plus d’argent je lui offrirai un voyage, qu’elle aille découvrir le monde.
On finit notre café en discutant. Elle me parle de Marie-Ange, qui a l’aire d’être une personne assez exceptionnelle à ses yeux. 
Ça me fait du bien de retrouver Rose pas si seule que ça. Malgré sa volonté de s’isoler, elle rayonne. Mais quelque chose derrière son regard me fait rapidement comprendre que quelques chose cloche. On en reparlera plus tard. Pour le moment je profite d’être avec elle.
-C'est parti ?
Je me lève et elle me suit jusqu’au salon de coiffure. Là-bas je décide de changer de couleur, ça me fera peut-être oublier les six derniers mois. Je choisis du bleu paon qui dégrade sur du vert. Lorsque j’annonce mon choix à Rose, elle fait une drôle de grimace. Pourtant quelques minutes plus tard, le résultat y est, c’est même encore mieux que l'orange. Je la regarde, elle a l’air convaincue, je suis plutôt fier de mon choix.
On a passé le reste de la journée à se balader, bavarder, je retrouve mon petit sucre d’orge. Le soir on a regardé Spirit autour d’une bonne pizza kebab. Et nous nous sommes endormis ensemble sur le canapé, avant la fin, comme lorsque nous étions petit.
Cette journée de retrouvailles et de liberté m’a fait oublier la froideur des murs gris de la prison, je retrouve enfin mon soleil.

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Salut,
On découvre notre petit Nathan😍 qu'en pensez vous?
La relation frère et sœur qu'il entretient avec Rose n'est elle pas trop mimi ? 🙈
N'hésitez pas à laisser un commentaire ❤️
Passez une bonne semaine
18/11/2018

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