Chapitre 22 Rose

14 2 0
                                    

Je me réveille en sueur...des bribes de rêve qui s'estompent, « part » me disait une voix lointaine. Des images floues, lumineuses et même un peu abstraites restent imprimées dans ma tête. Je voyais la pierre de Baptiste et un papillon noir qui semblait sur le point tout détruire. Puis des flashs de plus en plus rapides, des animaux, des plantes, et finalement une grande forêt bleue. Elle avait l'air ... magique, si apaisante... « C'est la seule solution » avait fini par m'avouer la voix.

J'allume la lumière et prend le carnet que j'ai au bord de mon lit pour noter tout ce dont je me souviens.

Cela fait maintenant deux jours que je suis partie de chez Baptiste, le laissant perplexe quant à mes origines... pour le moins particulières. Il m'a prise pour une folle, même pour une droguée. Je le comprends... mais bon.

Il m'a dit qu'il pouvait me faire confiance, pourtant je sens son doute d'ici, de chez moi.

Je regarde le réveil : 9h30. Depuis que j'ai pris la pilule, mes nuits sont agitées...très agitées. Deux nuits, j'ai refait les mêmes visions que j'ai déjà vues avec la pilule. Peut-être pour que je retienne un maximum de détails et d'informations. Le chemin pour retirer ce fichu collier sera long, on ne conjure pas une malédiction si simplement.

Je repose mon carnet à sa place initiale et sort de mon lit en frissonnant. Pour un mois de mars il fait frais. J'enfile mon peignoir violet avec une petite licorne brodée sur le pan gauche de celle-ci. Un autre cadeau de Nathan, à mes 13ans je crois.

Je sors de ma chambre et découvre Nathan affalé sur le canapé. La table basse est pleine de cochonneries : brioche, confiture, chocolat, croissant, pâte de fruits, beurre de cacahuète...BEURRE DE CACAHUÈTES !!!

Je saute sur le canapé à côté de Nathan qui sursaute. Je regrette un peu mon geste lorsque les ressorts du vieux canapé se déforment sous mes fesses, en laissant un bruit rouillé s'échapper.

-Bonjour mon sucre d'orge, sourit-il. Évite de détruire le canapé si tôt le matin, s'il te plaît.

J'ignore sa remarque et ouvre le pot de beurre de cacahuète. Je respire un grand coup, l'odeur qui s'en dégage est si agréable ... une odeur ... salé et addictive, elle me fait saliver.

-Pourquoi tu en as acheté ? râlais-je.

Je vois bien qu'il ne voulait pas mal faire... mais il connaît parfaitement mon addiction. Combien de kilos vais-je encore prendre ? ... Ça faisait au moins cinq mois que je n'avais pas croisé une cacahuète. Du coup, pas de tentation.

-Je veux voir ton visage culpabiliser alors que tu t'enfiles le pot à la petite cuillère, répond-il simplement, en me pinçant la joue.

J'ai l'impression de revenir un an en arrière, comme si rien n'avait changé. Nathan n'est jamais parti en prison, Tata Béa est encore là, j'ai le BAC dans quelques mois, et surtout l'été n'est pas encore passé. Si seulement...

Sans plus attendre, je prends un couteau et une brioche industrielle. Après avoir découpé un bon morceau, je saisis le pot de toutes mes convoitises. Je plante le couteau dedans et inhale le parfum qui s'en dégage encore. Mon dieu... douce addiction.

Le micro-onde sonne et Nathan se lève avant de partir dans la cuisine. Je tartine ma brioche avec un généreuse couche de la pâte maronnée.

Je m'étais pourtant interdit de retoucher aux cacahuètes... j'avais même gardé la ligne.

Je croque ma première bouchée et explose dans une jouissance gustative. Le salé et la douceur du beurre de cacahuète sur la brioche sucrée, tiède et moelleuse... c'est totalement délectable.

Keep it magicalWhere stories live. Discover now