Chapitre 8 Rose

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Je sens mon corps lourd, engourdis. J'essaie de bouger les doigts...Cela se révèle compliqué.
Je ne peux pas bouger et encore moins ouvrir mes yeux qui me paraissent comme scellés par du ciment. Mes muscles tendus sont immobilisés. Je décide d'écouter autour de moi. Un bip incessant revient toutes les secondes, comme pour me rappeler que je suis encore de ce monde.
Je rassemble le peu de force qui me reste. J'ouvre finalement mes paupières. Une lumière blanche m'aveugle. Serais-je encore dans mon rêve ?
Peu à peu j'arrive à discerner les formes qui m'entourent. Je reconnais des meubles blancs et bleu clair. Je sens sous mes doigts un tissu fin, un drap. Une odeur de lessive atteint mes narines.
Je reconnais l'endroit, j'ai passé trop de temps ici. L'hôpital.
Une fois les taches blanches disparues, je scrute la pièce. Le jour perce à travers les rideaux et arrive sur une table de chevet posée à ma droite. Je regarde la tache de soleil qui s'étale sur le bois peint en un horrible bleu pâle. En relevant la tête je m'aperçois qu'une horloge murale indique 10 heures.
Que s'est-il passé ?
Je me tourne vers la chaise réservée pour les visites. A ma grande surprise, celle-ci n'est pas vide. Une personne, ou plutôt un jeune homme, y est affalé. Il dort la bouche ouverte, avec un léger ronflement qui me fait sourire. Il porte un Jeans noir et un t-shirt blanc qui fait ressortir le tatouage dans son cou. Ce sont deux branches de lierre qui semblent vouloir l'étrangler, l'emprisonner. Il a un visage fin et détendu par le sommeil. Je vois sur son oreille gauche une série de petites boucles d'oreilles. Finalement mon regard se pose sur les cheveux du haut de son crâne, ils sont plus longs, emmêlés, et surtout, violets. Je pense que si je l'avais déjà vu quelque part, j'aurais retenu son style. A travers son t-shirt blanc on peut deviner ses épaules fortes et sa carrure solide.
J'avoue avec difficulté que si je l'avais croisé l'été dernier, il serait bien passé à la poêle...Je secoue ma tête pour en sortir mes idées pas très catholiques. Lui se réveille, il s'étire et se tourne vers moi, tout sourire.
-Bonjour Aurore, bien dormis ?
Il baille comme un ours mal léché et me regarde en attente d'une réponse.
-Heu.. bien merci
Je souris à mon tour, ne sachant pas vraiment quoi faire.
-Je reviens, je vais prévenir les médecins de ton réveil.
Je hoche la tête et il sort. J'observe le sac qu'il avait à ses pieds. Un sac noir... c'est mon sac ! Mon sac avec toute ma "marchandise". J'espère que personne ne l'a ouvert et encore moins balancé à la police. Nathan va sortir de prison, il ne faut pas que j'y aille à mon tour, j'ai besoin de lui.
Le jeune homme revient tout sourire avec une jolie infirmière et un médecin aux cheveux poivre et sel.
-Bonjour Mademoiselle Leroy, vous allez bien ? Me demande le médecin en regardant mon dossier
-Quelques courbatures, mais rien de bien méchant.
L'infirmière fait quelques examens, vérifie ma tension, me pose quelques questions. Le jeune homme aux cheveux violets reste là et me regarde. C'est assez gênant. Pourtant maintenant qu'il est réveillé j'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part.
Le médecin m'explique que je vais pouvoir sortir et part. Avant de partir l'infirmière se tourne vers le garçon de ma chambre.
Désolé si je vous embête, mais vous avez montré votre sac à l'entrée ? Je sais que les vigiles sont un peu débordés, mais c'est la procédure. Demande-t-elle  
Je regarde mon sac qu'elle pointe avec son doigt. Mon cœur s'accélère, tambourine. Heureusement que l'électrocardiogramme a été déconnecté de mon cœur par l'infirmière quelques secondes au part avant. Sinon, on entendrait probablement la machine s'affoler. Le garçon se penche sur mon sac et l'ouvre. Il plonge la main dedans. Je ferme les yeux... par pitié... non.
-Je pense qu'elle en a besoin pour reprendre des forces.
C'est le jeune homme à côté de moi qui vient de parler.
J'ouvre mes yeux et le découvre qu'il tend un paquet de madeleine à l'infirmière. Il se tourne vers moi avec un beau sourire. Il me tend la madeleine que je saisis sans vraiment réfléchir. 
L'infirmière part sans rien rajouter. A part un petit regard niais que l'on n'offre qu'aux petits couples mignons.
-Que s'est-il passé ?
Les mots sont sortis tout seuls de ma bouche.
-Hier soir, alors que je me promenais en ville, commence-t-il, une jeune fille est tombée dans les pommes. Je l'ai gentiment portée et un super flic nous a emmené aux urgences. J'ai récupéré son sac en voyant ce qu'il y avait dedans pour ne pas qu'elle passe le reste de l'année en prison.
Je le regarde pour qu'il continue car dans mon sac, il y avait ma marchandise et mon arme dans mon pull.
-Pas la peine de me regarder comme ça, je n'ai rien volé. J'ai tout laissé chez moi.
J'ouvre la bouche et la referme instantanément.
-Pour ce qu'il y avait dans ton pull...Je vais éviter de me poser des questions.
Je respire à nouveau, soulagée que personne ne soit au courant, à part le jeune homme tatoué. J'imagine que je lui dois quelque chose maintenant.
-Est-ce que...
-Je sais ce que tu as eu ? Affirmatif, un malaise vagal, et puis t'es tombée dans les pommes. Quand je t'ai déposée ici tu t'es réveillée un peu en transe alors ils t'ont donné des médicaments pour dormir.
...tu voudrais quelque chose ?... était la fin de ma question. Mais ça m'arrange aussi de savoir ça. Il continue de débiter comme un hyper actif.
-J'ai regardé sur internet, il faut donc que tu reprennes des forces. J'ai ramené des madeleines !!!
Je le regarde. Il a l'air si à l'aise. Ses yeux pétillent comme ceux d'un enfant. Ses yeux... il me dise quelque chose...
-... Tu te souviens de moi ?
Je plonge dans ses yeux noisette et peu à peu, j'immerge dans mes anciens souvenirs de lycée...

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