Chapitre 7 Rose

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J'ouvre les yeux doucement, aveuglée par la lumière blanche qui m'entoure. Je suis debout, dans...  En fait je sais pas vraiment où je suis. Tout est blanc, vide et grand.
Je ne suis pas enfermée, je ne suis pas libre non plus. Mon corps se détache dans ce décor immaculé. Blanc, blanc, blanc...vaporeux, presque cotonneux. Où suis-je ?
Mon premier réflexe est de vérifier si Erastis est toujours là.  Je passe ma main dans la poche de mon pull et frisonne au contact du fer, froid. Au moins je pourrais me défendre en cas de problème.
Je reconstruis peu à peu ce qui s'est passé. La livraison, le papillon, le vertige, le vide. Le néant, plus rien.

Le Néant ?? Suis-je morte ? Ce serait donc à quoi ressemble le paradis. Alors le paradis est réellement vide et blanc ?
Je vois l'ombre d'une silhouette s'approcher de moi. Je me retourne, il est grand, châtain, musclé sous sa chemise sans pli. Je pose ma main sur mon arme en cas de problème. Il fait quelques pas vers moi, des pas mesurés, comme si tout avait été calculé. Et moi, je ne bouge pas, paralysée.
Il porte un magnifique costume sombre qui contraste avec l'environnement, comme une tache d'encre noir sur une page vierge, et une cravate satinée nouée à son cou. Il me domine de sa taille et de sa carrure.
-Bonjour Rose, me dit-il, le son de sa voix est rauque.
Ça me surprend, Il a l'air si irréel que je ne l'avais même pas imaginé doué de parole. Je n'ose pas vraiment bouger. Qui est-il ?
-Je sais ce que tu dois te demander...
Il prend une grande inspiration, et un air grave.
- Je suis ton père.
La phrase résonne, et j'éclate de rire face à cet réplique culte et parfaitement ridicule. Un petit rictus se forme sur ses lèvres.  Lui, mon père ? Je sais que je n'ai jamais vu mon père, mais lui, il pourrait avoir 10 ans de différence avec moi.
Je me calme et il reprend :
- Sinon, je suis aussi Éros.
Éros, Éros... je cherche dans ma mémoire ce nom qui ne me paraît pas si étranger.
-Dieux de l'amour... m'explique-t-il.
Je ne sais pas comment je dois réagir. Qu'est-ce qu'il raconte ? J'hésite entre rire, ou l'écouter sérieusement. Il paraît, quand à lui, consciencieux. Je secoue la tête, je dois être dans un drôle de rêve .
-Je...tu...essayais-je
-Ne t'inquiètes pas je vais tout t'expliquer, assis toi.
Il me désigne  une chaise, derrière moi, que je suis certaine de ne pas avoir vu en arrivant. Il s'installe à son tour et s'assoit en face de moi avec une expression sérieuse.
-Bon, je recommence.
Il prend une grande inspiration.
-Bonjour, je suis Éros, dieu de l'amour. J'ai eu une liaison avec ta mère il y a quelques années de cela. Et tu es née.

Je cligne des yeux, perplexe. Premièrement, depuis quand les dieux existent ? Pourquoi mon père ? Pourquoi maintenant ? Je n'ai jamais su qui était mon père, je m'en fichais un peu. Je me suis toujours dit que ce devait être un connard et que la première chose que je ferais si je le voyais serait de lui mettre une baffe. Mais la claque est mentale et c'est sur moi qu'elle arrive. Je me répète les questions comme si les réentendre allait me donner une réponse : depuis quand les dieux grecs existent ? Et mon père ?

-Marine...
Je frissonne en entendant le prénom de ma mère sortir de sa bouche.
-Elle était douce, compréhensive auprès de ceux qu'elle aimait. Un peu comme toi, malgré le fait que tu te sois enfermée dans ta carapace.
-Mais c'est pas possible... commençais-je
-Qu'est ce qui ne va pas ?
Qu'est qui ne va pas ?? Mais TOUT, tellement de choses que je ne sais pas quoi commencer. Je lui dis la première chose qui me passe par l'esprit.
-Vous paressez jeune...
Un petit sourire satisfait étire ses lèvre. Et d'un coup je me rappelle que ceci n'est ni plus ni moins qu'un rêve qui devient de plus en plus loufoque... cependant, j'ai toute ma conscience, ça me paraît assez étrange. J'ai déjà entendu parler des rêves lucides mais le réalisme est saisissant.
-J'ai te l'ai dit, je suis un dieu, me rappelle-t-il, et on a la capacité d'avoir l'apparence de notre choix.
Je rumine et tente de démêler mes pensées. Y a des bugs dans ma tête.
-Imaginons, tu... vous...
-Je suis ton père, je t'autorise à me tutoyer, Rose. Tu fais partie de l'élite.
-Ok... Donc imaginons que tu sois réellement mon père et aussi un dieu... Pourquoi me voir maintenant ?
-Aussi perspicace que sa mère la p'tite. Bon, enfaite . . . Tu es en danger.
- En danger ? De quoi ?
- Je pense que tu le sauras bien assez tôt. En attendant j'aimerais te mettre en possession de quelques pouvoirs.
Je le regarde. Il paraît sérieux, sûr de lui.
- Comment je sais que vous êtes digne de confiance ?
Il se lève doucement et tend sa main vers moi.
-Donne-moi Erastis s'il te plaît.
- Va crever. Si tu veux vraiment que je me défende, laisse-moi mon arme.
- Il ne s'agit pas de ça. Donne-la-moi.
Le sentiment de révolte qui gonflait mon cœur s'est tu. Le ton de sa voix a changé, elle résonne entre mes oreilles, elle est forte, sèche, et surtout, elle me fait peur. Je sens sa puissance émaner de lui, je suis trop faible, j'ai l'impression de pouvoir mourir d'une seconde à l'autre. Je serre mon arme contre ma poitrine, j'attends quelques secondes et je la lui tend, le bout de mes bras tremble. Je sais que je ne pourrais pas lui échapper, même dans ce grand espace.
Il saisit mon arme d'une main ferme, la regarde quelques secondes. Puis la casse en deux. Je n'ai pas eu le temps de réagir, je ne bouge pas. Cet homme a réussi à casser mon arme comme s'il s'agissait d'un vulgaire morceau de bois, une petite brindille. Je regarde les miettes restantes d'Erastis qui gisent au sol. Mes yeux me brûlent, des larmes se forment sur le bords de mes paupières.  Cette arme, c'était la seule. C'était surtout celle que Nathan m'avait offerte avant qu'il parte.
-Tu n'en as plus besoin, m'explique-t-il.
Je lui lance un regard noir. J'aimerai pouvoir l'assassiner. Il sort à son tour une arme de sa poche. J'ai un mouvement de recul, imaginant qu'il puisse me tirer dessus.
-Je te présente ta nouvelle Erastis. Elle porte le même nom. Sauf qu'elle se reconnaît, en quelque sorte, elle sera capable de t'aider durant ton aventure.

Cette arme est magnifique. C'est un revoler au métal noir finement gravé d'arabesques fleuries, avec un manche en bois rose brillant. Je n'ai jamais vu un tel modèle, et je reste subjugué face à cette merveille. Je le prends délicatement, comme un trésor.
-C'est Héphaïstos qui te la forgé, le bois vient de Daphné, c'est du laurier. Il faudra que tu remercies ton oncle...
-Wouah... C'est la seule chose qui sort de ma bouche.
En sentant le fer glacé sous mes doigts, je prends conscience que je ne fais peut-être pas un rêve, que finalement tout est bien réel. Pourtant cette arme ressemble à celle dont j'avais rêvé il y a quelque temps. En fer mat avec un bois vernis. Mon rêve répétait « Erastis » voilà pourquoi j'ai nommé mon arme ainsi. Mais je m'aperçois que c'est celle que j'ai désormais entre les mains, Erastis.
-Je de donne cette bourse en cuir aussi.
Je tends la main pour la prendre, mais il retire l'objet avant.
-Attend, il faut que je t'explique. Cette bourse est magique. Elle contient cinq types d'objet.
Il plonge sa main à l'intérieur et en sort quatre balles de pistolet : une rouge, une rose, une blanche et une noire. Plus une pilule rouge.
-Pour sortir chacun de ces objet, tu as juste à y penser.
Je regarde la balle rouge, la blanche et celle rose qui dégagent une sorte d'aura étrange.
-Si tu tires avec la rose sur quelqu'un, tu faciliteras sa vie sentimentale pendant deux ans. Avec la rouge, c'est l'inverse. La personne aura des problèmes dans ses relation amoureuses. Mais pendant seulement deux mois pour éviter une sentence trop lourde, au cas où tu te trompes de cible. La blanche est plus complexe, elle produit des coups de foudre. Il faut que tu tires sur les deux personnes en même temps, la balle transpercera le premier et se logera dans la deuxième personne. Cependant elle ne fonctionnera pas éternellement, si les deux cibles ne sont pas compatibles l'effet s'estompera avec le temps.
Des balles magiques ? J'essaie de me pincer le bras. En vain, je ne me réveille pas.
Je croise le regard amusé du pseudo dieu avant qu'il ne reprenne son discours.
-La noire est une balle normale, ça, tu sais t'en servir. Le dernier objet. Je te présente une pilule d'Oracle. Ne l'utilise qu'en cas d'urgence. S'il y a une utilisation trop régulière, elle pourrait être néfaste pour ta santé, elle est capable de donner le syndrome du delirium. C'est seulement en cas de problème.
Je hoche la tête, ne sachant ni quoi dire, ni quoi faire. Je suis dans un monde où dieux, magie, et surtout mon père, existent. On m'a toujours dit que les dieux grecs n'étaient que mythologie, la magie n'est que tour de passe-passe. Et mon père... J'avais fini par douter de son existence.
Je calme ma respiration et range l'arme et la bourse . Je me lève et m'approche de mon supposé géniteur. 
-Je ne serais malheureusement jamais le père que tu attends.
- Je n'ai jamais rien attendu.
Il continue sans s'occuper de ma remarque.
- Mais je vais essayer de te protéger, comme je le fais avec tes frères et sœurs.
-Des frères et sœurs ? Mais maman n'a pas eu d'autres enfants que moi, c'est ce que m'a dit tante Béa.
-Oui, Marine n'en a pas eu d'autre. Mais moi, j'existe depuis longtemps. Je suis tombé amoureux une multitude de fois, je suis le dieu de l'amour après tout.
Je n'ai plus peur de lui. S'il avait voulu me faire du mal, il l'aurait fait avant. J'accepte peu à peu tous ce qui m'entoure.
-Rose...
Mon prénom sonne comme une évidence dans sa bouche. Je ne suis pas la fleur fanée et délaissée, mais le symbole de l'amour.
-C'est moi qui ai soufflé ton prénom à ta mère, avant de partir. Il te va tellement bien.
Je voudrais voir Nathan et tout lui expliquer. Il me comprendrait et se réjouirait de savoir que j'ai retrouvé mon père. J'ai inconsciemment écarté la théorie du rêve, et une question surgit de mon esprit. Où suis-je ? Tout est blanc... je suis avec un dieu grec. Le mont Olympe ? Je regarde autour de moi. Je suis donc dans la maison des dieux.
Un rire malin résonne derrière moi. Je me retourne vers Éros.
-Non, ce n'est pas l'Olympe, Rose. Je me suis plus ou moins immiscé dans un de tes rêves.
Son rire reprend, de plus en plus fort, comme si c'était absurde comme idée. Je ris jaune, gênée.
-Ah oui, s'arrête-t-il, Le papillon !
Je me souviens alors du petit papillon blanc dentelée que j'ai vu avant d'arriver ici.
-Exactement celui-ci, me confirme-t-il, Il t'aidera pour trouver ta voie, savoir à qui tu peux donner ta confiance. Tu es la seule à le voir. Enfin normalement, Mais certains enfants ont la chance de les percevoir, même les sentir.
Je repense à ce papillon, il me paraissait si pur, magique. Je comprends mieux maintenant.
-Et une dernière chose....
Il se lève et se dirige vers moi.
-Oui ?
Il m'enlace tendrement. Je sens ce contact rassurant. Celui dont j'avais rêvé, petite. Celui d'un père qui serre sa fille.
-Appelle moi papa...
 


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Coucou :)

Un chapitre assez spécial cette semaine (non Rose n'est pas sous hallucinogène), Vous aimez ?  Que pensez-vous de son père et de ses nouveaux pouvoirs ? Et surtout de cette nouvelle vie qui commence pour elle alors qu'elle n'a rien demandé ?

Sur ce, à la semaine prochaine ^^

14/10/2018


Keep it magicalWhere stories live. Discover now