Chapitre 11

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Les beaux yeux en amande et aux iris noirs que Sanjay posait sur lui faisaient fondre son cœur et perdre ses mots à Jules.
— Tu m'as fait un cadeau ? C'est pas encore Noël ! répondit le libraire étonné.

Jules sortie une grande boîte en carton de son sac et la tendit à Sanjay. Le jeune homme s'en saisit et l'ouvrit pour en découvrir le contenu.

— Des patins à glace ? s'écria-t-il en découvrant son présent.
— Je me disais que ce soir, on pourrait aller à la patinoire du parc. Normalement elle est fermée la nuit, mais être le prince à quelques avantages. On l'aura rien que pour nous.
— Ça a l'air génial, mais je ne sais pas patiner du tout ! le prévint Sanjay
— Je te montrerais...
— Ok, mais cette fois ne t'avise pas à me laisser en plan.
— Je te le promets, mais au cas où, tu pourras dire à tes petits-enfants qu'un prince t'a posé deux lapins !
— T'a pas intérêt à faire ça ! éclata-t-il de rire.

Les deux jeunes hommes discutèrent de tout et de rien encore de longues minutes, jusqu'à ce que le prince ne doive partir. Sanjay raccompagna Jules jusqu'aux portes vitrées de la boutique en lui tenant la main.

— On se voit ce soir alors, souffla le prince se perdant dans le regard sombre de Sanjay.
— Je serais là, répondit-il de sa voix grave.

Les lèvres de Sanjay attiraient plus que tout, celle de Jules. Il voulait succomber, se laisser aller et l'embrasser avec passion, mais il était trop tôt. Jules voulait prendre son temps.

Alors qu'il quittait la boutique un large sourire aux lèvres, il jeta un dernier regard conquis vers Sanjay, sans se douter que l'objectif de l'appareil photo d'Hubert Lork était pointé sur lui et le mitraillait sans s'arrêter.

***

Un large sourire était toujours dessiné sur les lèvres de Jules et illuminait son beau visage alors qu'il passait les portes de l'hôtel d'Ariana. Il monta jusqu'à la chambre de la chanteuse en tentant de rester discret, il ne voulait d'autres articles dans la presse à scandale. À peine avait-il frappé à la porte de la chambre, la jeune femme lui ouvrit et l'accueillit avec une étreinte.

— Quel beau couple, s'exclama Bilal déjà présent dans la chambre.
— C'est pas drôle ! s'écria Ariana en lui jetant un regard noir. Ils savent plus quoi inventer pour faire vendre leurs merdes.
— T'es très remontée dis-moi, fit Jules. C'est pas si grave que ça, tous le monde sait que c'est n'importe ce qu'ils disent.
— Oui, c'est sûr... Allez rentre, je veux savoir comment ça c'est passé ton rendez-vous avec Sanjay !
— Ahh ! Oui moi aussi, hurla Bilal.

Ils s'assirent tous les trois en tailleur sur le tapis recouvrant le sol de la pièce.

— J'ai peur que vous soyez déçu, fit alors Jules.
— Pourquoi ? Ça s'est mal passé ? s'enquit Ariana la mine triste.
— Enfaîte, j'ai pas eu le courage d'y aller. J'ai paniqué et j'ai fait demi-tour. C'est à ce moment-là qu'on s'est croisé avec Bilal et Johann.
— Oui, tu avais pas l'air bien, c'était à cause de ça... comprit-il.

Jules hocha la tête et recoiffa ses cheveux châtain clair de sa main.

— Mais grâce à vous deux, j'ai eu le courage de parler à ma famille. Je leur ai dit que je n'aurais jamais de petite amie, parce que j'aimais les garçons.
— Et comment ils ont réagi ? s'enquit Ariana stressé pour son ami.
— À part mon père... Ils ont tous très bien réagi, ils m'ont dit que ça ne changeait rien pour eux et qu'ils me soutiendraient quoi qu'ils arrivent. J'ai l'impression que je n'ai jamais été aussi proche d'eux tous alors même qu'on a toujours été très soudé. Mais leurs révélés ce que je suis réellement, m'a libéré d'un poids très lourd qui pesait sur mes épaules et m'a permis d'arrêter de me mentir à moi-même. Je pense que ça c'est bien passé, parce que j'étais prêt à leur dire, c'était le bon moment.
— Et pour ton père ? demanda Ariana d'une petite voix.
— Euh... Je l'ai pas vu depuis, il m'a évité toute la journée...
— J'espère que ça s'arrangera entre vous, lui souhaita Bilal.
— Moi aussi.

Ariana se leva pour déposer un baiser sur la joue de Jules et se réinstalla sur le tapis.
— Et pour Sanjay ? Tu comptes faire quoi ?
— Je suis aller le voir à sa boutique ce matin, pour m'excuser et il a accepté de me donner une autre chance. On a rendez-vous ce soir ! raconta-t-il en retrouvant son sourire.
— Ah !! C'est trop génial ! hurla Bilal.

***

La grande horloge de la salle à manger sonna l'heure du dîner dans le château royal, Jules rentrait à peine dans le palais après l'après-midi passer à l'hôtel d'Ariana. Il se dirigeait vers la salle à manger, espérant pouvoir enfin parler à son père, mais lorsqu'il poussa la porte, celui-ci n'était pas là. Face à la place vide qu'occupait habituellement Léon, Anna était déjà installé, tout comme Victoria au bout de la grande table.

— Jules, tu es de retour ! Installes-toi avec nous on va dîner, lui dit chaleureusement sa grand-mère.
— Papa ne mange pas avec nous ? demanda-t-il bien qu'il savait que la réponse serait négative.
— Euh, ton père a dû s'absenter, commença sa mère cachant mal sa gêne. Il a dû se rendre dans notre résidence de vacances pour superviser les travaux, tu sais on fait refaire le grand escalier, continua Anna sans convaincre le jeune homme.
— Maman, on sait tous les deux pourquoi il est parti ! s'écria-t-il. Il ne m'a même pas dit au revoir, il... il a honte de moi, il me fuit.
— Mon chéri, je t'assure que non, il a juste besoin de temps...

Jules tourna les talons et quitta la pièce.
— Jules, où vas-tu, tu n'as rien mangé ! s'écria Victoria en s'élançant à sa poursuite.
— Je n'ai pas faim... souffla-t-il en s'enfonçant dans les couloirs du château.

La porte de sa chambre claqua bruyamment derrière lui. Le jeune homme se saisit de son téléphone et composa le numéro de son père. Les bips de la sonnerie se succédèrent un à un jusqu'à ce qu'il tombe sur la messagerie.

— Papa, je...je voulais juste te dire que je suis toujours la même personne. Je suis toujours le petit garçon que tu amenais se promener dans le parc, que tu amenais au musée ou manger une glace dans le quartier historique. Je suis toujours ton fils, papa ! Celui que tu as attendu pendant neuf mois et que tu as élevé jusqu'à aujourd'hui. Qui j'aime ne fait pas de moi quelqu'un de différent ou de mauvais, je suis juste qui je suis...

Le bip signalant la durée maximale du message retentit. Jules se laissa tomber sur son lit une larme perlant aux creux de ses yeux. Seul la douce pensée qu'il allait revoir Sanjay lui permettait de ne pas craquer.

The Gay Princeحيث تعيش القصص. اكتشف الآن