Chapitre 17

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Les gouttes de pluie qui s'abattaient sur la ville, ruisselaient sur le parapluie d'Ariana Grande. La nuit était tombée sur la rue Vélone, les boutiques fermaient leurs portes une à une. Après avoir passé la journée avec Jules, la jeune chanteuse avait décidé d'aller parler à Sanjay. Elle avait du mal à croire qu'un jeune homme, semblant si gentil et intelligent, puisse avoir fait une telle chose. Elle n'en pouvait plus de voir Jules si triste. Ça lui déchirait le cœur de le voir ainsi et elle ne pouvait supporter qu'ils passent tous les deux à côté d'une belle histoire, si ce n'était pas Sanjay qui avait parlé au paparazzi. Mais avant d'en faire part à Jules, elle voulait être certaine que Sanjay n'y était pour rien.

Elle poussa la porte vitrée de la librairie et s'avança dans entre les étagères. Un groupe de jeunes adolescentes passa à côté d'elle sans même lui adresser un regard et quitta la boutique.

— Nous allons fermer mademoiselle, lui fit la voix fatiguée de Margaret derrière le comptoir.
— Euh... je n'en ai que quelques instants. Je voulais parler à Sanjay.
— Comme tout le monde aujourd'hui, mais il n'est pas là. Laissez-le tranquille ! répondit-elle sur la défensive.
— Non, vous ne comprenez pas, je ne suis pas l'une de ses groupies, dit-elle en s'approchant du comptoir. Je m'appelle Ariana, je suis une amie de Jules. Je ne crois à ce que tout le monde dit sur votre fils, mais j'ai besoin de lui parler pour en être sûr.

Margaret tourna la tête vers Viraj qui avait suivi toute la conversation.
— Vous m'avez l'air sincère demoiselle, fit-il d'une voix grave.
— Notre fils est quelqu'un de bien, il n'aurait jamais fait du tort à qui que ce soit, même pour de l'argent.
— C'est vrai que notre boutique a des difficultés financières en ce moment, reprit l'homme. Mais jamais Sanjay n'aurait accepté de faire du profit sur le dos de quelqu'un d'autre. Même à nous, il n'avait pas dit qui était le garçon qu'il voyait.
— Il habite sur la place Ingrid Onaran. Au cinquième étage, l'appartement du fond.
— Merci, répondit Ariana. Vous entendre parler de lui me fait penser que mon intuition était juste, Sanjay n'aurait jamais fait ça.

Margaret raccompagna la jeune femme jusqu'à la porte de la librairie.
— J'espère que vous pourrez parler à Jules, je n'avais jamais mon fils aussi triste que depuis leur rupture. Il s'est attaché à lui très vite.
— Jules aussi s'est attaché à lui. Je ferais tout pour que cette belle histoire ne finisse pas à cause d'une mauvaise raison.
— Merci, souffla Margaret en regardant la chanteuse s'enfoncer dans la nuit.

***

Le volume au maximum, la musique emplissait son petit appartement. Sanjay ne pouvait s'empêcher d'entonner de sa voix grave et mélodieuse, l'air de la chanson qu'il avait mis boucle.

All along it was a fever
A cold sweat hot-headed believer
I threw my shirt in the air, said, "Show me something"
He said, "If you dare, come a little closer"

Round and around and around and around we go
Oh now, tell me now, tell me now, tell me now you know

Not really sure how to feel about it
Something in the way you move
Makes me feel like I can't live without you
It takes me all the way
I want you to stay

(Rihanna - Stay)

Soudain, quelqu'un frappa bruyamment à la porte.
— Je baisserais pas le son, dégage Camy ! cria-t-il pensant que c'était sa voisine.

Mais les bruits à la porte ne cessèrent pas, au contraire, ils redoublèrent. Il se leva de son canapé, seulement vêtu d'une veste et d'un pantalon de jogging noir et alla ouvrir la porte.

— Camy, je t'ai dit que... commença-t-il avant de se stopper. Tu n'es pas Camy, souffla-t-il en posant son regard sur Ariana.
— En plus d'avoir une belle voix, tu es très observateur, lui lança la chanteuse.
— Si tu viens pour me pourrir, ne te fatigue pas, les admiratrices de Jules s'en sont donné à cœur joie sur Twitter et même à la boutique de mes parents, répondit-il en commençant à pousser la porte.
— Non, s'écria-t-elle en empêchant la porte de se fermer. Je ne suis pas là pour ça. J'ai envie de croire que tu n'y es pour rien et ma discussion avec tes parents me le laisse penser, mais j'ai besoin de te l'entendre dire.
— Ariana, je jure sur tout ce que je possède, que je n'y suis pour rien. Un paparazzi est venu à la boutique pour avoir des informations sur Jules et toi, mais je l'ai mis à la porte.
— Je te crois, mais si ce n'est pas toi, qui est-ce ?
— Je ne sais pas, peut-être que Jules était suivi. Le paparazzi savait qu'il était venu à la librairie, puis ils vous avaient déjà pris en photo au musée.
— Mais oui. Si c'est le même photographe qui nous a pris devant le musée d'art contemporain, ça ne peut pas être toi qui l'a prévenu puisque tu ne pouvais pas savoir qu'on y serait.
— Qui d'autre était au courant ?
— Ça c'est décidé au dernier moment, mais on a dû prévenir le service de sécurité, donc presque tout le palais a dû savoir, réfléchit-elle tout haut. C'est une bonne piste, je vais enquêter là-dessus. Dès que j'aurais des preuves convaincantes, j'en parlerais à Jules.

Ariana quitta l'immeuble du jeune homme. Sur le chemin de son hôtel, elle appela un détective privé avec lequel elle avait déjà travaillé et lui expliqua la situation.

***

Le soleil restait dissimulé derrière d'épais nuages sombres, déversant des litres de pluie sur la ville. Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis que les photos du Prince Jules avaient été dévoilées dans la presse. Si la famille royale tout entière ainsi qu'une grande partie de la population l'avait soutenu, personne n'avait pu empêcher la haine de quelques étroits d'esprits de fleurir ici où là. Mais Jules n'en avait que faire de cela. Malgré le retour de son père, son cœur restait meurtri par l'amour qu'il portait toujours à Sanjay.

— Jules, tu ne peux pas rester enfermé dans ta chambre jusqu'à la fin de tes jours. Il faut que tu sortes, que tu te changes les idées, souffla Ariana au jeune homme resté en pyjama et assis au bord de sa fenêtre depuis des jours.
— Je n'ai pas la force, répondit-il d'une voix à peine audible.
— Je ne te laisse pas le choix ! Bilal nous attend pour aller faire les boutiques ! Habille-toi ou je te jure, je te faire sortir dans cette tenue, le menaça-t-elle un sourire dessiné sur ses lèvres.

Jules tourna son regard triste et fatigué vers la jeune femme.
— J'ai le droit de prendre une douche au moins ? demanda-t-il d'une petite voix.
— Je crois que ça vaudrait mieux pour tout le monde que tu en prennes unes !
— Dis tout de suite que je pue, s'écria-t-il en retrouvant le sourire.

Le jeune homme se saisit d'un coussin et le jeta sur son amie qui éclata de rire.
— Allez, dépêche-toi ! lui fit Ariana en lançant l'oreiller sur le lit.

Alors que l'eau chaude de la douche s'écoulait sur le corps de Jules dans la salle de bain attenante à la chambre, Ariana l'attendait assise sur le lit. Soudain, la sonnerie de son téléphone portable retentit dans sa poche.
— Allo, fit-elle en décrochant.

La jeune femme écouta son interlocuteur attentivement, ses yeux s'écarquillèrent, sa bouche s'entrouvrit.
— Merci beaucoup, s'exclama-t-elle en raccrochant.

Elle entendait encore l'eau de la douche couler, elle avait quelques minutes avant qu'il n'ait fini. Elle quitta rapidement la chambre et s'élança dans les couloirs du château. Elle s'arrêta devant la porte du bureau de la reine et frappa.

— Ariana ? s'étonna la souveraine en ouvrant la porte. Il y'a un problème avec Jules ?
— Euh non... Je suis désolé de vous déranger, mais j'ai des informations qui devraient vous intéresser !

The Gay PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant