Chapitre 14

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La nuit s'était installé sur la ville lorsque Jules rentra au château. À peine avait-il franchi les grandes portes du palais, un large sourire euphorique sur les lèvres, monsieur Harold surgit dans le couloir. Le visage inquiet, il se hâta vers le jeune homme.

— Prince Jules ! s'écria-t-il essoufflé. Où étiez-vous ? Tout le monde vous cherche partout, vous ne pouviez pas répondre à votre téléphone.
— Euh, désolé, je l'avais éteint, souffla-t-il surprit en le sortant de sa poche.

Lorsque l'écran se ralluma, il découvrit des dizaines d'appels manqués.

— Monsieur Harold, pourquoi ma mère et ma grand-mère m'ont-elles appelé autant ? demanda-t-il en commençant à être inquiet. Il s'est passé quelques choses ?
— Euh, ce n'est pas à moi de vous en parler. Elles vous attendent toutes les deux dans le salon topaze.

Jules ne comprenait pas le comportement soudain si étrange de son majordome. Il se hâta pour rejoindre le salon topaze, nommé ainsi en raison de la couleur des tapisseries et des meubles.

— Oh ! Jules, tu es là ! s'écria Anna en le prenant dans ses bras et le serrant fort contre elle. Combien de fois je t'ai dit que je n'aime pas que tu sortes du château sans garde du corps.
— J'étais avec Sanjay, mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? Pourquoi Harold est aussi bizarre aujourd'hui ?
— Tu... tu n'as pas vu les informations... souffla Victoria en se levant du canapé bleu clair.
— Non, pourquoi ?

Victoria et Anna échangèrent un regard grave, mais avant qu'elles n'aient pu prononcer le moindre mot, Jules alluma la télévision. Sur l'écran, dans un bandeau en lettres capital, était écrit « Le prince Jules est gay, sa romantique soirée en amoureux à la patinoire du parc » accompagné de photos de lui et de Sanjay s'embrassant sur le banc.

— Co... Comment c'est possible ? Comment ont-ils pu savoir où on était ? souffla Jules abasourdi en s'effondrant sur le canapé, comme vidé de toute son énergie.

Sous les verres de ses lunettes où se reflétait l'écran de télévision qu'il fixait, les yeux vert sombre de Jules, s'emplirent de larmes.

— Non, Sanjay n'a pas pu faire ça, il n'aurait jamais osé, il doit y avoir une autre explication... souffla-t-il en tournant son visage vers Anna et Victoria se tenant derrière le canapé.
— Est-ce que quelqu'un d'autre savait où vous alliez vous retrouver ? demanda Victoria.
— Euh, non, je ne l'avais dit à personne.
— Parfois, les gens sont capables du pire pour de la célébrité ou de l'argent, tenta de le consoler Anna en s'asseyant à ses côtés et le serrant dans ses bras.
— Il n'est pas comme ça, il se fout de l'argent, ce qu'il veut c'est juste pouvoir vivre de son travail à la librairie de ses parents... qui n'a pas assez de client pour pouvoir rester ouverte encore très longtemps, réalisa-t-il douloureusement. Comment j'ai pu être aussi bête ! s'écria-t-il en enfouissant son visage entre ses mains.

Victoria prit place sur le canapé et se joignit à l'étreinte de sa fille et de son petit-fils.
— On est là pour toi, souffla-t-elle en passant sa main dans le dos de Jules.

Mais soudain, le jeune homme se leva. Il sécha ses larmes d'un revers de la main et enfila sa veste.

— Jules ! Où vas-tu ?
— Je dois le voir, je dois lui parler, j'en ai pas pour longtemps, répondit-il en quittant brusquement le salon.

***

Jules emprunta la porte dérobée, alors qu'il gagnait la place de la ville une foule de journalistes du monde entier s'amassaient devant les grilles du palais, comme le ferait une horde de vautours autour d'une carcasse de viande fraîche. Il dissimula son visage sous la large capuche de sa veste et courut dans les sombres rues de la ville, vers l'immeuble de Sanjay.

Sanjay, seulement vêtu d'un caleçon et les yeux endormis ouvrit la porte de son appartement.
— Jules, qu'est-ce que tu fais là ? s'exclama-t-il étonné. Je t'ai dit que je devais dormir, je travaille demain.

Le jeune homme ne répondit même pas, il poussa le libraire à l'intérieur et referma la porte derrière lui.

— Comment as-tu pu me faire ça ? Comment as-tu pu te servir de moi ainsi ? déballa-t-il sèchement, bouillonnant de colère.
— De quoi tu parles ? Je ne comprends rien !

Jules s'empara de la télécommande de la télévision et l'alluma.
— Je parle de ça, Sanjay ! Ça passe en boucle sur toutes les chaînes depuis plus d'une heure ! hurla-t-il en plongeant nerveusement ses doigts dans ses cheveux châtains clairs. Comment t'explique qu'un paparazzi a su que nous étions à la patinoire ? Tu étais la seule personne au courant.
— Il a peut-être suivi l'un de nous deux... souffla-t-il en baissant la tête. Il y'a quelque chose que je ne t'ai pas dit. Après que soit venu acheter le livre pour ta grand-mère, un paparazzi est passé à la librairie. Il a posé plein de questions sur toi et Ariana, il disait que vous étiez en couple...
— Sanjay, qu'est-ce que tu as fait ? suffoqua Jules.
— Rien, tu dois me croire ! Il m'a proposé de l'argent pour que je lui dise ce que je savais, mais j'ai refusé. Je te le jure, souffla-t-il en prenant la main du jeune homme. Je n'aurais jamais fait une chose pareille, je l'ai mis dehors !
— Tu n'aurais pas dû me cacher ça, comment je pourrais te croire à présent... souffla Jules en retirant ses doigts de la main de Sanjay et baissant le regard vers le sol.
— On se connaissait à peine à ce moment-là, je voulais pas que tu me repousses à cause de ça. Tu dois me croire, je te dis la vérité.

Jules leva son regard vers le libraire. Il avait l'air si sincère, mais le connaissait-il vraiment. Après tout il ne l'avait rencontré que quelques jours plus tôt.

— Je ne peux pas, finit-il par dire.
— Si tu n'as pas confiance en moi, alors je ne vois pas qu'est-ce qu'on fait ensemble... répondit Sanjay tout bas.

Jules se retourna vers la porte, une larme coulant de ses beaux yeux. Ses lèvres s'ouvrirent alors pour libérer son chant.

🎶Am I just a fool?
Blind and stupid for loving you
Am I just a silly boy ?
So young and naive to think you were
The one who came to take claim of this heart
Cold hearted shame you'll remain just afraid in the dark

Now the people are talking
The people are saying that you have been playing my heart
Like a grand piano
The people are talking
The people are saying that you have been playing my heart
Like a grand piano

So play on, play on, play on
Play on, play on, play on
Play on, play on, play on
Play on, I'm done

Am I being a fool?
Wrapped up in lies and foolish truths
What do I see in you?
How can I be thinking that you were
The one who came to take claim of this heart
Cold hearted shame you'll remain just afraid in the dark

The people are talking
The people are saying that you have been playing my heart
Like a grand piano
The people are talking
The people are saying that you have been playing my heart
Like a grand piano

So play on, play on, play on
Play on, play on, play on
Play on, play on, play on
Play on, I'm done🎶

(Nicki Minaj - Grand Piano)

Jules jeta un dernier regard à Sanjay, avant de disparaître derrière la porte.

The Gay PrinceWhere stories live. Discover now