Chapitre 14 : Peter

454 30 12
                                    

- Ca va ?

Je hausse les épaules.

- Tu n'as pas parlé depuis tout à l'heure.

- Je ne suis pas bavard non plus.

- Je veux dire encore moins que d'habitude. Depuis que j'ai proposé à ton pote de manger avec. Tu ne l'aimes pas ?

- Ce n'est pas mon pote. Non, c'est juste que j'en ai marre de faire confiance à des personnes qui ne le méritent pas.

- Peut-être, mais il a quelque chose. Tu avais raison.

Je hausse les épaules.

- On mangera avec demain midi. Et cesse de faire la tête.

Je ne fais pas la tête, j'ai envie de lui répondre. Mais les mots ne franchissent pas ma bouche.

- Ca te dis une bonne vieille fête avec de l'alcool ?

Je suis tenté de répondre que oui, évidemment, mais bizarrement, je ne le sens pas pour ce soir.

- Je me sens pas d'humeur.

Comme il attend que j'ajoute quelque chose, je soupire :

- Je suis fatigué.

- Depuis quand la fatigue t'empêche de boire ?

- L'autre jour, Will m'a dit qu'il refusait de boire parce qu'il préférait faire face à ses problèmes plutôt que de les éviter.

- S'il avait vécu ce que tu avais vécu, il ferait comme toi. Ce qu'il a n'est sans doute pas aussi pire que toi.

Il n'a pas tort, mais il n'en sait rien. Ca se trouve, lui c'est pire. Par la suite, il ne tente pas de me convaincre d'aller boire. Il est comme ça, Lucas.


Le lendemain midi, on attend Will. Il sort quelques minutes plus tard, et en nous voyant il a l'air timide.

- On va où ? interroge Lucas.

- Réfectoire universitaire ? suggère Will.

- Pour croiser les autres abrutis ? Non merci. On a cas aller à l'autre fast food.

Nous nous dirigeons donc vers le fast food. Après avoir commander deux hots dogs au ketchup et un à la moutarde et nous être installé à une table, Lucas entame la conversation avec Will.

- Pourquoi tu es venu dans cet université ?

- J'ai toujours aimé lire et écrire. Et puis, ça me change de la maison. Et vous ?

Nous échangeons un regard avec Lucas. Comment lui dire qu'à la base, c'était pour être sûr d'être ensemble ? Qu'on s'en fout de notre futur ?

Au même moment, j'aperçois la bande débarquer. Lucas les aperçoit aussi mais ne se laisse pas démonter.

- On aime lire et écrire, et puis on avait besoin de nous séparer de la famille.

Les gars fondent droit sur nous.

- Alors ? lance Dave. Ca rigole bien ?

- Ca rigolerais mieux si vous évitiez de nous faire chier, marmonne Will.

- On t'emmerde, le muet, frémit Mark. Pour qui tu te prend ? Tu te crois supérieur ? Alors que tu es incapable d'articuler le moindre mot ?

- Dégagez, vous n'avez rien à faire ici, annonce Lucas.

- On a le droit de venir vous parler, que je sache. Et puis, c'est bien ici pour manger, ajoute Rayan en parcourant la pièce des yeux.

- On ne vous a pas invité, signe Will.

Il me plait de plus en plus, ce gars.

- Parce que toi, on t'as invité ? C'était plutôt par pitié je pense, grimace Simon.

- C'est vous qui faîtes pitié. Vous croyez qu'on est resté avec vous uniquement pour être potes ? je réplique.

Je me lève, aussitôt suivi par Will et Lucas. Tandis que je m'apprête à les attaquer avec Will, Lucas tente de nous retenir.

Heureusement, une serveuse arrive rapidement avec les hots dogs.

-  Et voilà, minaude t-elle. Ce sont des amis ? ajoute t-elle en apercevant la bande. Je peux...

- Rien du tout, coupe Lucas. Merci. Ce ne sont pas des amis. Pouvez-vous les faire partir ? Ils nous dérangent.

La serveuse leur dit de partir, et à notre soulagement, ils n'insistent pas. Nous nous ressayons. Je n'ai plus faim.

Une once de tristesse dans ses yeux (Terminé)Where stories live. Discover now