Chapitre 29 : Will

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Peter était un peu bizarre tout à l'heure. Il signait vite et devenait un peu rouge. Et il a réagi aussitôt quand je lui ai dis que j'allais essayer de parler à mon père.

Il faut dire qu'à chaque fois que je suis avec Tom, je me surprends à penser à Peter de plus en plus souvent. Et je ressens une drôle de sensation dans le ventre. 

Soudain, je me fige. Et si j'étais... Gay ? C'est vrai qu'au lycée, je suis sorti avec une fille du nom de Sophia, et que je n'avais jamais été vraiment amoureux d'elle. Je n'y avais jamais réfléchi.

Ça ne me choque pas, je me sens juste... Bizarre. C'est juste que quand je parle avec Peter, tout me semble tellement simple.

OoO

J'y vais, Tom. Dis bonjour à tes parents de ma part.

Tom hoche la tête en gardant les yeux baissés. Il ne regarde jamais personne droit dans les yeux. Je lui souris, me sentant un peu coupable de le laisser seul. Puis je sors de l'université. Lucas a autorisé Peter à prendre sa voiture. Il doit voir son frère qui vient, donc ça ne le dérange pas.

La voiture rouge est déjà là. Je rentre et Peter évite mon regard. Nous partons et un silence gênant s'installe. Je repense au fait que je suis peut-être gay. Je ne sais même pas si il est hétéro. 

- Tu as froid ? me demande t-il.

- Non, c'est bon.

- Tu es sûr que tu veux le faire ? On peut encore faire demi-tour.

- Non, je ne suis pas sûr, mais il faut que je le fasse. Il faut que je le sorte de là, je rajoute pour moi-même.

- Tu ne lui dois rien.

- Je sais, mais c'est mon père.

- Je n'ai pas reparlé à mes parents depuis la rentrée. Et je suis très bien.

- Pourquoi tu ne leur parles pas ?

Je regrette de poser la question. Déjà son visage se ferme et il ne répond pas. Au bout d'un moment, trouvant le silence trop pesant, j'allume la radio. Je tombe sur Bon Jovi, You give love a bad name. D'un commun accord, je laisse la chanson. Peter augmente le son.

Enfin, nous arrivons. Quand j'aperçois la maison de mon père, je sens mon coeur se serrer. Voyant mon visage, Peter m'attrape la main. Sa main est chaude et réconfortante. Nous entrons ainsi. En voyant la maison qui n'a pas changé, j'inspire un coup. La peur m'envahit. Je monte directement à la chambre de mon père. Devant sa porte, Peter me lance :

- Je t'attends devant la porte, si tu as besoin.

Je hoche la tête, voulant le remercier, car j'ai les mains trop moites pour signer. Quand j'entre, j'aperçois mon père à son bureau, entrain de travailler. Surpris en entendant le bruit de mes pas, il se retourne.

- Wi... Will... Tu es venu.

Ses yeux se remplissent de larmes.

- Je suis tellement désolé... C'est juste que quand tu étais parti, je me suis senti seul, comme quand... Comme quand elle est parti... Et le surcharge de travail en plus... Will, dés que tu es parti la dernière fois, j'ai arrêté l'alcool. Plus jamais j'y toucherai, je te le promets. Pour de bon.

Il se lève, hésite, puis vient me serrer dans les bras. Je le sers à mon tour et sens une boule se former dans ma gorge. Nous sommes de nouveaux unis. Un père et son fils ensemble.

- Tu as emmené un ami ?

Je me retire de ses bras. J'ai presque oublié Peter. Presque.

- Eh, mais je te reconnais ! Tu es le gars de la librairie ?

Il acquiesce.

- Vous voyez, je vous avez dit que vous deviendrez amis !

Oubliant les larmes qu'il avait aux yeux et plaisantant de nouveau. C'est bien mon père.

- Allez venez, on va regarder un bon vieux DVD. La rage au ventre, ça vous tente ?

J'adore ce film alors j'acquiesce aussitôt. Peter accepte même si je vois bien qu'il ne connait pas.

L'après-midi passe rapidement. Nos mettons le sous-titrage pour Peter. Nous regardons le film, l'interrompant de temps en temps pour lancer une plaisanterie. Au bout d'un moment, Peter m'attrape la main. Je la serre, fort.

 À la fin du film, Peter va faire chauffer la voiture après avoir dit au revoir à mon père et l'avoir remercié chaleureusement. Je serre mon père contre moi, et lui me promet une nouvelle fois de ne plus boire d'alcool. Et cette fois-ci, je le crois.

Je rejoins Peter. Une boule se forme dans ma gorge. Peter commence à lever ses mains pour signer, mais je suis plus rapide.

- Je vais bien. C'est juste qu'à chaque fois que je vais dans la maison... Ça me la rappelle.

Il ne demande pas de qui je parle, et je lui en suis reconnaissant. Soudain, il se penche vers moi et je sens mon coeur s'accélérer. Il va m'embrasser, là maintenant. Mais on de la route, et je ne suis pas sûr de mes sentiments. Il se penche encore. Je recule et signe :

- On devrait repartir. On a de la route.

- Oh. Oui.

Il se tourne vers le volant et fait reculer la voiture. Je lis dans son regard la déception que j'éprouve moi-même, et je regrette d'avoir reculer. Je crois que je suis vraiment amoureux.


Une once de tristesse dans ses yeux (Terminé)Where stories live. Discover now