Chapitre 25 : Will

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Tu as des parents qui viennent ?

Après avoir quittés le réfectoire, nous nous sommes dirigés dehors.

- Oui, répond Tom dans un souffle. Après. Dans une heure et onze minutes, ajoute t-il en jetant un coup d'œil à sa montre. Ils viennent. 

Je hoche la tête. Durant l'heure qui suit, je me surprends à chercher Peter et Lucas. Où sont-ils ? Sans doute entrain de manger. Je ressens comme un pincement au coeur à l'idée de ne pas pouvoir reparler à Peter. J'ignore pourquoi.

Enfin, nous nous rendons au réfectoire. Plusieurs adultes patientent déjà. Je vois Tom s'agiter.

- Ils doivent être là. Ils sont en retard. Ils ne sont jamais en retard d'habitude. Il m'ont dit qu'ils seront là à quatorze heures trente. Il est trente-trois.

Ne t'inquiète pas, ils vont bientôt arriver. Ca arrive à tout le monde d'être en retard.

Il lit mon portable mais il secoue la tête.

- Non. Ils doivent être là. Ils doivent être là. Ils sont jamais en retard.

Je ne sais pas quoi ajouter, alors je range mon portable et attends avec Tom. Enfin, deux parents aux cheveux noirs arrivent. Ils sont assez grands et imposants. Pourtant, quand la femme reconnaît son fils, elle se précipite sur lui.

- Tom ! Comment vas-tu ? Tu as bien grandis dis donc ! Mais... C'est quoi ces marques ? Tu t'es battu ?

Elle ne le touche pas. J'imagine que Tom ne supporte pas les contacts physiques. Tandis que sa mère semble accueillante et chaleureuse, son père garde son dos droit et son air imposant.

- Bonjour Tom. Je constate que tu as l'air en forme.

Soudain, j'entends un appel.

- Peter Skolffin au réfectoire. Peter Skolffin au réfectoire, merci.

Je fronce les sourcils. Il y a quelqu'un de sa famille qui est venu ? Depuis le temps qu'on traîne ensemble, personne n'a cherché à le voir.

- Et toi qui es-tu ?

Je me retourne et m'aperçois que la mère de Tom s'adresse à moi.

Bonjour, je m'appelle Will. Je suis un ami de Tom.

J'ai hésité à écrire le mot "ami".

- Oh ! Tu t'es fait des amis, Tom ? C'est merveilleux !

Je me force à lui sourire, mais elle e s'intéresse qu'à Tom. Quant à son père, il me dévisage ouvertement, ce qui me met mal à l'aise.

- Je pensais que tu serai content. Ca fait plusieurs mois maintenant que tu es partis, et tu nous manques, à moi et à ton père.

Je me retourne une nouvelle fois. C'est une grande femme brune avec Peter. Je comprends que c'est sa mère. Peter ne me regarde pas et semble furieux. Je le vois signer d'un air sec.

- C'est faux. Tu ne m'as jamais défendu. Tu m'as regardé quand il le faisait. Tu n'as rien fait. C'est même toi qui le lui a dit.

- Ce n'était pas pareil... Tu savais que j'étais... C'est du passé maintenant... Et moi, je suis contente de te voir.

- Eh bien pour moi c'est comme si c'était hier ! Et ça ne change rien ! Ta maladie, là, c'était une bonne excuse ! Une putain de bonne excuse ! Toi tu es contente d'être là, à essayer de jouer la mère parfaite, mais tu ne l'es pas ! Tu ne l'as jamais été ! Moi je ne veux pas que tu sois là ! Et je veux que tu partes ! Maintenant ! Je ne veux plus jamais te voir !

Puis la femme fait demi-tour et je crois voir une larme couler de sa joue. Je vois Peter, les poings serrés et Lucas, qui tente de le calmer. J'ignore ce qui s'est passé avec ses parents, mais je sens bien que ça l'a marqué. Malgré tout, j'ai de la peine pour sa mère. Je me tourne vers Tom et ses parents qui commencent à s'éloigner pour leur dire que je vais devoir les laisser, puis me ravise et rejoins les garçons.

Peter semble tellement furieux qu'il ne semble pas me voir. Lucas me lance un regard alarmé et reconnaissant. Les yeux de Peter expriment la colère... Mais aussi une sorte de tristesse. Et je sais déjà ce qui lui faut avant même qu'il le dise lui-même. Je sers Peter contre moi, comme il l'avait fait avec moi quand je suis allé voir mon père. Il semble sur le point de me repousser mais je me dégage au dernier moment pour signer :

- Allons boire de l'alcool.

Je crois le voir frémir, mais j'invente sans doute. Nous sortons de l'établissement. Personne ne dit rien et tout le monde est tendu. Personne ne fait de remarque sur le fait que je sois là.

Nous entrons dans un bar et nous installons. Lucas commande trois verres d'alcools, toujours sans rien nous dire. Une fois servis, il lève son verre haut :

- A la vôtre.

Puis il avale le verre d'un coup. Peter le suit presque mécaniquement. C'est mon tour.

J'hésite, puis bois à mon tour.

Une once de tristesse dans ses yeux (Terminé)Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt