Chapitre 23 : Peter

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L'hiver est là. Et on le ressent. Ca fait dix jours que je n'ai pas reparlé à Will. Je n'ai aucune envie de le revoir faire sa victime. Lui non plus n'a pas essayé de m'adresser la parole.

Je regrette un peu de lui avoir dit qu'il méritait d'être harcelé, mais je n'y pense pas. 

Lucas a plusieurs fois essayé de me réconcilier avec Will, mais il a finit par laisser tomber. Il voit bien que ça ne sert à rien.

Ce matin là, je termine de ranger les nouveau livres que Morgan a commandé. Je change également le stand "top des ventes". Je posais le dernier livre quand Morgan entre, l'air joyeuse.

- Bonjour Peter ! Quoi de neuf ?

- Quelle mouche t'a piqué ? Tu as découvert le secret de l'immortalité ?

- Très drôle. Non, j'ai revu une vieille amie qui a écrit un livre et il va bientôt être édité.

- Quoi comme livre ?

- Un roman de dystopie. Il faut se préparer à avoir un roman de Nathalie Milia ici !

Elle continue de parler de sa grande amie, comme quoi elles avaient écrit des histoires quand elles étaient plus jeunes... Je fais semblant de l'écouter, même si mon esprit est ailleurs. Puis je pars manger avec Lucas. Tiens, on dirait que Will s'est fait un pote. Un autiste je crois. Je ressens un pincement au coeur, sans vraiment savoir pourquoi.

Après le déjeuné, nous montons avec Lucas pour finir le devoir sur un auteur et allons nous promener dans les couloirs. Soudain, il y a une annonce.

- Peter Skolffin au réfectoire. Peter Skolffin au réfectoire, merci.

J'échange un regard avec Lucas qui m'a traduit l'appel. Pourquoi on me demande au réfectoire ?

Nous nous y rendons et je me fige au pleins milieu. Une grande femme brune, les cheveux attachés en un chignon, regarde les autres pensionnaires rejoindre leurs parents. Ma mère.

J'allais faire demi-tour pour pas qu'elle me voit, mais son regard s'illumine en me reconnaissant. Elle s'avance vers moi et s'arrête devant moi.

- Peter ! Comme tu ne répondais pas aux messages, je pensais que tu avais un problème avec, alors je suis venue te voir. Comme tu as grandis ! Et ces cheveux, il faudrait les couper. Je suis passée un coiffeur tout à l'heu...

- Non, je coupe, les dents serrés. Mon portable fonctionne très bien. C'est juste que je ne voulais pas te répondre. Et ces cheveux sont très bien, merci. Quant à ma taille, tu te seras rendu compte que j'ai la même taille que la fois où je suis parti.

Devant mes gestes secs, ma mère recule d'un pas.

- Je pensais que tu serai content. Ca fait plusieurs mois maintenant que tu es partis, et tu nous manques, à moi et à ton père.

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

- C'est faux. Tu ne m'as jamais défendu. Tu m'as regardé quand il le faisait. Tu n'as rien fait. C'est même toi qui le lui a dit.

- Ce n'était pas pareil... Tu savais que j'étais... C'est du passé maintenant... Et moi, je suis contente de te voir.

- Eh bien pour moi c'est comme si c'était hier ! Et ça ne change rien ! Ta maladie, là, c'était une bonne excuse ! Une putain de bonne excuse ! Toi tu es contente d'être là, à essayer de jouer la mère parfaite, mais tu ne l'es pas ! Tu ne l'as jamais été ! Moi je ne veux pas que tu sois là ! Et je veux que tu partes ! Maintenant ! Je ne veux plus jamais te voir !

Une larme est tombée de sa joue. Elle ne l'a pas essuyé. Elle s'est retournée, et a quitté le réfectoire. Et j'ai presque regretter ce que je viens de lui dire. Presque.


Une once de tristesse dans ses yeux (Terminé)Where stories live. Discover now