Chapitre 33 : Peter

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Will n'est pas venu en cours ce matin. Lucas dit qu'il est peut-être malade, mais je ne le crois pas, il allait très bien hier. Je suis peut-être parano, mais j'ai un mauvais pressentiment.

Mon pressentiment s'accroît quand je vois la bande ricaner et parler en chuchotant (ce qui ne leur ressemble absolument pas) quand on change de salle.

- On ira voir comment il va à la pause déjeuné, me promet Lucas, mais ça ne me rassure pas pour autant.

Enfin, celle-ci arrive. Je suis le premier à sortir et j'attends Lucas, inquiet. À peine il sort que Simon fait de grands gestes vers nous, l'air totalement paniqué.

- Attendez les gars, lance t-il essoufflé. Vous cherchez Will ?

Je sens mon cœur rater un battement. Il lui est arrivé quelque chose, je le savais.

- Wiestansonortoir, dit-il mais il parle tellement vite que je n'arrive pas à lire sur les lèvres. Les galonfraé. Ioniouàleurmaiavaisour ! Vite !

Et il part en courant. J'interroge Lucas du regard et je vois son visage afficher un air grave.

- Les gars l'ont frappé et il est dans son dortoir.

Je n'attends pas la troisième phrase et cours vers les dortoirs. Lucas me devance et ouvre la porte.

Je m'approche du corps de Will. Il plonge dans une mare de sang, évanoui, du moins j'espère.

Doucement, je m'agenouille près de lui et colle mon visage contre son nez pour voir si il respire. Heureusement, c'est le cas. 

Son visage est tellement rempli de sang qu'on ne le reconnaît plus. Son bras droit est dans un angle bizarre. Lucas sort un mouchoir neuf de sa poche et nettoie doucement son visage. 

Celui-ci est totalement gonflé. Sa lèvre inférieure contient plusieurs coupures, son oeil gauche est fermé et gonflé, son droit est entouré d'une énorme ecchymose. Ses joues sont tuméfiées. 

J'ai envie de pleurer. Will, mon beau Will, défiguré. À cause de deux connards. 

Ma tristesse se change en colère, puis en rage. Je les hais. Plus que n'importe qui. J'ai envie d'aller les frapper, là maintenant tout de suite, mais Will a besoin de moi. Je laisse tomber ma colère pour le moment.

Je soulève doucement Will, un bras dans son dos et un autre sous ses genoux.

- Il vaut mieux le laisser là le temps d'aller chercher l'infirmière, lance Lucas, effrayé. On pourrait le blesser davantage en l'emmenant.

- Trop tard, je grimace. 

Je me rends à l'infirmerie mais il est lourd, l'air de rien, et je suis plusieurs fois tenté de le déposer par terre deux minutes le temps de reprendre mon souffle.

Enfin, nous arrivons dans l'infirmerie presque déserte et je dépose Will dans le premier lit.

Nous attendons l'infirmière en silence. Quand elle arrive enfin, elle pousse un cri en voyant l'état de Will.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

Je ne dis rien. C'est Lucas qui raconte. Je l'aperçois grâce à ses gestes. Moi, je reste près de Will.

L'infirmière commence par tâter son corps à la recherche d'autres blessures. Lucas me tire par la manche.

- Laissons l'infirmière faire son travail. Il faut manger, nous n'avons presque plus de temps. On ira le revoir après.

J'hésite, sentant mon estomac dur comme du plomb, mais peut-être que Lucas a faim, lui. Je me lève de mauvaise grâce et nous nous dirigeons vers le réfectoire.

Je serre les poings. Ces connards vont payer pour ce qu'ils lui ont fait. Pour ce qu'ils lui ont fait subir tout le début de l'année. Les insultes, les coups. Ils payeront.

Une once de tristesse dans ses yeux (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant