Chapitre 24 : Will

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Je déteste le miroir. Il me renvoie l'image d'un garçon maigre, blonds aux yeux noisette, avec de gros cernes violettes dessous. 

Ca fait une demi-heure que je suis dans la salle de bain. A contempler ces maudites cernes. Je n'en peux plus. Je suis à bout.

J'ai encore reçu des messages de mon père que je n'ai toujours pas lu. La solitude me fait du mal, il m'enveloppe comme une seconde peau. Alors qu'avant ça ne me dérangeait pas. Mais je m'étais habitué aux conversations avec Lucas et Peter. Ca me faisait rire les débats sur les meilleurs chansons, notre haine commun à la bande.

Je hais ce garçon qui se regarde dans le miroir. Jusqu'au plus profond de mon âme. Il est faible. Et il faut que ce garçon, ce soit moi.

Je sors de la salle de bain, prêt à affronter une nouvelle journée. 

Je m'apprête à attraper mon sac quand j'aperçois Tom. Allongé sur son lit, le visage ensanglanté. Je lâche immédiatement mon sac et accours vers son lit. Je le secoue.

Il ne répond pas. Je lâche un juron, sentant la colère m'envahir comme un poison dans les veines. Ils vont le regretter. Amèrement.

J'hésite, puis je secoue le bras de Tom une nouvelle fois. Il pousse un gémissement. Je ne peux pas le laisser comme ça. J'arriverai en retard en cours, mais tant pis. 

Je lui attrape les bras et le force à se lever.

Je sais où c'est mais je n'y suis jamais aller. J'attrape nos deux sacs et emmène Tom. Il s'appuie contre moi et ne dis rien.

Je passe le bras par dessus ses épaules et nous traversons les couloirs vides, à part quelques élèves en retard.

Heureusement, nous arrivons rapidement à l'infirmerie. Il s'agit d'une grande pièce avec des murs et le sol blancs. Il y a plus d'une quinzaine de lits contre les murs avec des tables de chevets, de chaque côté. Et des rideaux.

Il n'y a que trois personnes. Je fais asseoir Tom sur un lit. L'infirmière nous rejoint rapidement. Elle l'examine, et finit par demander :

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

Voyant que l'on demeure muet, l'infirmière pousse un soupir.

- Je ne peux rien faire si vous ne me dîtes pas ce qui s'est passé.

- Des gars l'ont frappé.

- Qui ça ?

J'hésite puis finis par répondre :

- Je ne peux pas le dire.

Ce n'est pas à moi de le faire, plutôt. Elle pousse un nouveau soupir.

- Tu devrais retourner en cours. Merci de m'avoir amené ton ami.

Ce n'est pas mon ami, je retiens de répondre. Mais je la remercie et attrape mon sac avant d'aller en cours.

OoO

Je le revois pendant que je m'installe pour déjeuner. Il arrive rapidement, la tête basse et s'installe à une table pas très loin de la mienne. J'aperçois la bande ricaner. Elle a vu les blessures sur Tom. J'ai envie de l'étrangler. Au lieu de ça, je me lève et m'assois en face de Tom, avec mon plateau. Il a l'œil au beurre noir, ses pommettes sont enflés, il a le visage tuméfié. Je ressens une bouffé de haine m'envahir. Envers la bande qui a osé se moquer. J'écris rapidement sur mon portable.

Ca ne te dérange pas ? Tu vas bien ?

Il émet un drôle de bruit. Puis je l'entends marmonner un mot.

- Merci.

Il ne dit rien d'autre. Nous déjeunons ensemble et en silence. Il attend que je termine de déjeuner avant de se lever. J'écris un nouveau message.

Passe devant, je dois d'abord faire un truc.

Au lieu de ça, il se rassoit à la table. J'attrape un pichet que je remplis d'eau avant de rejoindre la bande.

- Qu'est-ce que tu veux le muet ? siffle Rayan. 

- D'ailleurs t'as fais ami ami avec l'autiste ? ajoute Dave.

Je ne réponds pas et leur envoie le pichet d'eau en pleine figure. Mark pousse un cri, et les autres ont la bouche béat. Je regrette de pas avoir pris d'appareil photo. 

Je récupère mon plateau et nous quittons rapidement le réfectoire. Je crois voir Tom sourire en sortant.



Une once de tristesse dans ses yeux (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant