Partie 14✒

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Ce matin je suis plutôt de bonne humeur. Après la nouvelle que Jack est venue m'annoncer hier soir, j'ai un peu plus d'espoir de retrouver mon frère. Mais ce n'est pas encore gagner...

Je mange quelques carrés de chocolat pendant que James, assis à côté de moi, écrit une lettre pour sa tante.
Il veut lui dire qu'il est vivant, qu'il va bien et surtout de ne rien dire à personne.

Mon père arrive dans la cuisine et regarde James.
- À qui veux-tu envoyer cette lettre mon garçon ? Tu sais que c'est dangereux, les allemands peuvent prendre notre courrier...

- Oui je sais monsieur... c'est pour ma tante. Elle est en France. Je veux juste lui dire que je vais bien. Je ne voudrais pas qu'elle s'inquiète.

- Bien, bien. Répond mon père. Tu me la donnera quand tu auras fini. C'est moi qui irai la poster.

- D'accord, merci beaucoup.

- Elana, m'appelle mon père.

- Oui ?

- Tu viendras avec moi.

- Ok.

Après que James est fini de rédiger sa lettre, nous partons moi et mon père pour la mairie du village. Enfin plutôt la comendature... les boches ont pris possession de notre mairie pour y installer tout leur petit matériel, stocker leur provisions mais aussi en quelques sortes, régner sur notre village.

Lorsque nous arrivons, des camions et des voitures sont alignés dans la cour. Des soldats allemands entre et sortent du bâtiment comme dans un moulin. La porte ne cesse de s'ouvrir, puis de se refermer à la volée. Un soldat sort et en regardant un autre lui dit :

- Hör auf, diese Tür zuzuschlagen! wir können hier nicht mal in ruhe arbeiten!

- Qu'est-ce qu'il vient de dire ? Je demande à mon père.

- Il râle, comme la plupart des allemands, rigole mon père.

Nous entrons à l'intérieur, bousculés par les soldats. Je remarque que tout à changé : plus aucuns tableau ne vient decoré les murs, seul un horrible portrait d'Hitler fait surface au dessus des escaliers. Un grand tapis rouge recouvre le sol. Un allemand est assis derrière un bureau auquel nous nous approchons.
Mon père décide d'engager la conversation avec celui-ci :

- Bonjour monsieur, j'aimerai envoyé une lettre pour Paris s'il vous plaît.
L'homme ne répond pas. Il se contente seulement de nous lancer un regard foudroyant.

- Ce n'est pas encore l'heure. Les envoies des lettres se font à 10h. Nous repond-il sèchement.
Mon père et moi tournons la tête en même temps sur l'horloge accrochée au dessus du bureau. Il est 9h 52.

Mon père soupir très bruyamment avant de dire à l'officier :
- Vous ne vous ficherez pas un peu de nous monsieur ? Il sera 10h dans quelques minutes.
L'homme arrache la lettre des mains de mon père et commence à ouvrir l'enveloppe.

Mon père, très inquiet de ce que l'allemand va découvrir l'arrête dans son geste.
- Ce que j'ai écrit ne vous regarde pas monsieur ! C'est personnel.

- Et à qui comptez-vous envoyer cette lettre ? Demande l'allemand.

- À ma tante, repond très franchement mon père. Cela fait plusieurs mois que je ne l'ai pas vu et je voulais lui dire que tout va bien.

- Bien, fait l'allemand en refermant l'enveloppe. Nous l'enverrons avec les autres lettres tout à l'heure, dit-il en la jetant sur un tas de papiers derrière lui.

Nous sortons du bâtiment avec un sentiment de soulagement. Pour un peu, tout le monde aurait su que l'anglais se cachait chez nous...
Nous descendons les marches de la comendature mais mon père s'arrête net.

- Qui y a t-il ? Je demande.

- J'ai oublié quelque chose...
Reste ici ok ?

Je vois mon père courir en sens inverse et retourne à l'intérieur du bâtiment. Je reste là, sur les marches à attendre son retour.
Qu'à t-il bien pu oublier de si important ? Quelque chose à propos de la lettre de James ?

Les minutes passent mais je ne vois toujours pas mon père. J'ai le temps de voir des camions allemands se garer dans la cour, d'autres repartir, chargés de soldats allemands tous armés jusqu'aux dents.
Plusieurs soldats me demande ce que je fous là, qu'il faut que j'aille à l'école ou encore que j'aille retrouver mes parents, en rigolant.

Un soldat passe devant moi. Il doit avoir la vingtaine. Il me fixe de haut en bas en appuyant son regard sur ma jupe. Je tire sur les côtés de celle-ci essayant de recouvrir le plus possible mes jambes. Il repart en me sifflant.

Mon père revient au bout de vingt minutes. Je m'empresse de lui demander :

- Mais où étais-tu ! Tout le temps que tu es partis, j'avais le temps de me faire enlever par des boches ou...

- T'inquiète ! Je suis là maintenant, dit-il en rigolant. Pas la peine de stresser. Je suis juste aller faire quelques petites affaires.

- Comment ça des affaires ?

- J'ai posé des micros dans le bureau du commandant me chuchote mon père à l'oreille en regardant autour de nous.

- Quoi ?! Mais comment ? Enfin je veux dire c'est impossible ! Comment as-tu fais pour y entrer ?

- Ahaha ! J'ai proposé à l'officier qui a pris notre lettre mes services de réparateur. Il m'a dit que dans le bureau du commandant, le téléphone ne sonnait qu'une fois sur deux. Au départ, un boche me surveillait, puis il est parti en voyant que je ne ferait rien de mal. J'en ai profité pour poser les micros sous les cadres et dans le téléphone ! Ils ne se doutent de rien du tout !

- Mais à quoi cela va servir ?

- Voyons Ela, à pleins de choses ! On va pouvoir espionner toutes leurs petites manigances avec les autres maintenant ! Et aussi... commence mon père d'un air beaucoup plus sérieux.

- Quoi donc ?

- On va pouvoir savoir ce qu'ils ont fait de ton frère...

- Oh... Oui.

- Aller ! Rentrons à la maison maintenant. Cet après-midi, j'irai prévenir les autres que notre coup à fonctionné.

𝙐𝙣 𝙖𝙢𝙤𝙪𝙧 𝙚𝙣𝙣𝙚𝙢𝙞                             { TERMINÉ  }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant