Partie 28✒

1K 46 2
                                    

Je suis terrifiée. Pas parce que j'ai peur d'Hattän, bien au contraire, mais parce que j'ai peur de ce qu'il va me dire. Pour l'instant il ne se passe rien. Hattän me regarde droit dans les yeux pendant que l'autre soldat parle toujours avec Mme Pourgault.

- Pourquoi tu pleures ? Me demande gentiment Hattän en rapprochant une chaise de la mienne pour s'assoir.

Je ne répond pas. Je ne le regarde même pas. Il faut dire que depuis quelques temps, je pensais beaucoup à Hattän. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'avais envie de le revoir. Mais pas dans ces conditions.

Mes yeux glissent vers les fenêtres à ma gauche et presque tous les élèves de la classe sont appuyés sur le rebord à essayer de voir ce qu'il se passe. J'aperçois Hanna entre plusieurs garçon qui rigole en faisant tourner une mèche de ses cheveux autour de son doigt.

Hattän fait crisser sa chaise en se relevant brusquement et se dirige vers la fenêtre.

- Descendez ! Ordonne t-il.

Mme Pourgault tourne la tête vers Hattän tandis que tous les élèves s'éloignent en soupirant. Elle me fait un signe de tête pour me demander si tout va bien et je hoche la tête à mon tour. Je ne dois pas être resplendissante après avoir versé quelques larmes... Cela doit encore plus l'inquiéter.

Hattän se rassoie et s'appuie sur la table. On se croirait presque à un entretient ou un rendez-vous, je ne sais pas trop. Nous nous tenons face à face et même si lui ne cesse de me fixer, mes yeux reste coller au sol.

- Elana, je dois te parler tu comprends ?

Il se souvient de mon prénom... Cette fois, je me décide enfin à le regarder aussi. Ces yeux bleus me fixe avec tellement d'insistance qu'un frisson parcourt mon corps. Ces cheveux bruns sont légèrement en bataille et il porte une chaîne autour du cou.

Je me contente d'hocher la tête pour lui répondre.

- Tu te souviens de ce qui s'est passé la dernière fois n'est pas ?

- Oui...

- C'est à propos d'Adrian... Souffle Hattän, en regardant vers le tableau pour vérifier que les deux autres personnes se trouvant dans la pièce ne nous entendent pas.

- Qu'est-ce qu'il a ? J'arrive enfin à articuler. Il est mort pas vrai ?

- Oui évidemment, dit-il en souriant un peu. Mais... Je dois te dire quelque chose d'autre.

- Quoi ?

- Promets-moi de ne jamais dire à qui que ce soit ce qu'il s'est passé ce soir là ok ? Me dit-il à l'oreille.

- Oui promis.

- C'est important Elana, personne ne doit savoir que c'est moi qui ai tué Adrian.

- Oui, je ne dirais rien.

- Ok, je te fais confiance.

Hattän se retourne vers le tableau avant de continuer :

- Et... Comment ça va depuis l'autre jour ? Tu vas mieux ?

- Oui... ça va.

- Je sais que c'est difficile. Tu as vécu quelque chose qui te marquera sans doute toute ta vie... alors si tu veux en parler... Voilà quoi.

- Oui... merci. Mais c'est un peu grace à toi si je suis là aujourd'hui non ?

Hattän rigole avant de se retourner vers moi.

- Je suppose que c'est une façon de me remercier ça non ?

- On peut dire ça oui...

- Tu sais... C'est normal. Tout le monde aurait pu faire la même chose.

- Oui... Mais tu es un allemand. Logiquement, tu aurais dû rigoler à ce que faisait Adrian...

- Tout les allemands ne sont pas comme ça, soupire t-il. La guerre, c'est pour tout le monde pareil. Personne n'en rigole.

- Merci, en tout cas.

Cette fois, je peux enfin le remercier pour ce qu'il a fait. Si il n'aurait pas été là, je ne sais même pas ce que je serais devenue...

Hattän se lève et remet sa chaise à sa place. Il se rapproche de moi et me glisse avant de partir :

- Si tu as besoin n'hésites pas. Tu sais où me trouver.

Il s'enfuit avant même de me laisser le temps de dire quoi que ce soit.

En réalité, je ne sais pas vraiment où le trouver. Ces derniers temps, j'avais l'impression de le chercher un peu partout. Et chaque fois que je voyais un soldat allemand, j'avais l'impression que c'était lui, avant de ressentir un léger désespoir en m'apercevant que finalement, c'était quelqu'un d'autre.

Je reste là, sur ma chaise alors qu'Hattän rejoint l'autre allemand et Mme Pourgault. Ils échangent rapidement quelques mots avant de partir. Hattän ne me regarde pas.

À peine ont-ils quitté la salle, que l'institutrice acourt vers moi, affolée.

- Mais que t'as t-il fait pour que tu sois dans un tel état ? Me demande Mme Pourgault sur un ton qui pourrait presque me faire pleurer à nouveau.

- Non, non, rien de spécial... C'est juste... un petit problème avec mes parents pour les tickets de ravitaillements. La dernière fois... On avait pas pris les bons... alors voilà, je ment.

Il ne faudrait surtout pas que je raconte la vérité à Mme Pourgault. Si je lui dit que j'étais à deux doigts de me faire violer par un allemand, et qu'un autre à tout de même réussi à me sauver, elle ira tout raconter à mes parents "pour mon bien"... Dans ce cas, je n'aurais plus qu'à m'enfuire d'ici, très très loin.

𝙐𝙣 𝙖𝙢𝙤𝙪𝙧 𝙚𝙣𝙣𝙚𝙢𝙞                             { TERMINÉ  }जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें