Partie 20✒

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Plusieurs secondes après le coup de feu, mes oreilles continues de siffler.
Je me décide enfin à relever la tête, avec la peur de découvrir qui des deux allemands à été tué.
Un homme est allongé au sol, inerte. Une marre de sang recouvre le sol où il se trouve. C'est Adrian.

Hattän est toujours devant moi, faisant face à Adrian. Il respire bruyamment, comme si il venait de courir des kilomètres. Je n'ose pas bouger ni casser le silence horrible qui pèse sur nos épaules.

Hattän fini par se retourner vers moi, le visage tendu.
- Viens, me dit-il en me tirant par le bras. On s'en va, poursuit-il.

Il se place derrière moi et me pousse dans le dos vers la porte de la grange.
Nous passons à quelques centimes du corps d'Adrian et je remarque que ses yeux sont encore ouverts. On dirait presque qu'il est encore vivant. Mais je sais très bien que c'est faux.
Je ne peux retenir mes larmes qui coulent à nouveau. Sans doute la pression qui retombe après la tempête.

Nous sortons de la grange et Hattän  ferme la porte. Je me laisse glisser le long de la taulle de la grange afin de m'assoie par terre. Hattän vient s'accroupire à côte de moi, il a remarquer que je pleurait.

- Pourquoi tu pleures ? Me demande t-il.

- Tout ça... c'est... c'est à cause de moi. Je répond en sanglotant.

- Non, c'est pas de ta faute. Tout c'est à seulement à cause d'Adrian. Tu n'as rien à voir dans cette histoire.

- Si je n'aurais pas été là... Tout ça ne serait jamais arrivé. Vous n'auriez pas été obligé de tuer votre camarade et...

- Adrian n'était pas vraiment un camarade pour moi... On s'est toujours détesté. Et tu peux me tutoyer aussi, dit-il en souriant. C'est la première fois depuis que je le vois qu'il sourit. Il faut dire que dans de telles circonstances, je ne vois pas qui pourrait rire de la situation...

- D'accord.

- Au fait moi c'est Hattän, me dit-il en me serrant la main.

- Oui je sais... Je répond en rigolant.
Moi je m'appelle Elana.

- Tu as quel âge Elana ?

- Seize ans.

- Seize ans... C'est pas vraiment l'âge pour vivre des choses pareilles non ?  
Heureusement que je suis arrivé à temps...

- Oui... merci.

- T'as pas à me remercier. Je pense que tout le monde l'aurais fait.

Hattän à l'air très gentil mais une question est restée dans le coin de ma tête depuis un moment.

- Pourquoi as-tu fais ça ? Je lui demande.

- Comment ça ?

- Pourquoi tu t'es interposé alors que... que tu es allemand et moi française ?
Tu devrais me détester normalement non ? Tous les allemands détestent les français...

- Et toi ? Tu déteste tous les allemands ? Me répond Hattän en rigolant.

- Hum... non. Enfin... Je n'en connais pas vraiment des allemands.

- Maintenant tu me connais moi. Alors tu me déteste tant que ça ?

- Non... Je répond en souriant.

- J'ai fais ça parce que... Je suis comme ça. J'aide les gens peut importe si je les connais ou non. Au départ, je passais juste par là, par hasard, tu vois ? Et puis j'ai entendu du bruit dans la grange. Je passe souvent ici et d'habitude il ne se passe rien ici.

- Oui... Les gens qui habitent ici n'utilise pas leur grange depuis longtemps.

- Tu les connais ?

- Oui. C'est un couple qui possèdent le café à côte de la place. Enfin... maintenant la dame est veuve. Je lui dit tristement, en me remémorant Mr. Lebeau.

- Oh... désolée je ne savais pas...

- Tu devrais savoir, c'est tes camarades qui l'ont fusillé ! Je répond énervée. Parce que vous êtes des boches, vous décidez d'abbatre tout le monde c'est ça ?! Je continu en me relevant, les larmes aux yeux.

- Non ! Elana... Je sais que...

- Non tu ne sais rien ! Vous ne savez pas ce qu'on vit nous. Les fusillades tout ça... Vous nous enlevez la vie de nos proches !

Je me suis déjà éloignée de plusieurs mètres, en direction de mon vélo, emporté par l'émotion et la colère.

- Elana ! Me crie Hattän en m'attrapant par le bras.

- Quoi ?! Tu vas peux être me retenir pour ne pas que l'un de tes amis n'essaie de me violer à nouveau ? Ah oui... J'avais oublié, parce qu'en plus de tuer, vous violez ! D'ailleurs... C'est peut-être même toi qui a tué Mr. Lebeau et les quatre autres.

- Non ce n'est pas moi ! Elana ! Tu dis n'importe quoi sous le coup de l'émotion. Je sais que ce que tu viens de vivre est difficile mais...

- Non, ce que je viens de vivre n'est pas difficile ! C'est horrible, épouvantable, monstrueux et impensable !

Je reprend mon vélo et grimpe sur la selle. Je n'ai qu'une envie c'est de rentrer chez moi et manger quelque chose. Je n'ai rien avalé depuis de longues heures et ma tête commence à tourner... Je suis pressée que ma mère puisse y remédier.

Je commence à avancer, difficilement. Ma tête tourne et je vois la route qui se penche de tous les côtés. Les maisons tournent aussi et je vois flou. Je ne compte pas abandonner pour autant. Il faut que je rentre !

Mais je dois d'abord affronter un virage qui contourne la grange que je viens de quitter. J'incline mon guidon vers la droite mais mes roues ne suivent pas. Ou alors, c'est moi qui ne suis pas...

Mon vélo frappe le sol avec tellement de violence que je me retrouve, moi aussi projetée en avant. Ma tête heurte la route et je ressens un horrible craquement dans ma jambe.

Je commence à me demander si le sort ne s'acharnerait pas sur moi... Dans la même journée je me dispute avec mon frère, ce qui n'arrive jamais, je suis à deux doigts de me faire violer par un allemand et maintenant, je suis au milieu de la route, à moitié inconsciente.

𝙐𝙣 𝙖𝙢𝙤𝙪𝙧 𝙚𝙣𝙣𝙚𝙢𝙞                             { TERMINÉ  }Where stories live. Discover now