Partie 16✒

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Je regarde mon calendrier posé sur mon bureau, nous sommes le 15 septembre 1940.
Ce matin ma mère est partie chercher de la nourriture à la comendature avec les tickets de ravitaillements, accompagnée par mon père. Il dit que les filles ne doivent plus rester seules dans les rues. Même dans notre petits village. Je ne comprend pas tellement... Nous avons toujours été libres. Pourquoi les femmes ne peuvent plus rester seules ? Que va t-il m'arriver si je prend le risque de désobéir à mon père ?

Je descend au jardin marcher un peu. Depuis que mon frère à été libéré par mon père, on ne sort plus beaucoup. Mais d'après mon père, les allemands ne prennent pas vraiment le temps de le rechercher; Ils ont des choses plus urgentes à s'occuper.

Je m'assoie dans l'herbe et commence à arracher quelques fleurs. Je fais des noeuds avec les tiges et souffle sur les pétales pour les faire tomber.

J'entend des voix dans la cour et me précipite en direction de mes parents qui viennent de rentrer.
Ils ont les traits tirés, je comprend que quelque chose ne va pas. Pourtant ils devraient être contents d'avoir eu quelques provisions pour nourrir leur famille...

- Bonjour maman, bonjour papa.
J'embrasse mes parents avant de leur demander ce qu'il y a.

- Ils ne nous ont presque rien donné, dit ma mère tristement.
Elle me montre son panier, presque vide dans lequel se balade un emballage qui contient deux tomates, trois pommes, un petit récipient de lait et un morceau de jambon.

- Ça ne suffira pas à nourrir cinq personnes, dit mon père.

- Mais je ne comprend pas... vous êtes bien allez à la comendature ? Vous n'aviez pas oublié les tickets aussi ?

- Non ma chérie, me répond ma mère. Nous n'avions pas oublié les tickets et on est bien allé à la comendature...

- Mais nous savons tous que les allemands sont des putain de gros cons ! Renchéri mon père.

- Jean ça suffit ! Cria ma mère.
Et si l'un d'eux nous entend ? Tu ne te rends pas compte...

- Pff... soupire mon père. De toutes façons qu'est-ce qu'on va perdre si on nous entend ? Ils vont encore nous enfermer dans la cave de la comendature dans manger ni boire ? Ou bien nous fusiller comme les cinq...

- Stop ! Ça suffit j'ai dit ! Recommence ma mère. Je te rappelle, au cas où tu l'aurais oublié, qu'Elana est avec nous !

- C'est bon maman, je n'est plus quatre ans ! Arrêtez de tous me considérez comme une gamine ! Je rentre dans la maison, prenant soin de bien faire claquer la porte au passage. Je monte les escaliers en trombe, fesant sortir Bastien de sa chambre.

- Qu'est-ce qu'il se passe encore ?

- T'as cas aller demander à papa et maman !
J'aperçois Bastien descendre les escaliers avant que j'entre dans ma chambre.
Je m'allonge sur mon lit, réfléchissant encore aux paroles de ma mère. À l'entendre, j'ai l'impression d'être une petite fille à laquelle il ne faut surtout pas bouleverser sa petite vie innocente. Je me laisse glisser jusqu'à ma fenêtre et regarde mon frère et parents parler.

J'observe pendant longtemps les oiseaux ainsi que les arbres, dansant sous le mouvement du vent.
Quand je baisse les yeux sur la cour, je me rend compte qu'il y a maintenant quatre personnes en train de discuter. Le facteur est venu. C'est Mr. Levasseur, le mari de la boulangère du village. Il tient dans sa main une lettre et parle à ma famille en fesant de grands gestes. Une fois le facteur partit, je me décide à descendre en bas.

- Qu'est-ce que c'est ? Je demande en voyant la lettre posée sur la table.

- C'est pour James, répond ma mère.

- Sans doute de sa tante, dit mon frère.

- Vas lui porter Bastien s'il te plaît.

Mon frère grimpe les escaliers quatre à quatre avant que l'on entende frapper à la porte de la chambre où est James.

- Elana, on doit te dire quelque chose, me dit mon père. Assis-toi.

- Tu vas devoir retourner à l'école... continue ma mère.

- Quoi ? Mais il n'y a plus de professeur...

- Si, le facteur est venu nous dire qu'une dame va venir remplacer Mr. Thibault.

- Ah bon ? Mais c'est qui, elle est du village ?

- Je ne sais pas... Mais tu dois retourner à l'école dès lundi.

- Oh non... Je ne veux pas y aller ! S'il vous plaît, dis-je en suppliant mes parents.

- Non Ela ! Si tu veux avoir une bonne situation plus tard, tu dois aller à l'école. On ne te demande pas ton avis, on t'y oblige.

Je soupire, m'imaginant déjà les mauvais moments que je vais passer...
Je repense à ces filles... Hanna, Pauline  et d'autres encore.
Voyant ma mauvaise volonté, mon père me dit en souriant :

- Ela, si tu retournes à l'école, je te donnerais quelque chose à faire qui va sans doute te plaire...

- Et c'est quoi ?

- Ça c'est une surprise ! Dit ma mère.
Mais attention... seulement si tu vas à l'école, continue t-elle en s'éloignant dehors.

- D'accord ! J'irai à l'école lundi.

𝙐𝙣 𝙖𝙢𝙤𝙪𝙧 𝙚𝙣𝙣𝙚𝙢𝙞                             { TERMINÉ  }حيث تعيش القصص. اكتشف الآن