Partie 19✒

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Je sens son corps contre mon dos. Je suis paralysée par la peur, incapable de bouger. Il me pousse de force à l'intérieur de la grange. J'essaie de crier, mais il m'en empêche.

- Ferme la ! Me crie l'allemand.

Il m'allonge sur la paille et d'une main ferme, il me maintient au sol. Il commence par retirer sa ceinture à l'aide de sa main gauche. Son autre main est toujours sur ma bouche.
Les larmes roulent le long de mes joues. J'essaie de me débattre mais il est trop fort.

- Arrête de bouger sinon je te tue t'as compris ?!

Je préfère obéir à ses ordres. On ne sait jamais...
Malgré la situation, une seule chose me traverse l'esprit : Où est mon frère ? J'aurais dû rester avec lui, je n'aurais jamais dû partir pour une si petite chose... Je voulais juste lui prouver que je peux, pour une fois, me débrouiller seule. Maintenant, je comprend mieux pourquoi mon père tenait absolument à ce que je sois accompagnée quand je sors.

J'essaie de reprendre mon calme, même si cela est difficile. J'analyse la situation, et aussi l'endroit dans lequel je me trouve. La grange des Lebeau n'est composée que d'une seule entrée. La porte est légèrement entrebaillée, laissant passer un peu de lumière dans cet endroit sombre.
La grange est presque vide. Il n'y a que quelques bottes de foin et de la paille est étalée sur le sol, c'est là que mon agresseur m'a forcé à m'allonger.
Je panique quand je comprend que je ne peux absolument pas sortir d'ici. La seule porte se trouve derrière l'allemand est je suis donc obligée de le contourner pour lui échapper. Le problème est qu'il me retient fermement. Je ne peux rien faire à part me laisser violer par cet homme. Et peut être, il me tuera ensuite pour ne laisser aucune preuve.
Je pleure comme je n'ai jamais pleurer de toute ma vie. Je ne compte pas être enceinte à l'âge de seize ans, à cause d'un viol, et dont le père de l'enfant est mon agresseur.

Cela faisait plusieurs jours où je voyais que cet homme me regardait de manière étrange. Je sentais bien qu'il était bizzare mais je ne le croyais pas capable de faire une chose pareille...

Le soldat déboutonne mon chemisier mais est coupé dans son action par un bruit provenant de l'extérieur. Quelqu'un est dehors. Je prie pour que cette personne entre à l'intérieur et mette fin aux pulsions de mon agresseur. L'allemand pose un doigt sur sa bouche pour me faire signe de me taire. J'ai envie de lui dire que, de toutes façons, je ne crains pas dire quoi que soit car sa main m'en empêche. Un lourd silence pèse dans la grange. Je peux entendre le souffle du soldat qui ralentit. Ni lui, ni moi n'ose faire le moindre mouvement.
Pourtant, je veux absolument que la personne se trouvant dehors comprenne que quelque chose ne va pas à l'intérieur.

Alors je bouge mon bras droit, espérant que ce bruit résonne dans la pièce. Au bout de quelques centimètres, mon bras rencontre un objet. Je ne me suis pas rendu compte que mon mouvement à fait crisser la ceinture du soldat qui se trouvait là.
Le bruit s'étend comme un écho.

Je n'attend pas plus longtemps pour recevoir une énorme giffle de l'homme penché au dessus de moi. Je hurle de douleur mais mon cri est étouffé par sa main.
En une fraction de seconde la porte en taulle de la grange s'ouvre à la volée, la fesant claquer contre la pierre à l'intérieur. Un homme se tient debout dans le cadran de la porte. Je m'attend à voir Bastien ou bien quelqu'un du village mais mon coeur s'arrête quand je comprend que c'est un autre soldat allemand. J'ai l'impression de recevoir un coup de couteau en pleine poitrine. Décidément, tout se retourne contre moi. Un agresseur ne suffisait pas, il a fallut qu'un deuxième allemand vienne rejoindre l'autre... Malgré que je ne le vois pas bien, il a l'air d'avoir à peu près le même âge que le premier soldat.

Ce moment d'attente avait suffit à me calmer en pensant que quelqu'un me viendrait en aide. Mais en comprenant que non pas un, mais deux deux soldats allaient bientôt me violer, me voilà repartie dans une crise de larmes incessantes.

- Was machst du Bastard! Ich habe dir gesagt, du sollst sie nicht berühren! Crie le soldat à la porte de la grange. Je ne comprend pas ce qu'il dit mais je sais qu'il est énervé.

- Weil wir jetzt mehr Recht zum Ficken haben ? Répond mon agresseur en rigolant.

Le soldat à la porte, avance vers nous d'un pas assuré. Je m'imagine déjà, violée par deux hommes et laissée pour morte. Mais contre toutes attentes, il empoigne mon agresseur par le col de sa veste et en l'insultant en allemand, le jète à quelques mètres de la grange. Celui-ci, ne comptant pas se laisser faire, prend son arme et la pointe sur son camarade, puis moi. Finalement, je ne vais peut être pas être violée mais tué en un coup de feu... Qui de nous deux l'allemand va t-il tuer ? Son camarade ou moi ?
D'un revers de la main, j'essuie mes joue, trempées de larmes.

Le soldat qui m'est venu en aide se place devant moi pour me protéger de l'autre allemand. Je ne comprend pas... Pourquoi fait-il ça ? C'est un allemand, il est censé prendre partie avec le premier...

- Adrian ! Mach das nicht !
Le soldat se trouvant juste devant moi, prend son arme lui aussi et le pointe sur le sois disant Adrian.

- Ne t'inquiète pas, il ne va pas tirer, me dit l'autre.

- Ah si ! Moi tirer sur la petite ! Ou alors sur toi... rit Adrian. D'ailleurs... Pourquoi nous parler allemand depuis tout à l'heure ? Nous pouvoir échanger mots en français. Comme ça la petite comprendre ce que nous disons, continu t-il.

- Adrian ! Hör sofort auf! Sie sind völlig verrückt ...

- Pourquoi toi me demander d'arrêter ? Et moi ne pas être fou ! Répond Adrien, toujours en rigolant.
Pour lui, c'est un peu comme un jeu où il est le plus fort.

- Tu veux parler en français ? Très bien ! Répond l'autre soldat dans un français beaucoup plus assuré que le premier allemand.

- Nous être jamais amis, Hattän... Si je te tue, moi être enfin libre de ta sale gueule !

Je sais maintenant que l'homme qui se disent debout, dos à moi, s'appelle Hattän. Adrian, toujours au sol, replace son arme dans l'angle d'Hattän. Il rigole à ne plus en pouvoir. Son comportement laisse penser qu'il a bu... Son doigt appuie un peu plus fort sur la gâchette de son pistolet. Il va tirer... Je ferme les yeux et pose ma tête à l'intérieur de mes bras, croisés sur mes genoux. Un coup de feu résonne à l'intérieur de la grange fesant vibrer la taulle sur laquelle je suis appuyée. L'un des deux soldats à été tué. Peut être Hattän, celui qui est venu me sauver. Ou peut être Adrian, mon agresseur.
Un homme est mort par ma faute; je n'aurais jamais dû me trouver là... Au mauvais endroit, au mauvais moment.

𝙐𝙣 𝙖𝙢𝙤𝙪𝙧 𝙚𝙣𝙣𝙚𝙢𝙞                             { TERMINÉ  }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant