Chapitre 11

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- Quoi ?! m'écriai-je incrédule.

Bruno ne répond pas. Je me retourne et le voit, un petit sourire en coin. Je fronce les sourcils, frustrée.

- Qu'est ce qui te fait rire ? le raillé-je, mi-agacée mi-tremblante.

- Ben... Je me dis que ce sera plus simple...

- Plus simple de quoi ?

- Plus simple d'aller prendre ses dossiers.

Là, je me tais. D'un côté il n'avait pas tort... Mais de l'autre... Je n'aimais pas ça. Pas du tout. Je me retourne vers le corps. La pointe du ventilateur est entrée dans son dos et ressort par son ventre. Les hélices ont fait un immense trou dans son corps, laissant voir son squelette et des morceaux de chair pendre ici et là. Beurk... Soudain, le double de Mr Myker apparaît devant l'armoire du fond. J'écarte les yeux. Je cligne plusieurs fois avant de comprendre que je... rêve ? Pourtant, Bruno est bel et bien à côté de moi... Le président me fait signe d'aller le voir. Je n'ose pas bouger. Mais... Il est mort ! m'enquiers-je intérieurement.

Je me retourne, frissonnante. Des pas précipités viennent à nous.

- Et ! Qu'est ce que vous fichez ici ?! s'égosille un policier. Vous n'êtes pas censé être là, c'est une zone interdite !

- On s'est perdus, mens Bruno en passant devant le policier, tête basse.

- La prochaine fois, vous nous préviendrez avant de faire n'importe quoi !

Je passe à mon tour devant l'adulte et sors. Je respire à fond en essayant d'oublier ce que je viens de voir. Je m'apprête à suivre Bruno quand Ysandre apparaît, comme un fantôme. Elle hoche doucement de la tête avant de disparaître. Qu'essaie-t-elle de me dire ? Ton don, andouille, me murmure une voix.

Mon don ? Soudain, un frisson me parcours le dos.

- Tu viens ? me fait Bruno en me tirant de mes pensées.

- Oh... Oui, oui... J'arrive.

Il me lance un sourire triste et ensemble, nous sortons du gymnase. En sortant, je me rappelle Mr Myker et cette petite voix dans ma tête... Je venais de comprendre.

Je vois les morts.

##

C'était logique... D'abords maman, ensuite Mr Myker... Ma tête tourbillonne et en sortant de la voiture, je tangue. Papa me rattrape.

- Ça va ? me demande-t-il, inquiet.

- Oui... C'est juste... Me faire à l'idée que Aloyse n'est pas là...

Je lâche un soupir de tristesse en faisant en sorte de ne pas éclater en sanglot.

- Est-ce que... Je peux aller à la rivière ? je risque.

Papa me jette un regard en mode « pourquoi ? » alors je continue :

- Histoire de me changer les idées...

Il me lâche un sourire rentré qui veut dire oui et rentre dans la maison. Je me dirige vers le fond du jardin, enfile les tongs que j'avais laissé près de la piscine et avance tranquillement. Autour du jardin, on a une clôture. Mais il y a un endroit – un raccourcis – où la barrière est cassée et qui mène à la rivière. Je passe donc sans problème et avance dans la rue.

Les petites maisons sont tellement éloignée qu'on a l'impression que chaque voisins, chaque personne de ce village ne s'aime pas, ne se sont jamais vu... Tous les jardins sont en fleurs, que ce soit des roses, du lilas, des violettes, des nouvelles pousses... Tout est multicolore. C'est beau... Je passe devant la ferme silencieuse à part quelques vaches qui meuglent de-ci de-là. Les tracteurs me font peur avec leurs immenses roues et leurs phares... Un petit vent frais fait voler mes longs cheveux derrière moi, apportant du pollen. J'éternue en en sentant venir dans mon nez. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages, mais des fois, il revient, me réchauffant la figure.

Les HooperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant