Chapitre 17

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- Bruno ! m'écriai-je, morte de peur en me retournant. Tu m'as fichue une de ces trouilles !

Il grogne, signe qu'il s'en fiche. Il regarde la grille qui se dresse sauvagement devant nous. Il plisse les yeux et tourne la tête du côté où je suis.

- On va passer par le muret, finit-il par dire.

Il me passe sous le nez et s'enfonce dans les bois dont le muret continue dedans. Je le suis, mécontente. Pourquoi fallait-il qu'on se dispute ? Je me pince les lèvres. C'est de ma faute de toute façon. Toujours de ma faute. Toujours.

Alors que je piétine les ronces qui me gènes, Bruno s'arrête brusquement. Je me cogne dans son dos mais lui a l'air de l'ignorer en montant à l'arbre le plus proche. Je renifle avec mépris et le suis. Tandis que je monte, mon ami est déjà accroupi sur une branche qui s'étend jusque par dessus le jardin. Doucement, il marche dessus et saute de l'autre côté, me laissant seule. Je retiens mon souffle en l'entendant atterrir lourdement de l'autre côté.

- Bruno ? m'inquiétai-je.

- Bon, c'est pour demain ou ce soir ? s'indigne celui-ci en grognant.

Une bouffée de colère monte en moi. Pourquoi ce comporte-t-il comme ça ? On y arrivera jamais à deux si il continue ! Sans m'en rendre compte, j'avais déjà marché jusqu'au milieu de la branche qui se met à craquer. Je tremble. Va-t-elle craquer ? Avant même d'avoir atteint le muret, la branche ploie sous mon poids et craque. Je saute à la dernière minute, glissant sur la branche qui tombe avant de s'écraser au sol dans un craquement sec. J'atterris sur le ventre, tête la première. Mais Bruno me rattrape par le crâne, le reste de mon corps pendant dans l'herbe. Pendant une fraction de seconde, je me demande vraiment si ce n'est qu'un simple petit garçon qui se cache derrière lui... Je plonge dans son regard vert. Il me sourit.

- Tu es vraiment nulle, me raille-t-il en lâchant ma tête qui retombe dans l'herbe tondue.

Ce n'était pas un vrai sourire. Mais un sourire moqueur et blessant. Je ne prends même pas la peine de répondre, trop peinée. On marche jusqu'à la grande porte faite en verre et en bois. Bruno tâtonne la serrure du bout des doigts et regarde le cadre de la porte.

- Des caméras, souffle-t-il.

Je fouille dans mon sac à affaire de gadget. J'en ressors la carte bancaire de ma mère, pousse Bruno d'un coup d'épaule pour qu'il me laisse passer et lui montre la carte devant le nez.

- J'ai vu ça dans les films, lui expliqué-je devant son air étonné.

Je passe la carte dans l'entrebâillement qui s'ouvre au moment du déclic. Je me retourne pour faire ma fière devant mon meilleur ami mais celui-ci ronchonne et entre. Pfff... Jaloux. J'essaie de me remonter le moral mais je sais que ce n'est pas parce-qu'il est jaloux qu'il ronchonne chaque fois qu'on se frôle ou qu'il me passe sous le nez.

On entre dans le hall brillant à force d'être nettoyé. Le contour, qui est rond, illuminé par le clair de lune laisse passé des rayons à travers les fenêtres qui ressemblent aux vitraux dans les églises. Le sol est bien lisse et je manque de glisser en marchant dessus. Des deux côtés se trouvent des escaliers menant à une mezzanine qui laisse place à plusieurs portes derrière. Je déglutis en voyant que la maison est immense. En fait, ce n'est pas une maison, mais un manoir. Oui, un manoir. Sous les escaliers mènent à un petit couloir sombre qui débouche dans une grande salle que je perçois à peine.

- Le bureau doit être à l'étage, me marmonne Bruno à l'oreille.

- Sans blague, renvoyé-je sur le même ton.

Les HooperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant