Chapitre 23

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Je descendais les escaliers pour prendre le dîner. Papa n'était pas revenu de son travail de la journée, alors c'est Blanche qui s'occupe de la cuisine. Légère, je commence à penser. Légère ? Légère d'avoir tout dit à Bruno. Comme si le poids du monde s'était levé. En entrant dans la cuisine mi-sautillante, je vois Blanche préparer le dîner, le manche de la casserole dans une main, la cuillère dans l'autre.

- Aloyse ne vient pas ? s'étonne Blanche.

- Si, elle finit de prendre sa douche.

Elle hoche la tête, éteint le gaz et penche la casserole au dessus du lavabo. De l'eau bouillante en sort et de la fumée s'en va. Un sourire aux lèvres en pensant à Bruno, je pose un verre sur la table lorsque Blanche pose la casserole et m'observe d'un œil curieux.

- Quoi ? fais-je.

- Rien. Tu as juste l'air... Contente.

J'en ai marre. Chaque fois que j'essaie de dissimuler mes émotions, Blanche arrive à les trouver.

- Mais pas que... murmure-t-elle après un long silence. Tu as l'air aussi orgueilleuse.

C'est vrai. Demain, je vais voir Mr Only pour une nouvelle mission. Ce qui m'énerve puisque je me rends compte petit à petit qu'il ne fait rien pour sauver Kepzo. On dirait qu'il fait ça pour lui.

Pour lui montrer mon agacement, je soupir. Elle retourne à son occupation. Je la fixe à mon tour sans qu'elle me voit. Hier encore, elle me disait qu'elle voyait un monstre. Un cheval-squelette. C'est son monstre. Mais ce n'est pas tout, elle m'a dit qu'elle voyait un homme dessus avec une capuche noire et je suis persuadée qu'elle parlait du faucheur. Et je pense que le faucheur est le cavalier. Est-ce une bonne chose ? Je ne sais pas.

##

- C'est parti...

Bruno avait le poing sur sa joue contre la vitre de la limousine. Raoul, le chauffeur, prend la route de d'habitude. Il s'engage dans des ruelles et débouche sur la voie principale. Bruno et moi ne nous parlons pas. Il a l'air de pensé, tout comme moi. Sans doute le choc d'hier, après lui avoir révélé ce que je vis. Soudain, je me pose une question : si on a tous un monstre, alors cela voulait forcément dire que Bruno en avait un ? Je frissonne en y pensant. À quoi ressemblerait-il ? À moi en zombie ?

Je rit intérieurement. Et alors ? Ça se pourrait !

Je tourne la tête vers mon meilleur ami. Il fait de même et on se fixe un long moment avant qu'il ne me fasse un sourire et retourne dans ses pensées.

- Pourquoi tu faisais ça ? dis-je tout à coup.

- Faire quoi ?

- Ne pas venir en cours mais venir en mission avec moi.

Il rit.

- C'était pas drôle, murmuré-je dans mon coin. J'avais l'impression que tu t'obligeais à venir parce que je faisais pitié.

- Non, c'est pas pour ça.

Il s'arrête tout à coup de rire et prend un air que je n'aime pas beaucoup. Dans ce genre-là, faut être prudent. Je hausse un sourcil. Et puis quoi encore, qu'il me dise qu'il faisait ça pour m'agacer ? Sans doute.

Je lève les yeux au ciel en y pensant. J'en ai marre. Trop de mystère plane au-dessus de nous. De lui. Il ne veut rien me dire et ça me chauffe au plus haut point. Avant qu'il ne me réponde, la voiture s'arrête et la portière s'ouvre. Je le regarde une dernière fois avant de sortir de la voiture.

Nous marchons jusqu'à la grille où Ludo nous attends. Il garde son air triste et nous laisse entrer. Je pense qu'il a eu une petite conversation avec Mr Only depuis le jour où il s'est fait kidnappé par cette infirmière folle.

Les HooperWhere stories live. Discover now